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Avec deux
nouvelles distinctions internationales dans la recherche scientifique à son
actif, l'université Abou Bakr Belkaid de Tlemcen se trouve plus que jamais mise
à l'honneur. Medjdoub Amel, 27 ans, enseignante chercheuse à la faculté des
sciences de la nature, de la vie et de l'univers, lauréate du prix Sanofi 2014,
et Djabou Nassim, 32 ans, enseignant chercheur à la faculté des sciences
(département de chimie), primé par deux organismes français, le centre
permanent d'initiatives pour l'environnement (CPIE) et le centre de la culture
scientifique technologique et industrielle (CSTI), ont été honorés jeudi
dernier par le recteur de l'université, Ghouali Noureddine, à l'occasion de la
journée de yaoum el ilm, et ce en présence d'étudiants, professeurs, maîtres de
conférence, chargés de cours, employés, cadres et partenaires.
La chercheuse, Medjdoub Amel, a été primée par Sanofi Algérie qui a lancé en septembre 2013 son prix de recherche en santé lors de la visite en Algérie du docteur Elias Zerhouni, président du monde de la recherche et développement du groupe Sanofi. Ce prix s'inscrit dans le cadre de la promotion des travaux de recherche dans le domaine de la santé. Il est destiné à encourager les jeunes chercheurs dans les disciplines biologiques ou en recherche clinique afin d'accélérer le transfert de connaissances vers des applications diagnostiques et thérapeutiques. Sanofi Algérie a travaillé en partenariat avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui a désigné pour ce prix un jury composé de doyens d'universités, de directeurs de laboratoires de recherche et de représentants du ministère de la Santé. Le jury a été assisté par un groupe d'experts biologistes, médecins et pharmaciens. La première édition du prix Sanofi Algérie de la recherche en santé a reçu plus de vingt-huit candidatures. Il a été décerné en 2014 à Mme Amel Medjdouib, docteur en physiologie et biochimie de la nutrition de l'université Abou Bakr Belkaïd de Tlemcen du laboratoire PPABIONUT (physiologie, physiopathologie et biochimie de la nutrition) pour son travail sur « l'évaluation des effets des pesticides sur la prolifération lymphocytaire et le stress oxydatif in vitro ». Selon Amel Medjdoub, les pesticides, produits chimiques toxiques, constituent un moyen de lutte, le plus efficace contre les maladies majeures des plantes cultivées et sont nécessaires dans le maintien, voire l'augmentation des rendements agricoles. « S'ils permettent de détruire les insectes, rongeurs, mauvaises herbes ou champignons qui peuvent se révéler indésirables pour l'agriculture, ils provoquent d'autre part des pollutions graves de l'environnement qui ont des conséquences sur la santé humaine ». Divers systèmes expérimentaux ont servi à élucider les mécanismes d'action des pesticides mais, depuis quelque temps, l'expérimentation toxicologique et les études de toxicités diverses dépendent de plus en plus des modèles cellulaires. Les caractéristiques cellulaires des lymphocytes fournissent des avantages uniques pour l'exécution de tout plan expérimental et l'interprétation des résultats. Ainsi, les objectifs de ce travail de recherche sont d'évaluer l'immuno-toxicité de certains pesticides couramment utilisés pour le traitement phytosanitaire des denrées alimentaires (région de l'ouest algérien). Il apparaît clairement que les pesticides ont une action immuno-modulatrice néfaste et très précoce dont l'apparition précède l'installation des pathologies, notamment le cancer. Ainsi, la prise en charge des propriétés immuno-modulatrices, des anomalies métaboliques et du stress oxydatif provoqués par l'utilisation des pesticides, constitue une stratégie de lutte et de prévention afin de préserver la santé des agriculteurs utilisateurs de pesticides et des consommateurs. Ces tests effectués in vitro sur des cultures cellulaires sont donc à recommander chez tous les utilisateurs de pesticides (agriculteurs et familles d'agriculteurs, vendeurs de pesticides, habitants des zones agricoles, consommateurs) afin de voir les altérations précoces des lymphocytes et du statut redox dont la correction peut prévenir l'apparition de pathologies graves, a expliqué à notre journal Amel Medjdoub. Ces tests peuvent être utilisés pour tous les xéno-biotiques ou les médicaments en cours de développement ainsi que les composés rencontrés dans notre environnement et pouvant conduire à des problèmes de santé publique. Pour sa part, Djabou Nassim a indiqué que sa thèse effectuée entre février 2009 et mai 2012, comprend trois grands volets. Le principal volet est chimique, il concerne la caractérisation des compositions chimiques des huiles essentielles, les deux autres volets sont totalement complémentaires : un volet génétique dont le but est d'établir les séquences génétiques des plantes étudiées et examiner l'impact du patrimoine génétique sur la production de métabolites secondaires, et un volet microbiologique basé sur la mise en évidence d'activités antimicrobiennes des huiles essentielles étudiées. « Afin de mettre en application ces différentes approches, nous nous sommes intéressés à l'étude de quelques espèces et sous-espèces d'un genre appartenant à la famille des lamiacées : le genre teucrium. Ce genre est connu pour sa richesse en huiles essentielles, de plus il s'agit d'un genre très répandu dans le bassin méditerranéen, en particulier en Corse et en Algérie. Ces études visent aussi bien les huiles essentielles, les hydrolats et les fractions volatiles et, ainsi, nous avons étudié la composition chimique de la fraction volatile de plusieurs espèces appartenant au genre teucrium de Corse et de l'ouest algérien, nous avons caractérisé et étudié la variabilité chimique et génétique par une approche interdisciplinaire chimie-génétique des espèces et sous-espèces du genre teucrium, puis nous avons recherché une valorisation des huiles essentielles étudiées en développant une approche pluridisciplinaire chimie-activité biologique au travers de la mise en évidence des activités biologiques des huiles essentielles. Ce travail a permis de mettre en évidence la richesse du patrimoine végétal de la région de Tlemcen, ainsi l'approche chimie-génétique permettant de conclure que notre région, spécialement les montagnes de Tlemcen (le Tell), est considérée comme un hot-spot de la biodiversité végétale et ainsi permet de trouver des plantes aromatiques produisant des huiles essentielles originales avec une très forte valeur ajoutée, ce qui ouvre la voie à la production de ces huiles à l'échelle industrielle », a-t-il souligné. |
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