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L'inspecteur général du ministère de l'Education s'en prend au CNAPESTE : «Une prise d'otage gigantesque»

par El-Houari Dilmi



C'est un constat sans complaisance auquel s'est livré hier, sur les ondes de la Chaîne III, l'inspecteur général du ministère de l'Education nationale, M. Nedjadi Messeguem.

«L'Ecole algérienne est en danger, elle doit impérativement revoir sa copie», a-t-il tonné regrettant que les élèves «se retrouvent disqualifiés, des suites de la régression du niveau scolaire constaté au cours des dix dernières années». Intervenant pour la deuxième fois sur cette même chaîne en l'espace de quinze jours, Nedjadi Messeguem n'a pas pris de gants pour déclarer que «le système d'enseignement en Algérie, comme le montrent des enquêtes internationales, n'a plus, aujourd'hui, ni le niveau des pays développés, ni celui des pays sous-développés, même le baccalauréat algérien a perdu de sa valeur, puisque toujours basé sur le système transmissif». Se félicitant du «retour massif» des enseignants, l'inspecteur général a tiré à boulets rouges sur le CNAPEST, qualifiant sa grève de «chantage intolérable». «Chaque année, ce syndicat choisit cette période pour prendre en otage les élèves, surtout ceux se présentant à l'examen du baccalauréat», ajoutant que le CNAPEST «fait peser une menace réelle sur l'école républicaine, puisqu'il n'est plus dans son rôle d'organisation socioprofessionnelle mais dans celui d'un acteur politique». «C'est une prise d'otage gigantesque qu'est en train de commettre ce syndicat, avec lequel nous avons engagé des négociations, 10 heures durant, autour de 14 revendications auxquelles nous avons répondu favorablement» a-t-il expliqué. Le représentant du ministère de l'éducation s'est dit «outré par le caractère insensé» de certaines revendications du CNAPEST, comme celle de réclamer un départ à la retraite au bout de 25 années d'activité et une promotion automatique des enseignants et un avancement automatique dans le grade, «sans qu'ils ne suivent une formation, ou ne subissent un examen de niveau». «Malgré notre volonté affichée de dialoguer avec lui, ce syndicat continue à camper sur ses positions, notamment à la question de promotion automatique de 100.000 enseignants, une revendication impossible à satisfaire», a-t-il indiqué, ajoutant qu'il a été convenu d'une nouvelle rencontre avec ce syndicat «pour trouver une issue à la crise». Il émet toutefois le vœu que le CNAPEST, comme les autres organisations, «adhérent à une charte d'éthique et de stabilité». Il explique que treize (13) instituts technologiques de l'éducation (ITE) ont déjà été récupérés par le ministère de tutelle, d'autres le seront avant la fin de l'année, «dans l'objectif d'arriver à un centre de formation dans chaque wilaya, et du coup, mettre à niveau les enseignants pour une nouvelle pratique de la classe, basée sur une refonte pédagogique et amélioration du niveau de l'élève et, donc, du citoyen de demain». M. Messeguem précise que la «vision très claire de la ministre de l'Education est justement de passer à l'étape de la qualité et transformer radicalement notre système éducatif, au vu des compétences dont nous disposons à l'échelle nationale».

Rebondissant sur le retard occasionné par la grève de certains enseignants, l'invité de la Chaîne III a affirmé que celui-ci est «rattrapable ; on a déjà réalisé 75% des programmes et, outre le recours aux enseignants retraités, nous avons remis des CD interactifs, accompagnés d'une plate-forme numérique, aux élèves afin qu'ils puissent réviser les programmes qu'ils auraient rater», a expliqué l'inspecteur général précisant que «les examens de fin d'année ne seront pas repoussés à une date ultérieure et qu'ils se dérouleront à la date fixée initialement».