|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Consommer
algérien, oui, mais comment et quoi ? La campagne nationale «Consommons
algérien» lancée, hier, pour une semaine à Alger, dans la foulée de l'annonce
de la reprise du crédit à la consommation, est censée inciter les consommateurs
algériens à n'acheter que des produits locaux. Même en allant demander des
prêts aux banques. C'est de bonne guerre sur le plan commercial, comme celui de
la relance de la production industrielle nationale par la relance de la
consommation.
C'est là un vieux mécanisme macroéconomique, celui de John Maynard Keynes pour circonscrire rapidement la grande crise économique de 1929. En son temps, ce brillant économiste britannique, qui gagnait énormément d'argent en analysant le matin avec un thé à la main les cours boursiers de la veille, avait pratiquement trouvé des solutions alternatives pour en finir avec cette crise économique, qui avait vu les marchés boursiers plonger, le dollar ne valant qu'un simple papier imprimé et des centaines de millions de personnes dans le monde plongées dans une terrible famine. Ce rappel de faits historiques n'est pas fortuit, car il a un lien direct avec les objectifs de cette campagne lancée par le ministère du Commerce pour relancer la production locale et encourager les ménages algériens à aller vers le produit local, fortement concurrencé par les produits importés. Dans l'absolu, cette initiative est à encourager, louable et de nature à soutenir une production (agroalimentaire, industrielle, etc.) souvent boudée par les consommateurs, qui préfèrent plutôt les produits importés et par ricochet accélérer le déficit commercial. Dans l'absolu, donc, cette initiative est louable, sauf que, à bien des égards, elle pèche par un amateurisme économique des plus déprimants. Que consommer de produit local par exemple quand l'industrie manufacturière algérienne, hormis la chaussure ou le textile-habillement, encore faut-il revoir la qualité de cette production, n'arrive pas à se hisser au niveau de la demande, quand également dans le secteur électroménager la demande est beaucoup plus exigeante par rapport à la production locale ? Les exemples peuvent être cités à l'envi pour montrer combien la production nationale, dans l'ensemble des secteurs, est loin de répondre autant aux normes de qualité, de rapport qualité-prix et, surtout, à une demande en pleine croissance, exigeante. A moins que cette campagne « Consommons algérien » n'est rien d'autre qu'un artifice mal réfléchi participant à une large campagne inavouée ou pas pour réduire les importations. Comment « consommer algérien » lorsque la production de meubles locale est plus chère que ceux importés de Chine, d'Indonésie et de Malaisie ? Comment consommer local lorsque la production nationale de détergents, savons et autres liquides de nettoyage et d'entretien domestique est mise à rude épreuve par des produis importés de qualité et à moindre prix ? Comment en outre consommer local, dans le domaine des TIC, quand la production nationale est presque inexistante ? Par contre, il aurait été moins hypocrite de lancer des campagnes « consommer algérien » lorsque les usines, privées et publiques, avaient facilement accès aux financements bancaires pour améliorer leur process de production, importer des machines-outils pour améliorer la qualité de leurs produits et mettre sur le marché un label de nature à réduire l'influence des produits importés qui, eux, avaient «le feu vert» des banques, jusqu'à ce que le prix du brut chute. Le réveil aura été brutal pour les tenants du tout libéral. |
|