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Des milliers de
personnes ont participé, hier à Sétif, à la marche pour la mémoire, empruntant
le même itinéraire que celui de la procession pacifique, sauvagement réprimée,
le 8 mai 1945, par les forces armées françaises et les milices coloniales.
Comme il y a 70 ans, les scouts musulmans algériens (SMA) étaient en avant du
cortège qui s'est ébranlé depuis la mosquée ?Abou Dhar Al-Ghaffari' (ex-mosquée
de la Gare) pour rejoindre, quelques dizaines de mètres plus bas, l'avenue du
1er Novembre 1954 (anciennement boulevard Georges Clémenceau).
Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a participé, pour le symbole, à cette imposante marche, aux côtés des autorités locales, des secrétaires généraux d'organisations nationales, de moudjahidine et de simples citoyens dont un grand nombre de femmes, de jeunes et d'enfants. La marche pour la mémoire a rejoint, ensuite l'avenue du 8 Mai 1945, pour s'immobiliser devant la stèle érigée à l'endroit même où s'écroula le premier martyr des massacres, Bouzid Saâl. Une gerbe de fleurs a été déposée, dans une atmosphère lourde d'émotion, au pied de cette stèle comportant un buste en bronze à l'effigie de Bouzid, alors âgé de 22 ans, abattu par un commissaire de police parce qu'il refusait de baisser le drapeau algérien. La procession à laquelle ont, également, pris part des citoyens venus des régions voisines, comme El Ouricia, Amoucha, Beni Aziz, Ain El Kebira, a été marquée par la présence d'un groupe de jeunes habillés de la même manière que leurs arrières-grands parents, présents à la marche du 8 Mai 1945, avec gandoura, turban et chèche en mousseline entourant la tête. Un spectacle, particulièrement, émouvant qui a fait faire au vieux Mohamed Bouadjadja un bond de 70 ans en arrière. Emu aux larmes, le vieil homme, âgé aujourd'hui de 85 ans, et qui était là, le 8 mai 1945, se souvient d'avoir porté un drapeau américain pendant que ses camarades brandissaient qui un drapeau de la France, qui l' ?Union Jack' du Royaume-Uni. «C'était l'ordre que nous avions reçu pour +tromper l'ennemi+ et pouvoir poursuivre la marche car il était, officiellement, question de fêter la victoire alliée sur le nazisme», se souvient-il. A mi-parcours, ajoute-t-il, l'étendard de l'Algérie se mit à flotter, au moment même où les autres drapeaux disparaissaient l'un après l'autre. «Je crois bien que c'est ce qui fit sortir les policiers français de leurs gonds», soutient Mohamed, encore adolescent à l'époque. |
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