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Alors
que le bruit de bottes d'une coalition internationale se faisait entendre avec
insistance et plus distinctement aux frontières libyennes, envisageant une
intervention militaire au sol, ces dernières quarante-huit heures convergent
plutôt vers une autre approche, moins militariste, du dossier libyen. Un
changement de cap qui conforte la position de l'Algérie qui a toujours plaidé
pour un dialogue interlibyen, un peu à l'image des pourparlers maliens, sous
l'égide onusienne.
Après les frappes aériennes égyptiennes contre les positions de l'Etat islamique à Derna, l'une des deux villes, avec Syrte, contrôlées par Daech en Libye, et l'appel du Caire à une intervention terrestre conjugués surtout à l'annonce italienne de l'éventuel envoi d'un contingent de 5.000 hommes sur le sol libyen, on s'attendait forcément au remake malien. L'intervention militaire au sol, refusée par Alger malgré les velléités de Paris de l'y conduire, aurait eu des conséquences fâcheuses sur les autres pays de la région. La Tunisie, consciente également des retombées d'une telle option, a aussi fait connaître sa position. Le tout nouveau Premier ministre tunisien, Habib Essid, a déclaré ce mercredi que son pays est contre toute intervention militaire en Libye et que la solution est politique. Alger n'est donc plus seule à défendre cette sortie de crise par la porte du politique et son meilleur allié reste Londres, par la voix de son secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et du Commonwealth, Philip Hammond, qui a réaffirmé qu'une intervention militaire en Libye ne peut être «la solution idoine», plaidant une «solution politique». Partageant les idées d'Alger, l'Angleterre estime qu'un gouvernement d'unité nationale peut mener la lutte contre le terrorisme et empêcher Daech de s'implanter davantage sur son territoire. Une base arrière, à moins de 400 kilomètres des rivages italiennes, qui peut servir à attaquer l'Europe. Pourtant, il est fort à parier que la marche arrière du Caire à propos de cette intervention au sol ne répond pas forcément aux vœux exprimés par Alger et Londres, mais par un forcing de pays occidentaux qui aurait dissuadé l'Egypte de continuer sur cette voie. Ainsi, et alors que la réunion du Conseil de sécurité de ce mercredi soir au sujet de la Libye devait traiter de cette intervention terrestre, il n'en fut rien. Le ministère égyptien des Affaires étrangères annonçant qu'il n'y avait «aucune demande d'intervention militaire étrangère» en Libye dans le projet de résolution présenté par les pays arabes au Conseil de sécurité de l'ONU. Pis, même la demande de la Libye, appuyée par Le Caire, de lever l'embargo sur les armes qui vise Tripoli n'a pas été entendue. |
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