
Occupant le
passage souterrain de la Brèche depuis environ vingt ans, les vendeurs, qui ont
été victimes à trois reprises (2010, 2012 et 2015) d'incendies ravageurs qui
ont détruit leurs marchandises, sont maintenant sur le départ. Ils ont arrêté,
hier, avec les autorités locales concernées (la wilaya, l'OPGI et la direction
du patrimoine de la mairie) les modalités de ce départ que la grande majorité
d'entre eux a fini par accepter. « Nous n'avons d'autres choix que de souscrire
aux propositions qui nous ont été faites hier par les autorités d'accorder à
chacun des commerçants touchés par la catastrophe de vendredi un local dans une
des localités de son choix : Benbadis (El-Haria), Massinissa, El-Khroub, la
nouvelle ville Ali Mendjeli et Aïn Smara. Et chacun peut prendre la destination
de son choix », nous a expliqué, hier matin, un groupe de ces commerçants qui
ont fait partie de la délégation de 7 membres qui a mené les négociations,
lundi soir, au cabinet du wali avec les autorités sus-indiquées. Et d'ajouter
avec une pointe de regret et beaucoup de lassitude dans la voix : « Nous avons
fini par être convaincus de cette option après avoir compris que c'est terminé,
nous ne pouvons plus prétendre continuer à travailler dans ce souterrain qui
sera rendu à sa vocation première de passage pour piétons. Les autorités ont
été formelles à ce sujet et nous avons pensé que ce n'était pas la peine de
s'accrocher à cet endroit qui est devenu le tombeau des espoirs et des efforts
que nous avons déployés, depuis maintenant près de 18 ans, pour nourrir nos
familles ».
Lundi dans
l'après-midi, de nombreux commerçants, qui cherchaient en effet à s'accrocher à
ce qu'ils continuaient à considérer comme leur territoire conquis, ont organisé
un sit-in bruyant devant le palais de justice, siège de la cour de Constantine,
qui a duré environ 90 minutes, en brandissant des banderoles, « pour protester
contre le mal qui nous a été fait et demander réparation, que justice nous soit
rendue », nous dira un vieux commerçant d'articles d'habillement qui ne cessait
de clamer qu'il avait perdu plusieurs centaines de millions dans l'incendie.
Ils ont alors été invités par la police à se diriger vers le cabinet du wali
pour discuter avec les autorités. Ils ont constitué une délégation composée de
7 commerçants et sont allés négocier. « Ils nous ont proposé d'abord le hangar
situé à la rue du 20- Août 1955, l'ancien siège de la Sonitex, tout près de
l'actuel siège du secteur urbain de Sidi Rached. Mais nous avons rejeté cette
proposition pour l'avoir déjà expérimentée par le passé, et les autorités ont
sorti alors les propositions que nous venons de citer. Des commerçants ont
exprimé leur désaccord, mais il s'agit d'une minorité constituée surtout de
gens qui sont associés dans un local parmi ceux qui ont été brûlés et dont
chacun veut avoir son propre local. Il nous reste encore à nous entendre avec
le directeur du patrimoine de l'APC sur les modalités de versement des
cautionnements avant de prendre possession des nouveaux locaux », ont expliqué
nos interlocuteurs. En conclusion, diront de nombreux citoyens et d'une façon
spéciale ceux qui suivent ce dossier, on peut constater avec bonheur que les
uns et les autres ont fini par se rendre à l'évidence que le souterrain de la
place de la Brèche ne peut être viable pour abriter des activités commerciales.
C'est ce que n'ont cessé de le dire noir sur blanc les différents rapports de
la Protection civile et les recommandations que ce corps de la prévention et de
la sécurité a faites après chaque catastrophe qui s'est produite sur ces lieux
qui avait transformé en un véritable souk, au sens péjoratif du terme, où les
mesures de sécurité étaient quasiment absentes des préoccupations de ses
occupants.