Hier samedi, les partis de l'opposition constituant la Coordination
nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) ont improvisé
une marche de protestation sur l'une des grandes artères de la capitale, de la
rue Abane Ramdane à la Grande Poste. Motif: les autorités, c'est-à-dire la
wilaya d'Alger, n'a pas donné son accord pour la tenue d'une conférence sur les
«Conditions de la transparence des élections», qui devait se tenir à l'hôtel
Safir (ex-Aletti), alors que la procédure réglementaire a été faite par la
commission. Toujours, hors des circuits politiques officiels, la CNLTD a, donc,
improvisé, à l'unanimité de ses membres, une marche de protestation contre «ce
refus, qui est anticonstitutionnel», selon un des points d'un communiqué lu à
la presse, à la Grande Poste. C'est aux cris de «commission indépendante pour
l'organisation des élections» et «Non à la répression des libertés» que les
militants des partis membres de la coordination (MSP, RCD, Jil Jadid, ...) sont
sortis, donc, de l'hôtel Safir pour défiler sur tout le tronçon de la rue Abane
Ramdane jusqu'au rond-point de la Grande Poste et celui du Bd Amirouche. Des
dizaines de sympathisants avaient participé à cette marche de protestation
improvisée, ponctuée par des déclarations des chefs de file de la CNLTD, au
cours d'un rassemblement. Le chef du parti du RCD, Mohcine Belabess a affirmé
que «nous allons réitérer l'appel au peuple pour rejeter le refus des
autorités, concernant l'organisation des manifestations», avant d'ajouter que
«nous allons vers la rue pour reconquérir notre droit au rassemblement, à
l'organisation et au travail politique». Plus tranchant, le président du MSP,
Abderrazak Mokri, estime que l'interdiction de cette conférence de la CNLTD
«prouve que le système politique est contre les libertés et veut faire taire
les voix discordantes». Pour lui, «le pays est entre les mains de la mafia et
des lobbies financiers qui exploitent nos richesses et notre histoire». Dés
lors, Abderrezak Mokri avertit «on ne peut pas permettre à ces gens de se
l'approprier. L'affaire n'est pas, seulement, celle des partis politiques!»
Quant à Sofiane Djialli, de Jil Jadid, le pouvoir veut «nous (l'opposition)
pousser vers la rue. Au lieu de nous laisser organiser des conférences, ils
nous poussent vers la rue. Il faut que les gens comprennent que c'est un
travail pour bâtir notre pays», a-t-il argumenté devant une nombreuse foule et
des centaines de badauds. Dans un communiqué lu devant les journalistes, la
CNLTD affirme que «ce refus des autorités, pour cette conférence thématique,
est un abus de pouvoir anticonstitutionnel et non réglementaire», «c'est un
message politique négatif aux plans interne et externe, qui exprime le refus
d'ouverture politique du pouvoir», et «le pouvoir ne veut pas autoriser
l'opposition à s'organiser, mais à la démembrer». Depuis sa constitution, la
CNLTD a essuyé, jusqu'à présent, le refus des autorités, dont la wilaya
d'Alger, à l'autoriser à tenir des conférences thématiques ou des meetings. Le
plus souvent, «sans raison», selon la coordination. Ali Benflis, candidat, à
deux reprises aux deux dernières élections présidentielles, ainsi que le parti
du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), sont les acteurs les
plus actifs, avec le MSP, de la CNLTD, dont les objectifs sont la révision de
la constitution et l'organisation d'élections transparentes. Dans un document
de 8 pages résumant sa plate-forme politique, la CNLTD insiste, également, sur
l'importance du dialogue et du consensus, dans le processus de transition
démocratique. «La réussite de la transition démocratique nécessite un consensus
national sur la base de négociations, entre toutes les parties pouvant assurer
l'encadrement et la sécurisation du processus pour mettre en place des
institutions légitimes, élues démocratiquement et crédibles», lit-on dans le
document de 8 pages portant sa «plate-forme politique», rendue publique le 31
mai 2014, la CNLTD estime qu'il faut une transition (politique) démocratique en
Algérie, qui passe par «un gouvernement consensuel de transition démocratique
et la création d'un organisme indépendant pour l'organisation et la supervision
des élections». Il y a, ensuite, selon elle, «la préparation, de manière
consensuelle, d'une nouvelle constitution, qui concrétisera les objectifs de la
transition démocratique et qui sera adoptée par référendum».