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Au printemps 2013 naissait "Radio M", M comme Maghreb, l’ADN du journal électronique Maghreb Emergent au gène économique dominant à laquelle elle est rattachée. Deux ans plus tard, la webradio a étendu son spectre de contenus et son champ de diffusion, tout en continuant à explorer de nouvelles contrées. Librement.
Son autre ADN. Autour d’un café fumant et d’une "kesra" (galette) chaude, les discussions vont bon train. Trente-cinquième anniversaire du Printemps berbère, identités, drame des migrants en Méditerranée, les cinq journalistes réunis dans les locaux d’Interface Médias, à Alger, passent en revue l’actualité de la semaine. C’est jeudi, jour du Café presse politique, le CPP, pour les initiés. Avant de démarrer l’émission, Souhila Benali, l’animatrice de ce rendez-vous hebdomadaire de Radio M, récapitule les thèmes de la matinée. Tout est calé, le CPP peut commencer. Derrière la console, Soumaya Ferkali, la jeune technicienne de Radio M qui présente aussi la météo, lance le jingle. "Pour bien s’entendre, il faut bien s’écouter, rendez-vous sur M, la Petite radio du Grand Maghreb". "Bonjour à tous, merci d’être parmi nous pour cette heure à venir", enchaîne Souhila Benali en direct. "Aujourd’hui, nous allons parler de deux sujets majeurs: le Printemps berbère, 35 ans après, le Printemps noir, 16 ans après, la question c’est où en est le pouvoir face à la question identitaire…". D’emblée, le ton est donné. Libre et politique. "L’idée du CPP est née dans la cuisine du journal Maghreb Emergent au moment de la campagne présidentielle d’avril dernier", rappelle Souhila Benali. "Nous discutions à trois de l’actualité politique du pays et nous nous sommes dit, pourquoi ne pas en faire une émission radiophonique qui permettrait à tout le monde de profiter de ces débats". Baptisée Café presse présidentiel à ses débuts, l’émission a, depuis, changé de nom mais l’esprit est resté le même : inviter des gens à partager ce qu’ils pensent de la vie politique, en tentant d’avoir un échantillon de la pensée le plus vaste possible. Un "souci permanent" pas toujours évident à respecter, reconnaît Souhila Benali. "Ce n’est pas facile de trouver des personnes avec des arguments qui acceptent de participer", souligne l’animatrice qui refuse de tomber dans "une émission clanique". "Toutes les idées contradictoires sont les bienvenues !", lance-t-elle. Expressions plurielles Le reste de la semaine, la vie de Radio M est rythmée par l’enregistrement des trois autres émissions : "L’invité du direct", "L’Entretien" et le dernier-né "MIM". "Nous avons commencé par produire du contenu qui nous ressemble le plus, à savoir un rendez-vous économique hebdomadaire d’une heure avec des acteurs du secteur en fonction de l’actualité, c’est l’Invité du direct", retrace Ihsane El Kadi, directeur d’Interface Médias, la société éditrice de Radio M et Maghreb Emergent. "Ce format nous a amené à créer un autre espace pour recevoir des invités différents de la sphère économique : "l’Entretien" qui a, par exemple, reçu un avocat pour parler du procès Sonatrach, une militante féministe pour évoquer la loi sur les violences faites aux femmes, etc.". Depuis sa création, Radio M cherche à faire "quelque chose qui nous ressemble", résume El Kadi, "de l’économie et de la liberté de ton". En attendant, l’ouverture de la bande FM aux radios privées, vœu pieux déçu par la loi enfermante de l’ouverture du champ audiovisuel, le web est devenu l’espace privilégié de ces volontés. "Grâce à sa souplesse et sa transversalité, le média web démultiplie le champ des possibles et donc l’offre disponible", souligne le directeur d’Interface Médias. Les émissions de Radio M sont ainsi déclinées en vidéos, podcast intégral, extraits choisis, articles, que les auditeurs peuvent retrouver sur le site de Maghreb Emergent ou le compte Soundcloud de la webradio pour les sonores. Depuis mars, la "Petite radio du Grand Maghreb" est aussi présente sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter où les internautes peuvent intervenir en direct ou différé. Depuis un mois, la grille de la webradio s’est aussi enrichie de nouveaux programmes : "MIM", un magazine de culture, médias et société, animé tous les dimanches par Omar Zelig et sa bande ainsi que « L’Afrique en partage », une émission co-animée par sept radios africaines qui se retrouvent chaque semaine pour discuter d’un thème commun. Grâce à la subvention Ebticar-Media – accordée par Canal France International (CFI) et l’Union européenne pour le développement des médias en ligne dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient – décrochée par Radio M en juillet dernier, à l’issue du premier appel à proposition, la webradio algéroise est en train de s’équiper d’un vrai studio. Une réalisation qui permettra de lancer un bulletin d’information quotidien, annonce Ihsane El Kadi. "En diversifiant nos contenus, nous avançons vers la radio professionnelle", poursuit le directeur. "Reste à trouver la capacité à nous autofinancer au fur et à mesure". |
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