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Louiza Hanoune s'en prend au FCE

par M. Aziza

Après avoir demandé l'intervention de Saïd Bouteflika, conseiller spécial et frère du président, pour mettre un terme aux dérives des «oligarques» au sein du gouvernement, Louisa Hanoune sollicite aujourd'hui l'intervention d'Abdelaziz Bouteflika pour «stopper les cafouillages» qui sont à tous les niveaux. C'est une question de survie de l'Etat, selon ses propos.

La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louiza Hanoune, a affirmé, hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège de son parti, que le président de la République n'a pas tenu son engagement quant à la révision rapide de la Constitution. Elle a appelé Bouteflika à soumettre rapidement la réforme constitutionnelle au peuple et surtout de ne pas la soumettre au Parlement.

Dans les détails, Louiza Hanoune affirme que le président avait bel et bien affirmé que la révision de la Constitution se fera immédiatement après les élections présidentielles. Et de préciser qu'il avait même réitéré avec force la nécessité de passer à la révision, lors de son investiture. La SG du PT affirme ne pas comprendre pourquoi un an après la mouture finale de la Constitution n'a pas été soumise au peuple ? Louiza Honoune insiste : si le projet sera soumis à l'Assemblée populaire, cela veut dire qu'on ne fait pas confiance au peuple algérien. Selon elle, soumettre le projet de la nouvelle Constitution au Parlement est une confiscation de la souveraineté du peuple.

En ce qui concerne les déclarations des uns et des autres sur les différentes « copies » de la nouvelle Constitution, Louiza Hanoune a affirmé dans ce sens qu'elle ne trouve aucune explication et n'a aucune lecture des déclarations contradictoires des différents responsables de différentes institutions. Elle a cité le président de l'APN, El Arbi Ould Khelifa, qui « a fait une déclaration à l'ENTV sur la nouvelle Constitution alors que personne ne l'a mandaté pour le faire, d'ailleurs Medelci l'a remis à sa place », a-t-elle souligné. Et de préciser que ce n'est pas le premier cafouillage, « les cafouillages se multiplient ce qui démontre la fragilité de l'Etat ». Et de préciser que cette fragilité extrême de l'Etat est due à la nature de ces institutions qui sont l'héritage du système obsolète du parti unique.

Elle poursuit son réquisitoire pour tirer sur le parti unique sans le citer nommément affirmant qu'il est derrière toutes les dérives y compris les dérives des oligarques qui par leur lien au gouvernement s'accaparent systématiquement les fonds publics. Pour Louiza Hanoune, le gouvernement actuel compte des ministres patriotiques et des ministres qui servent les intérêts des oligarques. Et d'affirmer que l'oligarchie est une forme plus sévère que le terrorisme. Pour ne pas citer l'homme d'affaires Ali Haddad, Hanoune a évoqué la frénésie du FCE. Elle affirme que cette organisation patronale n'a pas de limite, elle ne cesse de demander davantage de concessions en matière de fiscalité au profit des entreprises sans rien apporter en contrepartie. Pis, affirme-t-elle, le FCE envisage d'ouvrir des représentations au niveau d'une dizaine de capitales à l'étranger, dépassant ainsi les grandes organisations patronales étrangères telles que le Medef, les patrons américains, britanniques et allemands qui n'ont pas encore songé à ouvrir des représentations ailleurs que dans leur pays. Pour Louiza Hanoune, l'idée avancée par « ces affairistes » qui consiste à développer les exportations « est une foutaise ».

Elle enchaîne en exhortant les membres du FCE et les chefs d'entreprises à produire davantage, à alimenter le marché local et améliorer la qualité de leur produit, pour parler après de l'exportation. Pour Louiza Hanoune, ces oligarques veulent tout simplement créer un Etat parallèle pour privatiser les entreprises publiques, pour s'accaparer du ciel et de la mer afin de transférer l'argent du peuple à l'étranger, par le biais des représentations qu'ils comptent ouvrir.

Par rapport à ses récentes déclarations sur Saïd Bouteflika, écartant une succession de celui-ci au chef de l'Etat, Louiza Hanoune dit assumer toutes les déclarations qu'elle a faites à ce propos et de préciser qu'elle n'est pas une femme caractérielle. «Impossible, il n'y aura pas un régime héréditaire en Algérie», a-t-elle encore une fois affirmé.

Enfin, la SG du PT a présenté un bilan mitigé (des points noirs et des points positifs) un an après la réélection d'Abdelaziz Bouteflika à un quatrième mandat. La SG du PT a attribué des notes négatives à certains secteurs tels que le secteur de la santé, du transport, de la communication, de la jeunesse et des sports et de l'industrie. Des secteurs minés par la pression des lobbies, des secteurs qui ouvrent la voie à une privatisation masquée, selon elle. Louiza Hanoune a également critiqué l'accession de l'Algérie à l'OMC, les agissements du Calpiref qui, dit-elle, octroie des concessions pour du foncier au Sud et dans les Hauts Plateaux au dinar symbolique à des investisseurs privés qui n'investissent pas.

La liste des points négatifs est longue allant de la corruption généralisée au principe fondamental de la démocratie. Louiza a accordé quelques points positifs au secteur de l'habitat et au secteur de l'éducation, plutôt à la ministre de l'Education nationale, mais pour Hanoune, l'ouverture d'un débat général est primordial car, dit-elle, « nous sommes angoissés » après une année de la réélection du président de la République à un quatrième mandat, notamment par rapport au bilan.