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L'APC d'Es-Senia a
un délai jusqu'au 31 mai pour arrêter la liste de 200 occupants du bidonville
dit « Le Virage » pour les reloger dans le site fin prêt de 200 logements. Le
problème est le suivant : 256 familles sont recensées dans ce baraquement des
plus déstructuré et des plus compact, débordant sur la route d'Aïn El-Beïda et
la caserne d'à côté. Cela revient à dire, donc, qu'il va falloir faire
patienter pour plus tard 56 ménages. Mais sur quelle base les trier parmi la
peuplade ? Le jeu du tirage au hasard, la recette toute prête en pareil cas, ne
marche pas pour la simple raison que le déménagement collectif sera suivi, coup
sur coup, par la démolition, à l'instar de toutes les opérations d'éradication
de l'habitat précaire exécutées ces temps-ci à travers le territoire de la
wilaya. Et comme les maisons de fortune sont pratiquement entassées les unes
sur les autres, il est impossible de raser à terre foyer par foyer. La logique
est de procéder par petits îlots. A l'évidence, cela suppose une action
dirigée, c'est-à-dire contraire au principe d'égalité des chances que garantit
le tirage au hasard.
Le bidonville, qui doit sa toponymie populaire au virage à mi-parcours entre l'entrée du cimetière et Aïn El-Beïda, a eu un traitement quelque peu « atypique » lors du dernier conseil de wilaya, dont le dossier « logement social » a constitué le thème central de l'ordre du jour. C'est après avoir évacué le vieux-nouveau chapitre des 704 logements à distribuer avant le mois de ramadhan ainsi qu'un ensemble d'affaires annexes, que le wali a ouvert le dossier du bidonville « Le Virage ». « A moins que vous n'ayez une idée meilleure, la solution consiste à reloger 200 familles, soit le nombre de logements disponibles, en convainquant le reste que leur tour viendra prochainement, pas qu'avec des paroles mais en leur remettant aussi une décision de pré-affectation. Pour ce faire, vous devez remonter le quartier du bas vers le haut, une sorte de ratissage -juste pour caricaturer- qui emporte ce qu'il trouve sur son chemin. De la sorte, on pourra faire le relogement, et la démolition en parallèle, d'un gros bloc. Du bidonville il ne restera qu'un bout situé sur l'extrémité dans le sens du ratissage. Encore une fois, la clé de cette solution, c'est votre capacité à convaincre la population », a affirmé le chef de l'exécutif, s'adressant au maire d'Es-Senia et son secrétaire général. Le P/APC, Kaddouri Habib, a cru bon de suggérer une solution totale et définitive, de son point de vue, au casse-tête du « Virage ». Ainsi, a-t-il proposé de reloger 200 ménages dans le nouveau site de logements dont dispose la daïra d'Es-Senia et d'installer le reste, 56 familles, dans un site fin prêt d'une autre daïra. Bien mal lui en a pris : cette idée ingénieuse lui a coûté de la part de Zâalane Abdelghani un commentaire à mi-chemin entre le ton railleur et la critique satirique : « c'est ça ta solution radicale, tu veux exporter ton problème à une collectivité. Tu accepteras, toi, qu'on t'exporte des mal-logés d'ailleurs dans ta commune ? ». Faute de mieux, donc, c'est la méthode suggérée par le wali qui sera appliquée pour prendre en charge le bidonville. C'est-à-dire un relogement de 200 familles avant ramadhan assorti de la remise de pré-affectations aux 56 ménages restant dans le cadre du programme de 600 logements en voie d'achèvement à Es-Senia. D'ici au 31 mai, l'APC d'Es-Senia a une mission « diplomatique » à mener : dialoguer -voire même négocier- avec les gens du bidonville pour leur faire accepter le mode d'emploi proposé par les pouvoirs publics. A la réunion de l'hémicycle, M. Kaddouri paraissait déjà confiant quant au « feed-back » favorable qu'allait susciter l'offre auprès des habitants de ce plus ancien bidonville. Cela permettra, du coup, de dégager une assiette de terrain de 5 hectares pour l'inclure dans le cimetière d'Aïn El-Beïda en vue de son extension dans le cadre d'un règlement du problème de saturation de cette nécropole de grande ville. Il y a lieu de noter que la mise à jour du recensement des foyers de ce bidonville avant l'année 2007 faisait état de 247 familles. Une soixantaine d'occupants de constructions illicites, répertoriés comme étant des «débarqués de la dernière heure» et, par conséquent, ne figurant pas sur la fiche de recensement, ont été mis à l'écart. En situation illégale et n'ayant pas droit à un logement dans le cadre de cette opération, ces derniers devaient être, au temps de l'ex-wali Boudiaf Abdelmalek, mis en demeure par l'APC à l'effet d'évacuer les lieux avant l'action des démolitions. |
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