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C'est un euphémisme de dire que notre pays traverse une période de
turbulence politique et d'incertitude économique, à laquelle le président de la
République doit impérativement mettre fin, en donnant un autre souffle à sa
gouvernance en changeant d'hommes et de méthode.
Ce changement est la seule issue qui se présente à lui. Beaucoup l'ont compris et se positionnent. Comme Amar Saâdani qui, tout en revendiquant un gouvernement FLN, veut la tête de Abdelmalek Sellal ! Ses sorties récurrentes, titrait un quotidien paraissant en langue française, ne sauraient être classées dans les divers. Et la scène nationale ne peut ignorer ces attaques ciblées visant le Premier ministre. La démarche du secrétaire général du FLN est claire : depuis son arrivée, contestable et contestée, à la tête du parti majoritaire, il n'a eu de cesse de porter des coups au gouvernement non pas pour critiquer ses ratés ou ses manquements, mais pour demander « qu'on lui donne la primature » au motif que son parti est majoritaire au parlement ! L'homme semble y croire, allant jusqu'à dire : « qu'Abdelmalek Sellal n'a pas d'expérience politique ! ». Au regard de la configuration actuelle du pouvoir, Saâdani et Sellal sont, pourtant, du même bord, ce qui n'empêche pas le premier de donner l'impression de « personnaliser » l'affaire, de critiquer en permanence le second, et de vouloir « s'introniser » à sa place. En voulant, à tout prix, s'immiscer dans les affaires de l'Etat, le SG du FLN laisse croire qu'il est dans son rôle, lui qui est à la tête de la majorité présidentielle qui s'apprêterait, très prochainement, dit-on, à voter une nouvelle constitution qui accorderait le pouvoir exécutif au parti majoritaire dans le législatif. Le chef du FLN poursuit un objectif et tout le monde en est conscient : il vise, ni plus ni moins, à « dégager » Abdelmalek Sellal pour le remplacer, non pas par lui-même, mais par une personnalité de son parti ! Depuis, le courant ne passe plus entre ces deux personnalités qui vivraient, ces derniers temps, comme « chien et chat », s'épiant mutuellement, et toujours à l'affût de la moindre gaffe pour clouer l'autre au pilori. Les relations entre ces deux hommes, à en croire ce qui s'écrit dans les journaux, ont piqué du nez depuis que le chef de l'Etat avait fait savoir, ou laisser entendre, qu'il s'apprêterait à remanier le gouvernement. Et à changer, éventuellement, de Premier ministre ! Les consultations, semble-t-il, se fixeraient, désormais, sur le choix du futur locataire du Palais du gouvernement. Et tous s'accordent à dire que le nom de Amar Saâdani a très peu de chance d'être accepté par le président de la République, au regard de la mauvaise image que celui-ci renvoie dans l'opinion nationale. Et à l'intérieur de son propre parti dont il n'arrive même pas à organiser le congrès ! Quant au Premier ministre actuel qui a failli, déjà, laisser des plumes lors de la campagne des présidentielles, il ne sortirait, peut-être, pas indemne de la crise pétrolière qui a plongé le pays dans des lendemains incertains. Seulement voilà, il tient, mordicus, à conserver son fauteuil grâce à sa proximité avec le président de la République dont il continue à jouir de l'estime, et à la fréquentation des grands de ce monde, qu'il a eu à côtoyer ces dernières années. Mais s'il devait, absolument, partir, qui pourrait le remplacer ? Le président de la République, déçu par toute la classe politique et excédé surtout par les « pitreries » de Saâdani, pourrait-il être amené à choisir un homme du sérail, un technocrate ou plus encore, irait-il jusqu'à le chercher dans le monde de l'entreprise ? Un patron pour diriger le gouvernement ? Comme, par exemple, Ali Haddad, lui qui s'est engagé à ses côtés, en finançant, notamment, sa campagne électorale et partant, contribuer à sa victoire ? Celui-là même qui aurait révélé, lors de sa dernière rencontre avec la presse, mercredi dernier, « que 45 ambassadeurs lui ont demandé audience, en attendant qu'il les reçoive ! ». Qu'autant de représentants diplomatiques accrédités en Algérie, se bousculent pour rencontrer l'homme d'affaires est un fait inhabituel pour être souligné. Le chef du FCE, à l'évidence, prend, de plus en plus, de dimension en tant qu'homme qui influence la décision politique et économique. Il a auditionné tout ce que le pays compte comme responsables et d'aucuns n'hésitent pas à le voir monter les marches du Palais du gouvernement. En Berlusconi conquérant, au grand dam de Louisa Hanoune ! Cela suffit-il pour l'homme pour