Un système
maffieux, instauré dans et autour des sites bidonvilles, encourage l'occupation
ou la réoccupation des sites bidonvilles, moyennant des sommes d'argent variant
entre 20 et 30 millions de centimes, selon des témoignages et autres sources
crédibles. «Des gens sont payés pour loger des familles sur des sites
bidonvilles afin de les faire bénéficier de la priorité, dans le cadre de la
résorption de l'habitat précaire (RHP). Nous savons qu'il y a de l'argent qui
graisse les pattes pour obtenir en contrepartie la faveur d'être logé dans une
baraque sur un site précaire, ou pour fermer l'œil sur la construction d'un
taudis sur un petit lopin de terre et grossir les bidonvilles», lance, sans
ambages, le P/APC de la commune d'El Khroub, le professeur Abdelhamid Aberkane.
Interrogé hier à propos des «démolitions programmées» de deux bidonvilles,
«Ofla» et «El Merdja», situé pour le premier au centre de la commune et pour le
second à Guettar El Ayache, à quelques encablures de la Nouvelle ville Ali
Mendjeli, le P/APC confirme l'option de l'opération «Bulldozer». «Les deux
bidonvilles en question seront rasés, c'est une décision du conseil de
l'Assemblée populaire communale. L'ordre de démolition est délivré mais il est
différé à chaque fois. Il ne reste, donc, que l'exécution de cet ordre, souvent
liée à des considérations conjoncturelles, et qu'on compte lancer dès que les
conditions le permettent», indique M. A. Aberkane.
Confirmant ainsi
une rumeur qui s'est propagée ces derniers jours au sein des résidents de ces
deux bidonvilles, provoquant de profonds remous sur les sites indiqués, le
P/APC d'El Khroub souligne dans ce contexte, en termes acerbes, qu' «on ne peut
pas laisser l'anarchie nous étouffer, il faut extirper la mauvaise graine».
Plus explicite, le Professeur Aberkane estime, sur un air de dépit, que «les
occupants du site bidonville «Ofla», qui ont bénéficié à plusieurs reprises de
logements, se comportent d'une façon avilissante. Ils ont été aidés par les
pouvoirs publics, mais il y en a toujours qui restent sur le lieu, comme
«mesmar j'ha» (ndlr, 36 familles occupent actuellement ce site bidonville,
selon un recensement non officiel)», entraînant les autorités dans un cercle
vicieux, d'où il est très difficile de sortir. «Ces deux bidonvilles, «Ofla» et
«El Merdja», constituent un véritable scandale. Ce sont des lieux érigés en
système de fraude», dénonce notre interlocuteur. En parlant du bidonville «El
Merdja», celui-ci soutient que «ses habitants, qui n'étaient qu'une centaine au
départ, sont passés très rapidement à 200 puis à 400 occupants (!)». Peut être
bien que la décision de justice prononcée en faveur de la démolition de toutes
les constructions situées dans le périmètre d'un espace réservé à la
construction d'une station de distribution de gaz, comme le revendiquait la
Sonelgaz pour des questions évidentes de sécurité, a attiré comme un aimant de
nouveaux arrivants, qu'on a laissé, par complicité, s'installer sur des lieux
où toute construction est promise à démolition, et par prolongement, au bout de
la logique «maffieuse», faire en sorte que tout occupant du site soit éligible
à un relogement. «On trouve maintenant de nouveaux occupants du site «El
Merdja',' qui arrivent de plusieurs wilayas, et qui tentent de faire pression
sur les autorités pour bénéficier d'un logement qu'ils ne méritent pas, pas
plus qu'un résident de «Guettar El Aïche» qui, lui, trouve des difficultés
insurmontable pour dénicher une assiette de terrain libre», s'insurge le P/APC
d'El Khroub. Graves accusations d'un maire qui sort de sa réserve. Une réponse
cinglante aux revendications des occupants de ces sites bidonvilles, qui
exigent un relogement avant toute opération de démolition. Les 36 familles du
bidonville «Ofla» déclarent «vivre dans la crainte» du lancement de l'opération
de démolition des constructions précaires, pour éviter que ces lieux vacants ne
se transforment en perpétuel centre de transit pour de nouveaux demandeurs de
logements sociaux, selon l'argument massue de la commune. «L'APC doit prendre
en charge nos doléances, on a le droit de bénéficier d'un logement social avant
la démolition de nos habitations », estime un habitant désespéré. Les
responsables de la daïra d'El Khroub, que nous avons contacté à ce sujet,
indiquent que la commission de daïra chargée de mener des enquêtes sociales, en
collaboration avec l'APC, n'est arrivée, à l'heure actuelle, dans le traitement
des dossiers, qu'aux demandes déposées en 2006, alors que les dates figurant
sur les récépissés des habitants du bidonville «Ofla» remontent à 2009. Quant à
la démolition des bidonvilles du site El Merdja, l'opération est inévitable, du
moment qu'il y a une décision de justice qui a tranché dans le fond du sujet».
Un point d'ordre devrait s'imposer entre des positions aux antipodes les unes
des autres.