
C'est parti jeudi pour le programme de théâtre de « Constantine, capitale
de la culture arabe 2015 ». Le coup d'envoi, suivi des trois coups
traditionnels de lever de rideau, a été donné jeudi soir sur les planches du
Théâtre régional de Constantine avec la générale de la nouvelle pièce du TRC «
Salah Bey », retraçant la vie de cette figure emblématique de l'histoire
ottomane de la ville des ponts. Une œuvre qui est venue enrichir le riche
répertoire du théâtre constantinois et dont l'auteur est un jeune écrivain de
la ville, Saïd Boulmarka, et la mise en scène du vétéran et homme de théâtre
bien connu, Mohamed-Taïeb Dehimi. L'évènement a été marqué par la présence des
autorités locales et de nombreux invités du monde du 4e art (théâtre) et du 7e
art (cinéma), à l'instar des directeurs de tous les établissements publics de
théâtre que compte l'Algérie et de quelques figures qui ont marqué l'histoire
contemporaine de ces deux disciplines artistiques, au niveau national et
international, comme l'acteur Sid Ahmed Aggoumi et le réalisateur de la «
Malhama » de Constantine, le réalisateur de télévision Ali Aïssaoui. Cette
générale de la pièce « Salah Bey » a obtenu un succès d'estime auprès du simple
spectateur et a été accueillie avec indulgence par les gens du monde
artistique. Et ce qui est intéressant dans cette soirée est la nouvelle lumière
crue qui vient d'être apportée par les concepteurs et les réalisateurs sur le
personnage central de l'œuvre. Interrogé à la fin du spectacle par la presse
qui lui a reproché d'avoir occulté la dimension politique et historique de
Salah Bey dans cette œuvre, le metteur en scène Dehimi, dont c'est la dernière
œuvre qu'il réalise pour l'institution théâtrale le TRC, étant sorti en
retraite, a estimé que « ce que l'on venait de voir constitue la véritable
envergure du personnage et peut-être moins. Pour nous, il fallait faire la part
des choses entre ce que la culture orale a colporté, ce que dit la culture
populaire qui a toujours vu le personnage de Salah Bey à travers un miroir
grossissant et la vérité historique ». Par exemple, a-t-il expliqué, « la
fameuse histoire de la m'laya noire constantinoise, voile qui est censé avoir
été porté par les femmes de la ville en signe de deuil après la pendaison de ce
Bey, est le type même de la contrevérité historique car, selon lui, les
Constantinoises n'ont jamais porté le deuil de Salah Bey et ce voile noir était
venu bien avant, avec l'Etat fatimide. D'autre part, il existait bien au
Moyen-Orient dès le IXème siècle du calendrier chrétien. Nous en avions assez
de cette fausse vérité et de beaucoup d'autres mensonges et il est plus que
temps de s'attaquer à certaines légendes qui faussent l'histoire de la ville
des ponts », a-t-il estimé.
Sur le plan purement artistique, M. Ali Aïssaoui, que nous avons
interrogé à chaud, a considéré qu'il a découvert « un beau texte. Ensuite, une
mise en scène très sobre ». Mais pour le travail technique, il a estimé que «
celui-ci reste encore à peaufiner. Mais on ne peut pas porter de jugement
objectif sur ce travail qui a été accompli dans des conditions épouvantables
car toute l'équipe a travaillé au milieu d'un vrai chantier, celui de la
restauration de la salle du TRC ». Néanmoins, a reconnu le réalisateur de la
télévision, « j'ai vu de très belles choses dans cette pièce ». Enfin, l'auteur
du texte théâtral, Saïd Boulmarka, a avoué que ce texte était destiné à servir
de scénario pour un film sur le personnage, « mais après avoir vu que le film
allait demander un budget colossal, j'ai l'ai converti en pièce de théâtre où
il serait plus réalisable ».