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Le FMI revoit à la
baisse ses prévisions pour l'économie algérienne en 2015. Il confirme que le
modèle actuel empêche la relance.
Tout ça pour ça ! Malgré tous les budgets d'équipement et les investissements consentis, l'Algérie ne réalisera qu'une croissance de 2.5 % en 2015, selon les prévisions du FMI. En révisant ses prévisions antérieures qui prévoyaient initialement une croissance de 4%, le FMI confirme que l'économie algérienne est structurellement incapable de donner de bons résultats, malgré les atouts qu'elle détient, les investissements énormes engloutis depuis une décennie, et le discours rassurant sur une volonté de diversifier l'économie algérienne. Les budgets faramineux consacrés au développement apparaissent dès lors comme un simple alignement de dépenses, plutôt que des projets cohérents et réfléchis destinés à restaurer la vitalité de l'économie. Ce qui explique cette faiblesse de la croissance, alors que le gouvernement avait décidé de mettre sur la table 285 milliards de dollars pendant le quinquennat 2010-2014 et de poursuivre cet effort avec 262 milliards de dollars sur le quinquennat 2015-2019. Ces prévisions sont en nette baisse par rapport au résultat moyen réalisé en 2014, lorsque l'économie avait connu une croissance de 4.1%. Pourtant, les spécialistes de l'économie, parmi lesquels les experts du FMI, sont formels : l'économie algérienne a les atouts nécessaires pour faire au moins 8% de croissance, voire aller à une croissance à deux chiffres. Elle réunit les principaux ingrédients : financement, besoins de l'économie, taille critique du marché pour le lancement de certains projets, etc. Mais les pesanteurs sont là. Elles sont rappelées à chaque revue réalisée avec le FMI. Lenteurs, bureaucratie, manque de souplesse, rigidité, manque de visibilité, instabilité juridique, faiblesse institutionnelle, corruption, etc. A chaque visite d'une délégation du FMI, le gouvernement promet de s'y attaquer et rédige une note qui reçoit l'aval des « partenaires sociaux » lors de la tripartite qui suit. Tout ceci reste cependant sans résultat. FAIRE UN BON DIAGNOSTIC Cette fois-ci, la situation est aggravée par la chute brutale des prix des hydrocarbures qui « exacerbe les facteurs de vulnérabilité budgétaires et extérieurs auxquels est actuellement confrontée l'économie » algérienne, selon le FMI. L'institution internationale prévoit en effet un solde extérieur déficitaire de 28 milliards de dollars, ce qui représenterait plus de 15% du PIB. Quant au budget de l'Etat, il devrait atteindre un déficit d'une ampleur inégalée. Un expert financier, Rachid Sekkak, prévoit ainsi que le Fonds de régulation des recettes pourrait être asséché en deux ans. Le gouvernement a commencé à y puiser en 2014 pour près de 15 milliards de dollars. Tous les indicateurs économiques sont d'ailleurs orientés vers le rouge. Baisse des recettes, déficit budgétaire et de la balance commerciale, chômage qui devrait repasser au-dessus de dix pour cent, inflation à 4% : les mauvaises nouvelles volent en escadrille, selon une formule consacrée. Ce qui n'empêche pas le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, d'annoncer un taux de croissance de sept pour cent, pour faire de l'Algérie un pays émergent à la fin de la décennie. Mais quel crédit accorder à un gouvernement qui vise 7% alors qu'il fait trois fois moins ? Pour l'Algérie, c'est l'incapacité structurelle de l'économie algérienne à faire des résultats qui inquiète, bien plus que la baisse des recettes en devises. Le problème n'est pas dans la baisse des recettes, il est dans le mauvais mode de gestion. Pendant de longues années, en effet, le pays dégageait un excédent commercial significatif, malgré l'explosion de la consommation, les gaspillages et la corruption. Les réserves du pays ont même frôlé les 200 milliards de dollars. Cela n'a pas pour autant permis de mettre sur pied une économie performante, capable de satisfaire une partie significative de la demande. L'explosion de la demande interne, favorisée par la hausse des salaires, a été satisfaite essentiellement par les importations, multipliées par trois en cinq ans. Ce sont les exportateurs traditionnels vers l'Algérie qui en ont tiré profit, réussissant à attirer près de 200 milliards de dollars durant les seules quatre dernières années. Dans l'intervalle, l'Algérie s'est créée de nouveaux problèmes. Le pays est entré dans un cycle de consommation dont il sera difficile de sortir. Les attentes de la société ont connu une forte hausse, alors que le pays ne s'est pas doté des outils nécessaires pour y répondre. L'industrie représente moins de 5% du PIB. Certains services, comme la santé, fonctionnent très mal. A tous ces handicaps, s'ajoute donc un mode de gouvernance désuet, qui constitue aujourd'hui le principal nœud qui freine la machine économique. Les institutions algériennes sont totalement sclérosées et ne peuvent plus offrir des issues à l'économie. Plus on met d'argent, plus les problèmes deviennent insolubles, notamment à cause de la volonté des lobbies internes et externes de s'accaparer la rente générée par les hydrocarbures. Le calcul est simple. « L'Algérie importera entre 500 et 1.000 milliards de dollars sur les dix prochaines années, selon l'évolution du prix du pétrole et la quantité d'hydrocarbures exportées », estime un économiste algérien. « Elle ne maîtrise ni le prix, ni les marchés. Mais ses partenaires se préparent déjà à capter cette somme qui sera intégralement réexportée pour satisfaire la demande interne », souligne-t-il. Avec son niveau d'investissements, l'Algérie devrait doubler son PIB tous les dix ans, avec une croissance annuelle entre sept et huit pour cent. Mais avec des résultats situés entre deux et quatre pour cent sur les cinq dernières années, la croissance dépasse à peine le taux de croissance démographique. |
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