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Mettant sa menace
à exécution devant le silence de la tutelle ministérielle, le Conseil national
des enseignants du supérieur (Cnes) a entamé, hier, le premier de ses trois
jours de grève. Le bilan de ces premières 12 heures est mitigé, avec de bons et
de mauvais scores, justifié par la précipitation de l'action. Azzi Abdelmalek, le chargé d'information du Cnes, dira qu'«on n'a
pas eu le temps de se préparer», expliquant que les enseignants n'ont pas eu le
temps nécessaire pour davantage mobiliser autour d'eux, l'arrêt des cours
n'ayant été décidé que quelques jours plus tôt.
Le taux de participation de ce premier jour varie d'une université à l'autre. Ainsi à Batna, on a enregistré 40% de suivi, Béjaïa, un peu moins avec 30%. A Sétif, le Cnes parle de 75% de participation. Mais pour notre interlocuteur, le bilan ne sera exhaustif qu'au-delà du deuxième jour alors que «la vraie grève n'a pas encore débuté», précisera-t-il. M. Azzi donne rendez-vous pour mai en insistant sur la préparation des troupes. «Nous allons vers les assemblées générales pour décider d'autres actions à entreprendre», présageant ainsi d'un été chaud pour le ministère de l'Enseignement supérieur. Pour rappel, réuni le 10 avril dernier à Alger, le Cnes avait appelé à une grève de trois jours à l'université à partir de mardi 16 avril. Un arrêt de travail en préambule à un mouvement de protestation ouvert si la tutelle persiste dans son obstination à refuser les demandes «légitimes» des enseignants universitaires. Le communiqué du Cnes ne laisse aucune équivoque quant aux intentions des enseignants qui rejettent catégoriquement le nouveau statut de l'enseignant-chercheur, considéré comme «une régression» par rapport au texte en vigueur. Le Conseil souligne ainsi sa «grande déception» de voir le ministère maintenir le décret exécutif n°130-08 du 3 mai 2008 relatif au statut de l'enseignant-chercheur. Le communiqué regrette l'absence de dialogue avec le ministère de l'Enseignement supérieur qu'ils accusent d'avoir tourné le dos aux revendications des enseignants. Parmi la plateforme revendicative du Cnes, on retrouve les exigences socioprofessionnelles comme la question de la revalorisation salariale «afin de garantir à l'enseignant universitaire un revenu digne de son rang» ou encore le dossier du logement et sa prise en charge «effective». Contacté par «Le Quotidien d'Oran», Azzi Abdelmalek était revenu sur la revendication des enseignants du supérieur de débureaucratiser l'université en expliquant qu'il est temps que la désignation des responsables pédagogiques à l'université se fasse sur la base des compétences et non plus sur l'autel du clientélisme et des intérêts. «On demande un minimum de transparence dans ces désignations, à limiter les mandats par exemple», dira-t-il. Toujours à ce propos, il souligne cette longévité des responsables à leurs postes, ce qui nuit à la bonne gestion des universités. «On ne va pas jusqu'à exiger que les doyens soient élus, mais on demande à améliorer le système en place», ajoutera notre interlocuteur. Quant à la révision du système LMD et ses «conséquences néfastes sur l'enseignement universitaire» comme rapporté par le même communiqué, M. Azzi affirme qu'il est plus que nécessaire de «faire une évaluation correcte et objective du LMD et corriger ce qu'il y a lieu de corriger». Rappelons que ce système tant décrié a été au centre de nombreux débrayages d'étudiants de différents instituts. Le chargé d'information du Cnes estime également qu'«on ne peut pas gérer le LMD avec d'anciens textes et qu'il serait plus judicieux de les mettre à jour». Le Cnes, par ailleurs, laisse ouverte la session de son conseil national pour décider des suites à donner à son mouvement de protestation en se réunissant le samedi prochain. |
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