J'ai décidé de marcher seul, le 24 février prochain. Direction
: le mont Chenoua, en berne depuis la mort d'Assia Djebar. Partie se reposer
aux côtés de Mohamed Bencheneb, le « sacrifié », Med Arkoun « l'incompris ». Et
Med Dib, dans son « Sommeil d'Eve ». Ou encore, Mouloud Feraoun et ses «
chemins » détournés. J'ai décidé de ne plus lire la presse. Sa « météo »
capricieuse. Ses « coups de gueule » factices. Sa nécrologie, en rubrique des «
marronniers ». Non, il y trop d'électricité? dans le gaz de machin. Sans parler
de Larbi, qui veut, lui aussi, « ouvrir une wilaya déléguée », dans son
quartier paumé ; au village de Aïn Nulle part. Non je ne veux rien savoir. Je
veux fermer les yeux. Me boucher les oreilles. M'anesthésier tous les sens.
Encore une fois, les En-sait-néant (s) menacent de prendre l'école en otage. La
ministre de l'Ecole veut bien « rendre service » mais les cordons de la bourse?
ne sont pas dans ses cordes? Non, je ne veux pas qu'on me parle du FLN, du FFS,
de la Commission à « tourner en rond », du TAJ-machin, du RND, du PT, du TP, du
FIS et son revers le RCD, ni de l'UGTA et son « tambour Meddah », ni des
journaux qui écrivent de bas en haut, ni même des TV qui veulent nous boucher
toutes les lucarnes ! Je les déteste tous. Je les maudis. Parce que, sous nos
rues «enguenillées», il suffit de fixer, dans les yeux, n'importe quel Algérien
de la rue pour comprendre que quelque chose ne va pas dans un pays où presque
plus personne ne veut plus y vivre. Depuis le soleil de la liberté, le pays et
avec lui un peuple entier, ne font plus que rêver, debout, à cette «bouhbouha»,
trop haute, suspendue sur nos têtes? éviscérées? Le pays retrouvé transformé en
un gigantesque théâtre des paradoxes, « ceux qui sont partis avant nous »,
voudront savoir pourquoi les hommes nés libres se retrouvent, aujourd'hui, à
courir à perdre haleine, après un destin?hors de portée, qu'un limaçon
gâcherait toute une vie à tenter de rattraper une gazelle, chevauchant le vent,
en plein désert ? Pourquoi alors ceux qui se sont «réveillés» de la longue nuit
coloniale, sont déprimés de voir la vie perdre de ses couleurs et les plus
jeunes rêver, à l'état (sur) éveillé, d'une vie meilleure, mais ailleurs ? «
Ils » voudront surtout savoir comment a vécu le peuple, entre le lever et le
coucher du soleil de la liberté, puis survécu jusqu'à la mort de l'homme
moustachu, avant de roupiller sur ses lauriers piégés, jusqu'à la tombée du Mur
de Berlin et rentrer, les pieds devant, dans un tunnel si noir que le faisceau
de lumière paraît, encore, si loin devant ! Assia Djebar et les autres devront
choisir « d'être oubliés, raillés ou utilisés. Quant à être compris, jamais » !