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Troisième jour du procès : Khalifa parle enfin et nie la plupart des faits

par Tahar Mansour



L'interrogatoire d'Abdelmoumène Khalifa était attendu par tous, lui qui était absent lors du procès de 2007, laissant beaucoup de questions sans réponse, faisant jouer les uns et les autres avec les témoignages invérifiables et laissant sur leur faim tous les Algériens qui ne savaient pas où se trouvait la vérité ! Il est donc là pour ce deuxième procès, en appel, et tous sont suspendus à ses lèvres quand le président du tribunal, M. Antar Menouer, l'appelle au prétoire. Fera-t-il des révélations fracassantes, donnera-t-il les noms de personnalités publiques autres que celles déjà citées ? Dira-t-il la vérité concernant Khalifa Bank, la provenance de son empire financier et la direction prise par les milliards de dinars et de dollars des Algériens ? Déjà, en réponse à la première question concernant les actes falsifiés avec lesquels il aurait obtenu deux crédits auprès de la BDL de Staouéli, l'un de 61 et un autre de 51 millions de dinars, il déclara qu'il n'a jamais procédé à la falsification d'aucun acte. Selon lui: «La description de la villa et du local ne correspondent pas à mes propriétés, je n'ai jamais signé d'hypothèque. Les actes falsifiés concernent des propriétés autres que les miennes et le crédit obtenu grâce à ces actes falsifiés a bénéficié à une entreprise de commerce de fer», a-t-il affirmé. Le juge lui demanda alors comment il a pu obtenir les prêts nécessaires pour la banque, il affirma qu'il possédait un ancien compte auprès de la BDL et que c'est ainsi qu'il a pu avoir des facilités pour le prêt. Abdelmoumène Khalifa continua à répondre aux questions du président en niant avoir signé un quelconque acte d'hypothèque en compagnie des membres de sa famille, auprès de l'étude de Me Rahal, ni qu'il s'y soit rendu en compagnie du directeur de la banque BDL de Staouéli, Idir Issir, pour signer une hypothèque sur sa maison et sa pharmacie. Il déclara à tous que : «C'est une histoire qui ne tenait pas debout, que tout était monté de toutes pièces, les signatures ne sont pas les miennes et la description de la maison et de la pharmacie ne correspondent pas à ma propriété».

Il précisa ensuite qu'il a créé sa banque grâce aux bénéfices réalisés par ses deux sociétés de fabrication de médicaments. Les raisons qui l'auraient poussé à créer une banque reviennent à sa première fonction, celle de pharmacien, quand il éprouvait d'énormes difficultés à obtenir des crédits auprès des banques pour une extension ou pour tous travaux concernant la pharmacie ou le lancement de fabrication de médicaments. Il profita donc des nouvelles lois lui permettant d'ouvrir une banque privée afin qu'il puisse aider les pharmaciens - et les autres - quand ils avaient besoin de prêts bancaires. D'ailleurs, il précisa qu'il ne possédait que 76% des parts sociales de Khalifa Bank, le reste étant partagé entre des membres de sa famille et des amis. Concernant ses liens de parenté avec l'ex-gouverneur de la Banque d'Algérie, Kéramane Abdelouahab, il déclara que les deux hommes ignoraient ses liens, et qu'il ne l'a su que bien plus tard, après la création de la banque Khalifa. Abdelmoumène Khalifa affirma ensuite au président Antar que le montant déclaré pour la création de la banque était dans les normes tout en ne reconnaissant pas les déclarations d'Idir concernant les actes d'hypothèque. Par contre, il déclara que l'activité pharmaceutique à l'époque marchait très bien et que cela lui a permis d'engranger des bénéfices substantiels. En réponse à une autre question du président du tribunal sur la destination des 10 milliards de centimes de crédits obtenus auprès de la BDL Staouéli, il déclare: «Je les ai utilisés pour la société de fabrication de médicaments». Et, enfin, pour la première fois depuis le début de l'interrogatoire, Abdelmoumène Khalifa reconnut des infractions à la loi quand il a procédé au changement des statuts de la banque Khalifa sans aviser la Banque d'Algérie suite à la démission du directeur général de Khalifa Bank, Kaci Ali, et du retrait de ses actions. Le débat s'est poursuivi ensuite sur la gestion de la banque et sur le fait qu'elle ait raflé tous les dépôts des clients en un temps très court: «C'est à cause du taux d'intérêt qui était de 17% alors qu'il oscillait entre 7 et 11% chez les autres banques», lui répondit Abdelmoumène Khalifa. Le président se demanda alors si une banque pouvait bien s'en sortir en octroyant à ses clients des taux d'intérêt aussi élevés, avant de demander les raisons qui ont poussé Khalifa à créer de nombreuses sociétés (plus de 10) en très peu de temps.