L'opposition de
droite de l'ex-président Nicolas Sarkozy est sortie vainqueur dimanche en
France du premier tour d'un scrutin départemental, faisant échec au pari de
l'extrême droite de s'afficher première force du pays, deux ans avant la
prochaine présidentielle. La gauche au pouvoir a mieux résisté qu'attendu mais
le Parti socialiste (PS) du président François Hollande, qui a franchi la barre
des 20%, essuie un quatrième revers de rang, après les municipales, les
européennes et les sénatoriales de 2014. Le Front national (extrême droite),
crédité avant le scrutin d'au moins 30% des intentions de vote par les
instituts de sondage, n'a recueilli finalement qu'un quart des votes avec
25,35% des voix, selon les derniers décomptes du ministère. Il est arrivé en
tête du premier tour dans 43 départements, sur les 98 concernés par les
élections départementales, selon la même source. Le scrutin est considéré comme
un avant-dernier tour de chauffe avant des régionales fin 2015 et la
présidentielle de 2017. «L'alternance est en marche, rien ne l'arrêtera», a
clamé M. Sarkozy. Selon une totalisation communiquée par le ministère de
l'Intérieur à 02H00 GMT, 220 candidats de droite, 56 de gauche, 8 FN et 6
divers ont été élus dès le premier tour. «Les formations républicaines ont tenu
leur place, l'extrême droite n'est pas la première formation politique de
France», a noté le Premier ministre socialiste Manuel Valls, en se réjouissant
que les Français aient voté «plus que prévu». Le parti UMP dirigé par Nicolas
Sarkozy, et ses alliés centristes de l'UDI, sont arrivés en tête avec entre
32,5% des suffrages, selon les estimations des instituts de sondage. Les
socialistes et leurs partenaires à gauche atteignaient 36,2% contre 36,5% pour
le bloc de droite mais ce coude-à-coude est en réalité purement théorique et ne
devrait pas empêcher un revers électoral pour la gauche en raison des
divisions, selon les politologues. Manuel Valls a appelé «tous les républicains
à faire barrage à l'extrême droite au deuxième tour», dimanche prochain. La
dirigeante du FN Marine Le Pen a estimé qu'au vu du score du PS, le chef du
gouvernement, qui s'était investi dans la campagne en tirant à boulets rouges
contre le FN, devrait «avoir la décence de remettre sa démission». «Le FN
réussit l'exploit de dépasser son score des européennes (24,85%)», a-t-elle
affirmé, en se félicitant que son parti «s'enracine élection après élection» en
France. A droite, Nicolas Sarkozy a assuré que l'UMP et ses alliés ne
concluront «aucun accord local ou national avec les dirigeants du FN». Là où
les candidats de l'UMP «ne seront pas présents au second tour», le parti
«n'appellera à voter ni pour le Front national ni pour la gauche», a-t-il
précisé. «Objectivement, chacun peut vraiment se réjouir. L'UMP parce que,
clairement ils arrivent à se distinguer du Front National et arriver en
première position. Le FN parce qu'il progresse par rapport aux dernières
élections. Et puis le PS parce que notamment le surplus de mobilisation leur a
permis de passer la barre des 20%», a souligné Jean-Daniel Lévy, directeur du
département opinion chez Harris Interactive. Le scrutin de dimanche a été
marqué par une forte abstention, estimée autour de 50%, mais la participation a
été supérieure à celle des européennes de 2014 et du précédent scrutin local
comparable en 2011. La mobilisation plus forte des électeurs n'a pas profité à
l'extrême droite, qui a échoué dans son ambition d'arriver en tête du scrutin
pour la deuxième fois en moins d'un an après les européennes. Le FN caracolait
en tête depuis plusieurs mois dans les sondages pour ces départementales, mais
l'écart avec l'UMP s'était resserré au cours des derniers jours. La patronne du
Front national affiche l'ambition de partir «à l'assaut de l'Elysée», le palais
présidentiel, en 2017. A la tête d'une soixantaine de départements sur 101, la
gauche divisée (socialistes, écologistes, communistes) est menacée d'en perdre
près d'une trentaine. L'UMP devrait profiter au second tour d'un report de voix
de gauche pour contrer l'extrême droite et rafler la mise avec ses alliés
centristes.