figurer sur les tablettes du président ? En attendant, il n'y a pas à dire, les candidatures au poste de Premier ministre foisonnent ! Tout ce que le pays politique compte comme candidats potentiels, s'est lancé dans la compétition, personnellement ou porté par ses soutiens. Tenez, par exemple, Abdelaziz Belaïd qui, certes, ne s'est pas ouvertement déclaré a, selon ses supporters, toute la légitimité des urnes pour prétendre diriger le gouvernement, lui qui a fait un score plus qu'honorable aux dernières présidentielles. Son seul « hic » est de n'avoir jamais été ministre, encore moins capitalisé la moindre expérience comme gestionnaire. L'autre premier ministrable, c'est Abdelmadjid Tebboune. A le regarder de près, il y a, décidément, du « Fabius » en lui. Et la ressemblance n'est pas que physique, puisque l'homme a un CV à faire pâlir plus d'un, et de l'expérience à en revendre ! Toutes les qualités, en somme, pour être Premier ministre : compétence, poigne et bagout ! Il a fait savoir, toutefois, qu'il préférerait achever l'œuvre que lui a confié le président de la République. A l'habitat où il excelle ! Si on parlait d'expérience, il est celui qui en a capitalisé le plus, au service de l'Etat. Rien qu'au ministère de l'Intérieur, il est resté 10 ans, juste le temps pour lui de réécrire les codes communal et de la wilaya, d'initier les walis à la nécessité du développement local, et de poser les fondements de la biométrie, mais pas assez pour s'opposer à ceux qui étaient porteur de faux projets d'investissement ou qui voulaient accaparer le foncier industriel qu'il n'avait de cesse de dénoncer, en sa qualité de membre du Conseil national de l'Investissement. Il a ensuite, été nommé vice-Premier ministre. Il n'avait pas de prérogatives précises, ont dit certains. Ce à quoi, Noureddine Yazid Zerhouni, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a rétorqué : « je n'ai pas besoin d'une délimitation de prérogatives pour exercer mes fonctions de vice-Premier ministre ! », et de faire un parallèle avec « la guerre de Libération durant laquelle il avait pris les armes, sans se soucier des moyens, des prérogatives et des formalités ». Je suis un homme d'Etat, aime-t-il à répéter, et je reste à la disposition de l'Etat ! Le ministre de l'Energie Youcef Yousfi quant à lui, a été désigné, un temps, Premier ministre « par intérim », pendant la dernière campagne électorale et il a eu à le constater, par lui-même, la tâche est rude ! Pas pour Tayeb Belaïz qui est, certainement, premier ministrable. Il est, assurément, l'homme fort de l'actuel gouvernement. Lors du dernier remaniement, sa candidature comme ministre de l'Itérieur, aurait été préférée à d'autres candidats proposés, murmure-t-on, par Abdelmalek Sellal. Le chef de l'Etat serait allé à l'encontre des choix du Premier mnistre et, depuis lors, les choses sont restées en l'état. Le maintien de Tayeb Belaïz au ministère de l'Intérieur, ou sa promotion comme Premier ministre ne dépendrait, assure-t-on, que de lui-même. Son assurance, son expérience, sa proximité avec le clan présidentiel et ses prédispositions à changer la donne politique, loin du militantisme qui, souvent, régule la vie des partis, plaident en sa faveur, s'il lui venait à l'idée de se porter candidat à la primature. En définitive, la confusion règne au sommet de l'Etat, ce qui pousse, peut-être, tout le monde à l'attentisme et à la prudence. Pour ceux qui se sont déclarés, jusqu'ici, seul Amar Saâdani semble rencontrer plus de handicaps dans la course à la primature que ses concurrents supposés. Comme affirmé supra, il n'a pas hésité à faire entendre sa voix, moins consensuelle que celle des autres tenants du pouvoir. Un peu trop, peut-être. Et au sommet de l'Etat, rares sont ceux qui croient en ses chances Certainement pas le président de la République qui tient, entre ses mains, des cartes autrement plus intéressantes, qu'il peut à tout moment abattre : 1. LA CARTE DE L'EXPERIENCE D'AHMED OUYAHIA. Des années après, va-t-il revenir à la tête du gouvernement s'interrogent, déjà certains ? Il a pour lui, un bilan apprécié par les uns et détesté par d'autres. Ce qui est sûr, l'homme fort de son expérience a trois qualités essentielles : la connaissance de l'appareil de l'Etat, l'autorité et de l'endurance. Les députés en savent quelque chose, il est capable de débattre pendant des heures. Un bon patron, en somme, là où certains s'agacent de l'improvisation et des couacs à répétition. Mais pour l'image du renouvellement, on repassera ! Ses autres atouts : l'homme est rodé à la communication institutionnelle et aux missions difficiles. Ceux qui le connaissent disent, déjà, qu'il est dans les « starting block » ! 