La suspension par les Douanes algériennes de la délivrance des
autorisations de ports secs aux opérateurs du commerce extérieur est en vigueur
depuis fin février dernier, a précisé, ce jeudi, le ministre des Finances,
Mohamed Djellab. Répondant à une question orale d'un député de l'APN, il a
expliqué que cette suspension entre dans le cadre d'un plan de réorganisation
des espaces destinés au stockage des conteneurs et qu'elle se poursuivra
jusqu'à parachèvement de leur évaluation pour cerner et déterminer leur
capacité d'adaptation aux besoins actuels. Il indiquera également que cette
opération devra permettre une révision de la répartition géographique pour
davantage d'équilibre régional et rationaliser la ressource humaine nécessaire
à un meilleur encadrement des ports secs. Rappelons que le port sec constitue
un dépôt temporaire extra-portuaire, considéré comme un prolongement naturel
des ports maritimes et ne peut donc être rattaché qu'à un seul port. Il est
créé, après accord préalable du directeur général des douanes, par l'autorité portuaire
ou les exploitants. Le port sec n'est ouvert qu'aux marchandises conteneurisées
importées, destinées à être exportées ou réexportées, dans les conditions que
l'exploitant négocie dans un cadre conventionnel. Le recours aux ports secs a
été autorisé pour régler les problèmes de congestion des ports maritimes et
accélérer le délai de livraison des conteneurs chez les importateurs. Un sujet
évoqué lors de la dernière Conférence nationale sur le commerce extérieur
puisque plusieurs opérateurs économiques se sont plaints du manque de moyens
logistiques et des délais assez lents du traitement des marchandises. A propos
de la contrebande frontalière, M. Djellab a précisé que plusieurs mesures ont
été prises par l'administration douanière pour renforcer le contrôle des
régions frontalières à travers l'intensification des patrouilles, le
renforcement de la vigilance au niveau des postes frontaliers, le suivi du
mouvement des capitaux et le contrôle rigoureux des produits de consommation
destinés aux villes frontalières.
Ce dernier point est diversement apprécié par les populations de ces
régions qui s'estiment stigmatisées et doublement pénalisées à cause des
restrictions responsables de l'envolée des prix des produits subventionnés. Le
ministre indiquera également que les Douanes s'attellent à former ses agents
pour lutter contre le trafic et la drogue et à se raccorder électroniquement
avec le secteur bancaire pour permettre un suivi en live des transactions,
outre la création de 80 postes de contrôle sur la bande frontalière. Question
chiffres, M. Djellab évoquera les 5836 opérations de saisie effectuées par les
Douanes en 2014, d'une valeur de 4,3 milliards de DA ainsi que les 761
véhicules saisis. On rappelle que dans sa lutte contre la contrebande, l'Etat
avait durci la loi pour se prémunir contre les nombreux tentacules de ce fléau
et le Conseil des ministres, tenu fin septembre 2013, l'avait rappelé en
examinant et approuvant un projet de loi modifiant et complétant l'ordonnance
05-06 du 23 août 2005 relative à la lutte contre la contrebande. Un nouveau
texte de loi venu renforcer l'arsenal juridique déjà existant mis en place par
le gouvernement, le renforcer et le rendre davantage efficient dans la
protection de l'économie nationale en visant notamment la lutte contre le
trafic de carburant devenu une véritable économie souterraine ces dernières
années au niveau des régions frontalières. Et pour affirmer la volonté de
l'Etat à ouvrir un véritable front contre la contrebande et souligner sa
dangerosité, ce projet de loi prévoyait de mettre sur un même pied d'égalité
pénale les infractions relatives à la contrebande avec celles du port d'arme à
feu ou de la contrebande d'armes. C'est dire l'engagement du gouvernement à en
finir avec ces barons de la contrebande qui ont bâti des fortunes colossales au
détriment de l'économie nationale et de la santé publique. Rappelons que le
gouvernement Sellal avait annoncé un durcissement des sanctions prévues dans le
code pénal en réaction aux chiffres quasi quotidiens des saisies opérées par
les différents services de sécurité au niveau des frontières terrestres est et
ouest. S'agissant de la loi de Finances complémentaire 2015, annoncée par le
Premier ministre, M. Djellab a indiqué qu'elle prévoit des mesures visant la
«rationalisation des dépenses et la protection de l'économie nationale», sans
donner d'autres précisions.