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de la famille, crédits logements, aides, Ansej, etc., depuis peu, les ministres
ou l'administration algérienne se retrouvent de plus en plus à en justifier les
formules face au binaire national du hallal/haram. On écoute, abasourdis, des
ministres justifier des lois et des mesures face à la doxa islamiste comme s'il
s'agissait d'une constitution, de la voix d'Allah ou de l'islam en mode
copyright déposé par les islamistes. Des ministres ne trouvent déjà plus
ridicule et scandaleux de se justifier, l'échine courbée, la voix douce face au
courant belliqueux et totalitaire qui met le pays sous son genou et ses
ablutions. Etonnante soumission ambiante et confusion des genres. Cette lâche
soumission part d'un principe faux : les islamistes et leurs journaux et TV
sont donc l'islam et le régime doit justifier ses politiques économiques ou
sociales devant cette papauté méchante. Il est donc supposé que les islamistes
sont l'islam et ses propriétaires et ses représentants légitimes et le régime
doit rendre compte de ses visions devant ce parlement d'Allah. Des ministres
talibanisés sont aujourd'hui le signe marqueur de ce basculement de la
république dans le califat diffus et ne s'en cachent pas : on ne se justifie
pas devant le citoyen mais devant le croyant, on se sent coupable face aux
islamistes et pas face à la république, on prend des gants pour s'expliquer
devant une version de la charia et pas devant une constitution, une démocratie
(même formelle) et devant une nation. Le lexique ambiant est celui de «ne pas
heurter», ménager «les sensibilités», s'adapter aux «valeurs de la famille
algérienne», ne pas être en contradiction avec les fatwas.
Et le pire dans l'équation, est qu'il ne s'agit pas d'islam mais d'islamistes «normalisés» que ce régime et ses ministres, parfois en mode sous-culture et lâcheté détestable, tentent désormais de ménager. Ils le font dans le discours, dans leurs propres familles et affichent le turban dans leur entourage. Aucune nuance n'est désormais de mise entre république et talibans, ni entre islam et islamistes, ni entre droits et lois, et fatwas et pressions idéologiques des islamistes. Rien. L'islam c'est les islamistes puisqu'ils crient plus forts, peuvent tuer, hurler et marcher. C'est le pays «du bras» et c'est donc eux qu'il s'agit de traiter avec égards pas cette nation pour qui des gens ne cessent de mourir depuis des siècles. Pourquoi ces ministres ne se sentent d'obligation de se justifier que devant les courants conservateurs? Parce que c'est un rapport de force, parce qu'ils sont idéologiquement souvent lâches et peureux, parce que c'est un peu la tendance générale de se sentir, chez les élites, coupable et contrit face aux propriétaires d'Allah et de son Coran. Cette culpabilité des élites est étonnante : on se justifie, on s'explique, on s'étale devant ceux qui ont cette insolence fantastique de se proclamer représentants de Dieu à l'exclusion des autres. L'islam appartient-il aux islamistes ? Non. Leur interprétation des textes est-elle la plus justifiée ? Bien sûr que non. Ont-ils ce droit d'élus de peser sur une politique ? Oui, en tant que citoyens, pas en tant que croyants dépositaires de la vérité absolue. Alors que cela cesse. C'est honteux de la part d'élites dirigeantes de venir ramper devant la barbe et de se comporter en larbins pour se sentir absout de cette sale culpabilité qu'ils ont devant des meurtriers de gens ou de sens. Les islamistes et les imams jacassants ne sont pas l'Algérie, ne sont pas son Parlement, ne sont pas les délégués de Dieu et ne sont pas les propriétaires de cette religion ni de son texte. |
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