Le conflit
opposant les travailleurs de la SETRAM d'Oran à leur direction a franchi cette
semaine un nouveau cap inquiétant. Près de 500 grévistes sont désormais menacés
de licenciement, selon des déclarations faites ce jeudi par certains membres du
conseil syndical de l'unité de la Setram Oran.
Les travailleurs
de la Setram d'Oran ont bouclé hier leur première semaine de grève. Le conflit
les opposant à leur direction sur des questions ayant trait notamment à des
revendications salariales et de charge de travail tend désormais vers le
pourrissement le plus total. «Plus de 500 employés, entre agents de sécurité,
conducteurs, vendeurs de tickets, contrôleurs, et mêmes des cadres
administratifs sont désormais menacés ouvertement de licenciement», indiquent
des représentants du partenaire social. Ils affirment, en effet, disposer
d'informations internes provenant de leurs collègues au sein de
l'administration faisant état «de l'établissement, jusqu'à l'heure, de quelque
400 décisions de licenciement à l'encontre des grévistes». Une information qui
n'a été ni confirmée ni infirmée par la direction. Contactée avant-hier par le
bais de son département communication et marketing, la direction de la société
de transport du tramway affirme qu' «aucune évolution n'est à signaler dans ce
conflit» en soutenant que «tous les efforts sont actuellement déployés pour
assurer un service minimum correct pour les usagers du tramway». Pour rappel,
dès le début du conflit, l'administration de la Setram a considéré le mouvement
de grève «d'illégal» car entamé «sans dépôt de préavis» comme l'exige la
réglementation. Le conseil syndical de l'entreprise renvoie de son côté la
balle à l'inspection du travail de la wilaya d'Oran qui, selon lui, a tout
simplement «refusé de tenir la procédure de conciliation». Mais même sous cette
menace de licenciement collectif, les grévistes se disent prêts à défendre
leurs revendications jusqu'au bout. Après leur déplacement mercredi à Alger où
ils ont tenté, en vain, de prendre langue avec la direction générale de la
Setram, les grévistes ont décidé dès leur retour à Oran d'ériger une tente
géante devant l'entrée du siège de la direction de la Setram à Sidi Maârouf
pour assurer une mobilisation permanente. Pour les membres du conseil syndical,
ces menaces de licenciement auront comme seul effet d'envenimer d'avantage la
situation. «Car, désormais, le reste des travailleurs, une centaine à peu près,
représentant les agents chargés de la maintenance et le personnel administratif
sont aujourd'hui prêts à rejoindre le mouvement de grève, car convaincus comme
l'ensemble des travailleurs de la légitimité de nos revendications qui se
résument en deux points essentiels : assurer des salaires viables aux agents de
sécurité et réduire le volume horaire de travail de 48 heures à 40 heures par
semaine, conformément à la loi du travail», soutiennent les représentants des
grévistes. «Si la direction s'obstine à mettre à exécution ses menaces, cela
risque indéniablement de complètement immobiliser le service de transport du
tramway à Oran. Et ça sera à la direction d'assumer l'entière responsabilité
d'un tel scénario», affirment les syndicalistes. Le syndicat de l'unité de la
Setram d'Oran rappelle que «depuis deux années, les employés de la Setram
travaillent 48 heures par semaine au lieu des 40 heures légales, sans que ces
heures supplémentaires ne soient rémunérées ni prises en considération par la
direction ». On souligne également que parmi les causes à l'origine de cette
grève illimitée, « le licenciement abusif» décidé par la direction à l'encontre
d'un de leurs collègues, un agent de sécurité au sein de l'entreprise, qui
avait observé une grève de la faim de 12 jours pour dénoncer le contrat de
travail à temps partiel imposé par la direction. Pour rappel, l'administration
de la Setram avait décidé récemment de remplacer les CDD (Contrat à durée
déterminée) des agents de sécurité de l'unité d'Oran par des CDI (Contrat à
durée indéterminée) mais à temps partiel avec comme conséquence directe la
révision à la baisse des salaires de ces agents de 30.000 dinars à 22.000
dinars. Pour le syndicat rien ne justifie cette mesure. On se demande comment
peut-on expliquer qu'une société qui emploie 269 agents de sécurité contraints
à assurer des heures supplémentaires, décide du jour au lendemain à réduire de
moitié le volume horaire de ces travailleurs ? «Pourquoi continuer à recourir à
la sous-traitance en matière de sécurité auprès de privés alors que les propres
agents de sécurité de la Setram sont mis au chômage partiel ?», s'interrogent
encore les syndicalistes Tous ces évènements font qu'aujourd'hui, la confiance
est rompue entre les deux parties en conflits. Les grévistes exigent ainsi et
avant tout le départ du directeur qu'on accuse de mépris des travailleurs et de
non disponibilité au dialogue». Les grévistes demandent également la
réhabilitation de leur collègue «licencié abusivement», le paiement des heures
supplémentaires et le changement du plan de gestion de l'entreprise.