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Hassi Messaoud : Sellal accuse

par Notre Envoyée Spéciale A Hassi Messaoud : Ghania Oukazi

Le 24 février a été l'occasion pour les gouvernants d'affirmer aux Algériens que l'Algérie compte encore sur les dividendes des énergies conventionnelles mais qu'elle n'exclut pas le recours à celles non conventionnelles pour «rassurer des générations futures».

Le président de la République en appelle à la préservation de la cohésion sociale et au renforcement de l'effort collectif pour non seulement, a-t-il dit, « assurer notre sécurité économique » mais aussi « faire barrage aux complots et aux conspirations internes et externes qui se fomentent contre notre pays ». Bouteflika a tenu à faire passer son message à l'occasion du 24 février, une date qui marque deux événements importants dans l'histoire de l'Algérie et qui mettent en avant deux de ces plus grandes forces, en l'occurrence le mouvement «ouvrier» et les hydrocarbures. Souche de la finance nationale, les énergies conventionnelles sont aujourd'hui au cœur des conflits internes et externes de nombreux pays.

La chute des prix du baril qui persiste depuis plusieurs mois pèse lourdement sur les questions de reconfiguration géostratégique du monde et par là même de la redéfinition de l'ordre économique mondial.

L'Algérie en est grandement concernée pour en posséder de grandes quantités et aussi parce qu'elle compte en convertir les origines en allant prospecter du côté des énergies non conventionnelles. Le gaz et le pétrole de schiste sont mis en avant pour, du côté officiel, « assurer l'avenir économique et social du pays et des générations » parce que, dit le président, « même si les prix du pétrole remontent à la hausse, les puits vont sécher à l'avenir », mais du côté citoyens, « bouleverser l'ordre écologique établi à force de malmener la nature pour les en extraire ». Deux discours qui se heurtent et que les officiels tentent depuis plusieurs mois de « ramasser » et de recadrer pour calmer les esprits qui chauffent dans certaines régions du sud du pays et convaincre de la nécessité de mener des explorations dans ce domaine pour en évaluer les capacités de production et préparer le pays à la reconversion de ses gisements de conventionnels à non conventionnels.

Le président de la République n'a pas trop insisté sur ces explications puisque, a-t-il pensé, il en a donné l'essentiel. Mais il a beaucoup plus fait appel « aux forces vives du pays » pour sauvegarder l'unité nationale, préserver les acquis socioéconomiques et protéger le pays des crises. Il a dépêché Mohamed Boughazi, son représentant spécial pour les grandes occasions, pour le dire aux travailleurs d'Arzew et de Hassi Messaoud. Par sa voix, il a promis aux Algériens d'être «toujours avec eux aux premiers rangs pour sauver le pays de toute tentative de déstabilisation».

Fortement applaudi dans les deux salles omnisports d'Arzew et de Hassi Messaoud, le 1er ministre a lui pris tout son temps pour renchérir sur les deux sujets, l'importance des hydrocarbures conventionnelles et non conventionnelles pour le pays mais aussi l'unité nationale en ces temps de fortes perturbations sécuritaires notamment au niveau de toutes les frontières.

« Ils ont essayé de nous provoquer en appelant à la contestation à Ouargla, ça n'a pas marché, à Ghardaïa, ça n'a pas marché, ils essaient à In Salah, et ça ne marchera pas ! », a-t-il martelé.

Le choix des gouvernants de célébrer le 24 février à Arzew et à Hassi Messaoud, deux gigantesques pôles des hydrocarbures conventionnels, semble être bien réfléchi. Abdelmalek Sellal fera d'ailleurs savoir aux travailleurs du secteur de l'énergie venu la matinée d'hier l'écouter à la salle omnisports d'Arzew et l'après-midi dans celle de Hassi Messaoud, que l'Algérie a fait la semaine dernière une grande découverte de pétrole à Touggourt, et quelques semaines avant à Ghardaïa et El Bayadh. « Mais on prépare l'Algérie de demain », a-t-il souligné en abordant la question du gaz de schiste. Il promet qu' « il est important de le faire pour en maîtriser les technologies et les techniques d'exploitation et s'assurer en même temps qu'il n'y aura aucun impact négatif sur l'environnement ». Sellal dénonce le complot et lâche à cet effet que « nous ne devons pas laisser ceux qui se cachent derrière le gaz de schiste de déstabiliser l'unité nationale ».

Le secrétaire général de l'UGTA a lui été pour l'occasion le véritable « bouffon du roi ». Abdelmadjid Sidi Saïd avait prévenu qu'il allait tenir « le langage syndicaliste ». En terme « ouvrier », qu'il allait se passer de la retenue, ou presque. Il en lancera quelques-unes de pas très « correctes » aux oreilles qui se veulent chastes. Il dénoncera lui aussi le complot « interne et externe ». Il recourra à l'histoire pour affirmer que « l'UGTA a été en 71, date la nationalisation des hydrocarbures, au cœur de la liberté de la décision, durant les années 90 au cœur de la lutte contre le terrorisme contre lequel le pays était seul à combattre, et aujourd'hui, nous sommes les soldats de la stabilité, nous défendons l'unité nationale, la paix et la sécurité de l'Algérie ».