
Un incendie grave a ravagé, hier vendredi, aux premières lueurs de
l'aube, la partie haute du marché souterrain de la place de la Brèche à
Constantine. Selon les nombreux témoignages des commerçants et des riverains
que nous avons recueillis sur les lieux, le feu a pris aux environs de cinq
heures, rapide et intense et les passants qui revenaient des mosquées où ils
avaient accompli la prière d'El-Fedjr ont été fortement surpris par les nuages
de fumées ocres et dégageant une forte odeur de plastique brûlé. Et
quelques-uns ont eu rapidement le réflexe d'appeler les pompiers qui sont
arrivés et ont commencé à combattre le feu. «Mais un peu tard, car les flammes
avaient déjà détruit la totalité des 30 locaux et des 110 étals qui se
trouvaient dans cette galerie», a considéré un commerçant du souterrain que
nous avons reçu hier à notre bureau. Ce dernier a néanmoins indiqué que les
sapeurs-pompiers se sont heurtés aux portes métalliques cadenassées qui
bouchaient les 11 entrées de la galerie qui ont ralenti leur travail.
En tout point pareil à l'incendie qui a déjà touché cette partie du
passage souterrain au premier jour du Ramadhan 2012, le sinistre intervenu hier
apparaît toutefois plus important en ce sens que les flammes, qui se sont
propagées rapidement, ont tout brûlé, ne laissant que des murs noircis par la
fumée. «Heureusement qu'il n'y a pas eu de pertes humaines, mais uniquement des
dégâts matériels qu'on peut estimer à plus de 64 milliards de centimes», ont
déploré des commerçants que nous avons rencontrés sur les lieux, lesquels ne
cessaient de se lamenter sur les pertes qu'ils ont subies. «Notre place
marchande permettait la subsistance de plus de 200 familles. Qu'allons-nous
devenir à présent ?», se sont-ils lamentés, en affirmant qu'ils sont persuadés
que, cette fois-ci, il s'agit d'un acte délibéré et non d'un court-circuit
comme cela a été démontré après l'incendie de 2012. Et nos interlocuteurs
d'expliquer que le souterrain était gardé par une équipe formée de 8 gardiens
qui travaillaient en équipes de 4, deux désignés par la mairie qui est le
propriétaire des lieux, et deux payés par les commerçants eux-mêmes. Mais, hier
matin, tout le monde ne parlait que d'un seul gardien qui a été surpris par les
flammes. Et ce dernier se trouverait au service des urgences du CHU, dans un
état grave. Comment a-t-il pu s'échapper ? Qui l'a secouru ? Personne n'a pu
répondre à nos questions d'autant plus que les pompiers et les agents de
sécurité avaient pour consignes de ne rien communiquer, enquête en cours
oblige.
Appelés par leurs collègues, les commerçants sont arrivés à différentes
heures de la matinée pour constater la catastrophe et ils furent tentés de
bloquer toute circulation à la place des Martyrs. Malheureusement, ils ont vu
que cette stratégie ne réussirait pas car les services de sécurité avaient déjà
pris la précaution de boucler les lieux, empêchant l'accès à l'hyper centre de
la ville aux véhicules débouchant des différents quartiers, ceci pour faciliter
le travail des pompiers venus avec un renfort impressionnant de camions
anti-incendie, ainsi qu'à la police scientifique que nous avons vu opérer sur
les lieux. Il était environ 10 heures lorsqu'une délégation composée de 7
commerçants a été appelée pour rejoindre le cabinet du wali où elle a été reçue
par les responsables de la wilaya. D'après les délégués, ils ont été reçus par
le wali, en présence du maire, et ces derniers leur ont promis que le soir
même, après que les enquêteurs eurent quitté les lieux, les services de la
mairie vont entrer en action pour déblayer, enlever les gravats et les traces
de fumée laissées par l'incendie pour laisser place aux travaux de restauration
qui vont être lancés rapidement par une entreprise qui sera désignée dès ce
dimanche. «Quant à nous, nous avouons que nous sommes sceptiques quant à la
volonté des autorités locales à tenir les promesses qu'elles viennent de faire
si facilement pour nous calmer et nous faire patienter. C'est pourquoi, nous
venons de décider de tenir chaque jour un sit-in devant le tunnel pour les
obliger à tenir leurs promesses», nous a fait savoir, midi passé, M. Chérif, le
commerçant que nous avons accueilli dans notre bureau.