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Un autre scandale
de corruption, impliquant des cadres du ministère des Travaux publics,
notamment, sera examiné, aujourd'hui, mercredi, par le Tribunal criminel
d'Alger : celui de l'affaire dite de la réalisation de l'autoroute Est-Ouest.
Un gros pavé, très médiatisé, que la justice algérienne va juger, une semaine
après le report de l'autre scandale économique, celui de l'affaire Sonatrach 1.
Le calendrier des affaires criminelles du Tribunal d'Alger est, ainsi, riche de
ces scandales économiques et financiers qui font jaser les Algériens, qui se
demandent qui sont ces intermédiaires qui brassent des millions de dollars au
détour des grands projets de développement du pays ? Le scandale des
pots-de-vin, des commissions et rétro-commissions, dans l'affaire de la
réalisation de l'autoroute Est-Ouest, dotée d'un budget de 6 milliards de
dollars, remonte à 2009, lorsque les services de la direction du Renseignement
et de la Sécurité (DRS), établissent un lien douteux entre le principal accusé
dans cette affaire, M.C (en détention), homme d'affaires algero-luxembourgeois,
et le groupe chinois de construction CTIC-CRCC. En gros, il s'agissait de
donner le projet de réalisation de cette autoroute au groupe chinois, en
contrepartie de commissions et d'avantages en nature. Le premier rapport sur
cette affaire parle, en réalité « d'association de malfaiteurs, espionnage
économique, corruption, blanchiment d'argent, trafic d'influence et
dilapidation de deniers publics ». M.C aurait obtenu de cadres du ministère des
Travaux publics, des avantages et des priorités dans le projet en question, en
contrepartie de commissions que lui auraient versées les entreprises chinoises,
impliquées dans ce projet, dont CITIC-CRCC. Mais, il n'y a pas que lui, dans
cette affaire, puisque des cadres du ministère des Travaux publics, dont
certains proches de Amar Ghoul, du temps où il présidait aux destinées de ce
département, sont, également, impliqués, dans certains sont, en détention
provisoire. Une grosse affaire qui met en jeu des commissions de plusieurs
millions de dollars, versées par des groupes étrangers co-contractants du
projet de cette autoroute Est-Ouest dont beaucoup de tronçons ont révélé des
malfaçons, et qui sont devenus, aujourd'hui, le cauchemar des automobilistes et
du ministère des Travaux publics. Dans le box des accusés, des cadres
supérieurs du ministère des Travaux publics, dont l'ex-SG, de l'Agence de
gestion des Autoroutes, des proches de personnalités et des entreprises
étrangères. Outre M.C, le présumé « cerveau » de cette affaire, il y a, aussi,
un autre accusé, SATA, qui a impliqué également, son cousin, qui aurait perçu
des commissions d'entreprises canadienne et portugaise, et versées à ses
comptes dans des paradis fiscaux. Son nom est cité dans la récente affaire
?Swissleaks', qui a trait au scandale de la Private Bank, la filiale suisse du
groupe bancaire sino-britannique, HSBC. Dans la liste des comptes algériens,
domiciliés dans cette banque, il y a, ainsi, le nom de Sid Ahmed Tadjeddine
Addou, homme d'affaires. Le nom de Sid Ahmed Tadjeddine Addou est lié à deux
comptes ouverts à HSBC Suisse aux noms de deux sociétés domiciliées aux Îles
vierges britanniques, Rubato Holdings Limited et Merland Limited. Ces deux
sociétés auraient servi, selon les conclusions du magistrat instructeur, en
charge de l'affaire de l'autoroute Est-Ouest, à dissimuler les transactions
fictives avec le groupe canadien SM International Inc. et le groupe portugais
COBA.
Le procès aura lieu devant le tribunal criminel d'Alger qui va statuer sur plusieurs délits criminels, dont « corruption, blanchiment d'argent, trafic d'influence et dilapidation de deniers publics ». Fin 2014, la Cour suprême avait, définitivement, tranché sur les recours introduits par les défenseurs des accusés, qui avaient demandé la requalification des faits de crime en simples délits. La Chambre d'accusation auprès de la Cour Suprême avait, ainsi, renvoyé le dossier, estimant que les actes pour lesquels les prévenus sont poursuivis sont des affaires criminelles et non des délits, d'où le renvoi de l'affaire devant le tribunal criminel et non celui correctionnel. Aujourd'hui, il y aura 16 personnes, dont 2 en fuite et 4 en détention, qui seront jugées ainsi que 7 sociétés étrangères (en tant que personnes morales) Citic-CRCC (Chine), Cojaal (Japon), SM Inc (Canada), Isolux Corsan (Espagne), Pizarotti (Italie), Garanventas (Suisse) et Coba (Portugal), qui vont répondre de plusieurs délits criminels. Pour autant, ce procès pourrait connaître le même sort que celui de l'affaire dite Sonatrach 1, qui a été reporté à la prochaine session criminelle. La défense des accusés, dans des déclarations de presse, avait indiqué, à la veille de l'ouverture de ce procès, que (son) report est « nécessaire » pour bien préparer la défense des accusés. Le projet porte sur la réalisation de plus de 1.216 km d'autoroute, pour un montant global initial de 7 milliards de dollars. Ce montant avait été réévalué à la hausse, en 2011, à plus de 11 milliards de dollars. Fin novembre 2014, l'actuel ministre en charge du secteur, l'a évalué à plus de?13 milliards de dollars. |
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