De nouveaux huns s'installent avec une allégresse déconcertante en prenant en otage des quartiers entiers comme si le pays était livré aux vents. Ce qui s'est passé la semaine dernière dans une des agglomérations d'Oran est d'une gravité extrême. Des jeunes et des moins jeunes sont sortis d'on ne sait d'où armés de sabres et de dagues pour se disputer des territoires voulus avec une conviction débile bien personnel. Un quartier entier a été saccagé et le visage sinistre qu'il a offert n'avait rien à envier à des sites des batailles de guerre dévastés. L'enjeu était la conquête d'un territoire public, plateforme accaparée pour violer à ciel ouvert la citoyenneté en rançonnant les automobilistes. Vrai barrage légalisé par une docilité obligée et par une terreur officialisée. Une machette aiguisée rapporte en un jour ce que gagne un honnête cadre supérieur en un mois.

Le terrifiant mal fondé avancé par des zombies d'un curieux genre s'installe un peu partout et se généralise. Le gourdin et l'épée sont devenus des oscars d'une intelligence débridée, prouvant que l'uniforme de l'Etat n'est plus qu'un habit d'amateurs pompiers.

A Constantine, à Oran et un peu partout ailleurs, des échauffourées dramatiques et des batailles guerrières se produisent chaque jour pour des mains mises sur des parkings qui s'avèrent rapporter gros au vu et au su de tout un monde passif qui se plie à une féroce mode nouvelle de prostitution faisant endosser à l'Etat le rôle de proxénète.

La paix sociale a bon dos et les gouvernants ne se rendent pas compte qu'en fermant les yeux sur cette véritable colonisation infantile ils prescrivent une euthanasie généralisée. L'inconséquence de ce laisser-faire est d'autant plus criarde que l'Etat croit bien faire quand à l'opposé de ses bras croisés dans ce domaine il déploie par ailleurs pour affirmer la permanence de son existence des artifices de gauches parades qui ne participent qu'à l'étranglement des mouvements de la population.