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Le procès de
l'autoroute Est-Ouest s'est poursuivi hier. Après une lecture intégrale de
l'arrêt de renvoi durant toute la matinée, l'ex-colonel du DRS, Ouazane Mohamed
appelé colonel Khaled, a comparu le premier devant le juge, sur les 23 accusés
qui devaient intervenir dans ce procès.
Accusé de trafic d'influence dans cette affaire, le colonel Khaled a affirmé devant le magistrat qu'il n'a usé d'aucun pouvoir, « les colonels d'aujourd'hui n'ont plus la valeur d'antan », a-t-il déclaré. Et de préciser que sa relation avec le principal accusé dans cette affaire, Medjdoub Chani et l'ex-SG du ministère des Travaux publics, Mohamed Bouchama, était une relation amicale voire familiale. Il précise qu'il avait connu Chani en 2006 et Bouchama depuis 1977. Il a reconnu que Chani lui a demandé de lui présenter le SG du ministère des Travaux publics Bouchama, mais il a affirmé qu'il a refusé et que Chani a pu contacter Bouchama sans son intervention. Il revient pour affirmer qu'il avait, cependant, accompagné l'accusé principal lors de sa rencontre avec l'ex-SG du ministère Bouchama, et il a été question de lever les blocages rencontrés par les Chinois dans le projet de l'autoroute, et dans le souci de trouver des solutions. LE 1er accusé appelé à la barre a insisté devant le juge pour relater son parcours professionnel « pour lever », selon ses propos, « tous les amalgames » notamment sur le fait qu'il est un ex- militaire. Il a affirmé qu'il a une trentaine d'années en tant qu'élément du DRS et qu'il a ensuite travaillé dans la communication puis au ministère de la Justice. Il a fait le bilan de ses biens immobiliers devant le juge en affirmant qu'il est redevable à Chani de 17 millions de DA et qu'il possède seulement un appartement à Staoueli après avoir vendu à Chani sa villa à Oran, du fait qu'il était endetté. Si le colonel Khaled était un peu plus à l'aise devant le juge, il a tout même semblé très gêné par les questions du procureur général qui l'interrogeait, où il rencontrait Chani ? Il lui a fait la remarque « comment avez-vous reçu Chani chez vous et dans votre bureau au ministère, sans aucune réserve, sachant qu'il était poursuivi pour dilapidation de deniers publics et il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt, et de surcroît avec le poste que vous occupiez ?» Le colonel Khaled affirme qu'il avait reçu Chani en tant qu'Algérien. Il a même défendu Chani en précisant que malgré sa double nationalité, il a tout de même investi dans son pays d'origine. « Il compte trois entreprises », a-t-il indiqué qualifiant le SG du ministère des Travaux publics « d'homme très qualifié et compétent ». Bien que Chani avait affirmé dans les PV d'audience qu'il avait une « relation d'intérêt » avec le colonel Khaled, ce dernier persiste en soulignant que leur relation est purement amicale et qu'il n'est pas impliqué dans cette affaire. Medjdoub Chani, le principal accusé, est passé après le colonel Khaled devant le juge qui lui a demandé directement quelle relation avait-il avec Benachenhou, l'ex-ministre des Finances. Il répond en affirmant qu'il est un financier respecté sur la place luxembourgeoise et qu'il n'est pas inconnu en Algérie. « J'ai connu plusieurs personnalités et le colonel Khaled est le dernier élément des services de sécurité que j'ai connu », a-t-il affirmé. Chani a ensuite relaté son parcours professionnel devant le juge, du Luxembourg jusqu'à son retour en Algérie et sa relation avec certaines entreprises étrangères. Il a par la suite nié en bloc ses ?'déclarations contenues dans l'arrêt de renvoi'', car elles ont été obtenues, selon lui, ?'sous la pression''. Il a aussi rejeté les accusations à son encontre et mentionnées dans l'arrêt de renvoi de versement de ?'pots-de-vin'' à des responsables du ministère des Travaux publics en contrepartie de l'obtention de projets pour l'entreprise chinoise Citic-Crcc. L'audition des accusés se poursuit aujourd'hui en attendant bien évidemment des révélations sur cette affaire qui a fait couler beaucoup d'encre depuis 2009. Faut-il le noter, la lecture intégrale de l'arrêt de renvoi, réclamée par un des avocats de la défense, au premier jour du procès, s'est poursuivie hier durant toute la matinée. Le greffier a bouclé au dernier souffle le document comportant plus de 250 pages vers les coups de midi. Un rapport qui a été lu en entier des PV des auditions des accusés par la police judiciaire, des PV qui ont motivé l'ouverture d'une enquête judicaire et l'instruction ainsi que les réserves de la défense. L'affaire comprend deux volets. Selon l'arrêt de renvoi, le premier concerne le projet de l'autoroute où Medjdoub Chani est considéré comme principal accusé et le deuxième volet quant à lui concerne des projets de transport comme le métro et le tramway. Les prévenus concernés par ce volet sont poursuivis pour délit. |
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