Au moment où les relations avec la direction de la santé sont au «beau
fixe», après avoir connu un passage ombrageux sur la question de la liste des
pharmacies de garde lors des jours fériés et des week-ends, les rapports des
pharmaciens de Constantine restent très tendus avec une autre direction, celle
du commerce et des prix, accusée de «graves dépassements dans ses actions de
contrôle effectuées par ses agents dans les officines pharmaceutiques».
Le constat établi, hier, lors d'une conférence de presse organisée par
les responsables du bureau du Syndicat national algérien des pharmaciens
d'officine (Snapo), «fait grincer des dents». «On ne comprend pas pourquoi la
direction du commerce continue à déployer avec acharnement ses brigades chez
les pharmaciens, alors que la traçabilité des produits vendus en pharmacie est
d'une minutie impeccable, qui ne peut souffrir d'aucune défaillance, d'une
part, et d'autre part, la réglementation en vigueur n'accorde cette compétence
de contrôle dans les pharmacies qu'au seul inspecteur pharmacien de la
direction de la santé, franchement déroutant ?!», s'exclame un membre du bureau
du Snapo. «Nous avons opté pour une journée de grève reconductible, le 11 mars
prochain, avec la tenue d'un sit-in en blouses blanches devant le cabinet du
wali, pour dénoncer ces abus et ces aberrations de la direction du commerce, et
si on ne trouve pas écho à notre mouvement, les choses peuvent aller plus
loin», souligne, sur un ton sévère, le président du bureau du Snapo, M. Issam
Boulakhras. «Notre patience a des limites, qu'on cesse de nous persécuter avec
des contrôles insignifiants, si l'on tient en considération le fait qu'un agent
du commerce n'a pas la compétence, professionnelle et réglementaire, pour
effectuer des contrôles sur des produits parapharmaceutiques écoulés avec des
Certificats de libre vente (CLV) établis par le ministère du Commerce et des
médicaments dont les prix sont fixés par l'Etat et les autorisations de vente
accordées par le ministère de la Santé. Nous n'avons rien à cacher, nous
accueillons à bras ouverts les inspecteurs pharmaciens de la direction de la
santé, et je peux vous assurer que la santé du consommateur est notre premier
souci, c'est notre credo essentiel», ajoute-t-il. Pour rappel, une quarantaine
de pharmaciens ont été poursuivis en justice ces derniers mois par la direction
du commerce à cause de la vente de compléments alimentaires contenant du
cyclamate, des affaires qui se trouvent pendantes devant la Cour suprême, et
depuis, les brigades de contrôle de la direction du commerce «n'ont pas cessé
de harceler» les pharmaciens, indique le Snapo. «Et ce qui pousse encore à la
grogne, c'est cette absence de dialogue avec la direction du commerce», dira M.
Boulakhras. Celui-ci indique que «la direction du commerce n'a jamais accepté de
s'asseoir autour d'une table avec les membres du Snapo pour discuter de ces
opérations de contrôle, et l'invitation reste toujours ouverte». «C'est avec le
dialogue qu'on a pu régler le conflit naissant autour des listes des pharmacies
de garde», rappelle-t-il. Pour le conférencier et les membres du bureau du
Snapo, «il y a anguille sous roche», et qu' «il est, donc, d'une importance
extrême de clarifier la situation et de mettre un terme à ces contrôles abusifs
qui n'ont aucun lien avec la réglementation en vigueur, avant que les choses ne
débouchent sur un conflit dont les effets seraient désastreux pour le malade».