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Les
Français s'ennuient à l'école tel est le constat de la France de l'éducation. Avec
des classes de 25 élèves, la France s'est rendue compte que le programme actuel
et la configuration scolaire n'aident pas les élèves à s'épanouir, il est vrai
aussi qu'ils sont loin du modèle scandinave réputé être le meilleur du monde.
Alors que dire de l'école algérienne, réputée être à la traîne dans le
classement de la FIE, la Fédération internationale des écoles. L'ennui est un doux
euphémisme pour qualifier le paysage scolaire national, lorsqu'il existe. Avec
des classes d'une moyenne de 45 têtes, il est difficile, voire inconcevable, de
parler d'une politique cohérente de l'éducation. Il est encore plus difficile
de dire que l'élève ne s'ennuie pas car l'école elle-même ennuie. Elle ennuie
tout le monde, élèves, parents, enseignants et tutelle. L'école ennuie
tellement que, par un tacite accord, elle ferme sept mois sur douze, quatre
pour les vacances cumulées et trois pour les grèves. L'école ennuie tellement
que les enseignants ont décidé d'en créer une autre, parallèle, où lorsqu'ils
sont officiellement en grève dans l'école de la République, ils peuvent être
doublement payés en donnant des cours particuliers. Des enseignants qui, en
guise de programme scolaire, ont une plateforme de revendications renouvelable
chaque année. Une liste d'exigences qui n'inclue ni l'allègement du cartable
encore moins du programme ni une revue à la hausse de leur niveau. L'excellence
n'étant pas une obligation contractuelle. Une école est devenue une fabrique à
monstres, servant d'alibi quand elle n'est pas un tube à essais. 52 ans après
l'indépendance, on en est toujours au stade du bricolage et de l'improvisation,
des réformes et des contre-réformes et du bras de fer inutile entre ministres
et sigles syndicaux prenant en otage les millions d'élèves broyés par la
machine. A croire que celui qui lui a jeté un sort est mort depuis longtemps.
Rien n'aura été épargné à cette école mangée par un système éducatif aussi
tatillon qu'obsolète, précipitant des centaines de milliers d'élèves à la rue
pour gonfler les chiffres de la déperdition scolaire. L'école est devenue à
force de replâtrage, de méthodes d'enseignement importées et de calculs
politiciens, un laboratoire d'essai qui fabrique chaque année des millions de
lobotomisés. Entre des taux de réussite aux examens de passage dopés,
interdiction de renvoyer des élèves qui arrivent à date de péremption faisant
exploser la démographie scolaire, les passe-droits, tous les subterfuges ont
été utilisés pour donner de l'école une image plus soignée. Et en s'attaquant
aux faux problèmes, on est certains de ne pas trouver les vraies solutions à la
tragédie que vit cette école qui n'en finit plus de nous faire mourir d'ennui.