Le projet de mise en concession de 13 forêts
de la wilaya d'Oran sonne désormais le glas entre les autorités locales et la
coordination des associations de l'environnement.
Cette dernière
compte tenir aujourd'hui une réunion extraordinaire regroupant les
représentants des 12 associations la composant pour sortir avec une position
commune face à ce projet de mise en concession de 182 ha de patrimoine
forestier pour la création de 13 forêts récréatives. Selon plusieurs membres de
la coordination qu'on a pu contacter hier, beaucoup de zones d'ombre entourent
cette annonce. Une annonce, souligne-t-on, faite par un élu de l'APW, en
l'occurrence le président de la commission de l'agriculture, sous forme d'une
véritable campagne médiatique. Une campagne, souligne-t-on, qu'on peut
difficilement ne pas assimiler à du lobbying au profit de puissants
investisseurs pour qui la loi autorisant l'usage des forêts récréatives
représente une aubaine inespérée pour assoir leur mainmise sur un domaine
devenu de plus en plus difficile à convoiter à Oran. « Qui est mieux indiqué
que le wali en personne ou le conservateur des forêts, premier responsable du
secteur, pour annoncer un projet aussi important et aussi sensible,
particulièrement dans une wilaya où il est notoirement connu que le patrimoine
forestier est des plus convoités par les affairistes de tout bord ? Comment
expliquer une telle assiduité qui se manifeste comme par miracle pour un projet
dont le dernier texte de loi permettant la mise en œuvre ne date que de 3 mois
à peine, alors que les abus et autres abominations constatées depuis plusieurs
années dans la concession des plages ne suscitent aucune réaction sur le
terrain ? Sur quels critères annonce-t-on un chiffre aussi important que 13
forêts récréatives alors qu'aucune forêt à Oran ne dispose à ce jour de ce
statut qui est, rappelons-le, régi par une réglementation assez stricte ?
Toutes ces questions nous ramènent à une question centrale. Sous quel effet
cette tradition de concertation entre la wilaya d'Oran (exécutif et élus) et la
coordination de l'environnement (12 associations environnement et patrimoine),
la seule qui traduit sur le terrain depuis quelques mois déjà ce concept de démocratie
participative, se voit-elle d'un seul coup balayée d'un revers de main ? Des
questions légitimes que tout citoyen oranais a le droit de poser puisqu'il
s'agit de l'avenir même d'un patrimoine public. En effet, après les plages,
c'est aujourd'hui au tour des forêts d'être proposées à la « concession privée
». Il s'agit, selon la Conservation des forêts de la wilaya d'Oran, de 13
forêts représentant au total une superficie globale de 182 ha, répartis sur
neuf communes de la wilaya, à savoir Aïn El-Kerma, Boutlélis, Aïn El-Turck, Bir
El-Djir, Hassi Ben Okba, Es-senia, El-Kerma, Gdyel et Mers El-Hadjaj.