De plus en plus de constructions illicites envahissent le domaine public
de la daïra d'Aïn El Turck et ce, au point où des familles, venues des
différentes contrées de l'ouest du pays notamment, ne trouvent désormais aucune
difficulté à négocier un lopin de terre pour ériger une masure et/ou d'en
acheter une déjà construite. Certains lots de terrains jalonnant des bidonvilles
ont été carrément délimités par un traçage en vue vraisemblablement d'ériger
une construction ou tout simplement d'être cédés en leur état. Aucune commune
n'est épargnée par ce phénomène qui a pris une ampleur démesurée ces cinq
dernières années et semble à priori être devenu incontrôlable et ce, à la
faveur de l'indolence des uns et la complaisance des autres. Ce triste constat
est en fait un secret de polichinelle pour la population de cette partie de la
wilaya, qui ne s'émeut désormais plus en constatant la folle cadence de
l'émergence dans le paysage de leur lieu de résidence de véritables douars où
les masures sont équipées de compteurs électriques, selon le constat établi sur
le terrain. « Désormais, ils ne sont plus obligés de pirater l'énergie électrique
en procédant à de dangereux branchement sur les poteaux de l'éclairage public.
Ils sont au moins astreints à s'acquitter comme tout autre locataire des
redevances de consommation électrique », a commenté avec une pointe d'ironie au
Quotidien d'Oran un riverain du village côtier de Cap Falcon. Ce déplorable
état de fait a donné naissance à de véritables réseaux, qui s'enrichissent dans
ce nouveau créneau illicite et juteux.
Les individus membres de ces réseaux ont plus d'une carte dans leur manche
et exhibent généralement la possibilité d'ouvrir le droit à acquérir ainsi un
logement décent. Des sources policières indiquent à ce sujet, qu'une enquête a
été déclenchée pour déterminer l'ampleur des agissements frauduleux d'un groupe
d'individus qui se sont spécialisés dans la vente de constructions et de
parcelles de terrain illicites dans les bidonvilles essaimés dans le chef-lieu
de ladite daïra. Les résultats préliminaires de cette enquête, qui est toujours
en cours, ont révélé que ces individus ont réussi à fourguer des masures dans
des bidonvilles entre 70 et 150 millions de centimes. Lors d'un conclave, qui a
réuni récemment les maires, les secrétaires généraux des quatre communes et les
responsables des différents services, auquel a été convié officiellement le
Quotidien d'Oran, le chef de daïra a fait remarquer, tout en reconnaissant
l'ampleur du phénomène « qu'il existe aussi même des villas qui ont été
construites illicitement, sans aucune autorisation établie au préalable par les
services concernés ». Il importe de signaler que le fabuleux projet d'un port
de plaisance, qui devait être réalisé au niveau de la crique de la petite
localité de La Madrague, à mi-chemin du village côtier de Cap Falcon, a été
finalement et malheureusement renvoyé au calendes grecques et ce, en raison
d'un immense bidonville ceinturant ce lieu, faisant partie, ironie du sort, de
la zone d'extension touristique. Et comme le ridicule ne tue point, une grande
partie du phénomène en question, qui s'amplifie insidieusement au fil des
jours, est répertoriée dans cette prestigieuse ZET et ce, en violation de
toutes les normes universelle relatives à la protection et à la sauvegarde de
l'environnement. Toujours est-il que nombre de riverains de cette région
côtière, jaloux de leur environnement, lancent un SOS au wali d'Oran pour
mettre un terme à l'avancée vertigineuse de la bidonvilisation, qui charrie
toutes sortes de maux et de considérables désagréments pour la population.