2. LA CARTE DE LA NOUVEAUTE DE ABDESLAM BOUCHOUAREB C'est le ministre en forme du moment. Il a brillé lors de la dernière campagne présidentielle. Tout comme Ouali Abdelkader. Sa désignation ne constituerait pas une surprise, au regard du bilan de son secteur qu'il a plus que dépoussiéré et aussi parce qu'il a réussi mieux que tout autre à « vendre » l'image de l'Algérie à l'étranger. 3. LA CARTE SOCIALE AVEC LOUISA HANOUNE Une femme Premier ministre ? pourquoi pas, d'autant plus qu'on laisse entendre que l'intéressée est bien vue par le Palais présidentiel, là où justement, on laisse croire que la prochaine constitution ouvrirait « plus de droits » à l'opposition. Louisa Hanoune à la tête du gouvernement, une première au Maghreb et dans le Monde arabe. Un symbole très fort et le buzz qui en résulterait, urbi et orbi comme on dit au Vatican, aussi ! La passionaria algérienne a son franc-parler et du courage politique à en revendre. Elle incarnerait, peut-être, un visage nouveau réclamé par les couches sociales les plus démunies, mais qui pourrait être incompatible avec la feuille de route dictée par le FCE qui veut plus d'autonomie et moins d'Etat. Sans oublier un autre obstacle de taille : la classe politique, toutes tendances confondues, ne l'aime pas et réciproquement ! Tout comme le « pouvoir oligarchique » qu'elle ne cesse de dénoncer et dans lequel, assurément, elle n'est pas soluble ! 4. LA CARTE DE L'AUTORITE AVEC ABDELGHANI HAMEL C'est l'homme qui a su s'imposer et réorganiser la police algérienne. L'institution est devenue une référence pour les pays africains, arabes et même européens grâce aux connaissances acquises et aux moyens de l'Etat. Abdelghani Hamel n'est pas étranger au succès de l'institution. D'aucuns voient en lui un potentiel successeur de Abdelaziz Bouteflika. Droit dans ses bottes, l'homme ne dit rien et poursuit sa mission à la tête de la DGSN, au moment même où il est donné entrant au prochain gouvernement pour prendre en charge un ministère régalien. Pourquoi pas la primature ? Il a du talent, il l'a prouvé à In-Salah et du sang-froid dont il a fait preuve face à « l'agitation » qui a secouée les rangs des policiers. 5. LA CARTE DE LA CONFIANCE AVEC ABDELMALEK SELLAL Malgré les incessants coups de boutoirs il a conduit le gouvernement, nonobstant les dysfonctionnements et les inimitiés imputés à certains de ses ministres. L'homme a changé. Sa coiffure et ses costumes aussi. Il est le seul, parmi les fidèles, à avoir déclaré « qu'il ne briguerait jamais la présidence de la République du vivant de Abdelaziz Bouteflika ». Serment qui vaut son pesant ! Le président de la République pourrait lui renouveler sa confiance, mais sans le souffle nouveau que les Algériens réclament ! Pour conclure, on peut s'autoriser à affirmer que le président de la République, en vieux briscard de la politique sait qu'il doit, maintenant, lancer une initiative politique. Il y a, déjà, le projet de constitution, cette arlésienne dont tout le monde parle et que personne n'a vu jusqu'à présent. Il y a aussi cette idée de « dissolution » du parlement que certains appellent de tous leurs vœux. Le président de la République sait tout ça, et il reste le maître du jeu. En attendant de jeter son dévolu sur l'homme qu'il faut, il ne lui déplairait, sans doute pas, de jouer avec les nerfs des uns et des autres postulants. Tout comme Mitterrand en son temps, lui qui avait à choisir entre Rocard et Bérégovoy. Il invita ce dernier à déjeuner pour lui signifier à la fin du repas, très chaleureux par ailleurs, qu'il avait décidé d'envoyer Michel Rocard à Matignon. Le président de la République connaît aussi bien la classe politique que ses hommes. Il porterait en estime Abdelmalek Sellal en qui, il aurait déniché un fidèle collaborateur. Tout comme Ahmed Ouyahia chez qui il avait décelé, à l'époque, un potentiel énorme en terme de conception, d'analyse et de parfaite maitrise des concepts politiques et économiques. Ahmed Ouyahia, l'homme des dossiers force l'admiration dans les rangs des amis et des adversaires. Le meilleur d'entre nous, pour paraphraser qui vous savez. Il serait, laisse-t-on dire, bien coté, dans le sérail. Tous les pronostics le pointent, désormais, comme Premier ministre. De quoi mettre mal à l'aise un Abdelmalek Sellal qui, pour rien au monde, ne laisserait filer le Premier ministère qu'il considère comme une chasse gardée ! |
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