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«Les clans»

par El-Guellil

P lus ça va, plus ça ne va pas ! Plus ça avance, plus on recule. Chaque jour amène avec lui son lot de surprises. Les taxis clandestins, ce phénomène qui se développe de jour en jour, trouvent clientèle malgré la multiplication des transports urbains collectifs et le nombre impressionnant de taxis. Même zadou le tram, on les trouve partout, dans chaque quartier, à chaque placette... Allah ghaleb, ils se débrouillent comme ils peuvent... Ils ne sont pas en train de voler... Ils sont interdits, mais tout le monde est d'accord pour dire qu'ils rendent service.

Les gardiens autoproclamés de voitures, cette faune qui vient on ne sait d'où. Qui se partagent toutes les aires de stationnement, grâce à l'autorisation qui leur est accordée par le gros gourdin qu'ils ont à la main et, quelquefois même, un sifflet. «Ya khouya, moi je préfère lui donner dix dinars que de voir ma voiture défoncée». «Il n'y a pas de boulot, Allah ghaleb». «Ya sidi, je préfère qu'il fasse ce boulot au lieu d'aller voler». L'illégal, légalisé, aux yeux de tous.

Tu squattes un abribus, tu installes un étalage, tu exposes des fruits et légumes, chkoun va te déloger ? Ceux qui ne prennent pas le bus ? Ma ranich sûr.

Au fait, c'est toute la ville qui fonctionne au trabendo. A ce train-là, il viendra un jour où avant de pouvoir franchir le seuil de ton immeuble, tu devras payer. Tu trouveras un énergumène stationné devant. «Je suis le gardien de l'immeuble monsieur, vous devez me payer pour le travail que je fais». Qui t'a fait gardien ? A ces mots, il te sortira son autorisation: un gros gourdin renforcé par de la ferraille.

Comme quoi, gérer un pays, c'est d'abord bien gérer la ville.