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L'initiative
présentée à Moscou par Angela Merkel et François Hollande pourrait être
"une des dernières chances" de ramener la paix en Ukraine mais il
n'est pas "certain" qu'elle aboutisse, ont prévenu hier samedi les
deux dirigeants. "Il n'est pas certain que ces discussions aboutissent (...)
mais cela vaut le coup d'essayer", a lancé Mme Merkel à la Conférence sur
la sécurité de Munich alors que les tirs de roquettes ont repris sur
Debaltseve, où l'armée ukrainienne est prise en tenailles, après une courte
trêve vendredi. "C'est une des dernières chances", a pour sa part
prévenu le président François Hollande, de retour en France. "Si nous ne
parvenons pas à trouver un accord durable de paix, nous connaissons
parfaitement le scénario: il a un nom, il s'appelle la guerre".
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a jugé pour sa part qu'il existait de "bonnes raisons d'être optimiste" après les discussions de vendredi au Kremlin. "Nous estimons qu'il est tout à fait possible d'avoir des résultats et de tomber d'accord sur des recommandations qui permettront aux deux côtés de vraiment dénouer le conflit", a-t-il ajouté à Munich. Poursuivant sa course contre la montre diplomatique, avant de nouvelles discussions dimanche soir avec Moscou, Mme Merkel a rencontré en marge de la conférence le président ukrainien Petro Porochenko et le vice-président américain Joe Biden. Confronté à une situation militaire et économique désastreuse, M. Porochenko est sous pression face aux séparatistes, qui réclament plus d'autonomie et la prise en compte des gains territoriaux de ces dernières semaines dans les négociations. Il lui revient maintenant de s'entendre avec M. Poutine sur les concessions qu'il est prêt à faire en échange de garanties sur l'intégrité territoriale de l'Ukraine, selon le quotidien Sueddeutsche Zeitung citant des sources proches des négociations. Aux Etats-Unis, les appels se multiplient pour livrer des armes à l'armée ukrainienne afin de rééquilibrer le rapport de forces sur le terrain où les rebelles sont activement soutenus par Moscou en hommes et équipements, selon les Occidentaux. Cette option, même si elle n'a pas été validée pour l'heure par le président Barack Obama, a accentué les craintes d'un embrasement total aux portes de l'UE. "Ce conflit ne peut être réglé militairement", a martelé la chancelière, prise à partie par plusieurs "faucons" anglo-saxons, dont l'ancien ministre de la Défense britannique Malcolm Rifkind, qui lui a demandé si "une diplomatie sans armes, ce n'est pas comme de la musique sans instrument". "Je ne vois pas en quoi un meilleur équipement de l'armée ukrainienne impressionnerait le président Poutine (...) Cela conduira plutôt à plus de victimes", a-t-elle dit. M. Lavrov, qui devait rencontrer dans l'après-midi son homologue américain John Kerry, a averti qu'un tel scénario "ne ferait qu'accélérer la tragédie". Le général américain Philip Breedlove, commandant des troupes de l'Otan en Europe, a défendu pour sa part "l'option militaire" aux côtés de la diplomatie et des sanctions, plus spécifiquement l'envoi d'armes visant à contrebalancer les faiblesses de Kiev en matière "d'artillerie et de communication". Les négociations visent à remettre sur les rails le protocole d'accord signé par Kiev et les rebelles à Minsk en septembre 2014 qui prévoyait un cessez-le-feu immédiat et le retrait des "groupes armés illégaux, des armes lourdes et de tous les combattants et mercenaires du territoire ukrainien". Après un semblant d'accalmie à la fin 2014, les affrontements entre rebelles prorusses et armée ukrainienne ont regagné en intensité depuis le début de l'année, faisant des centaines de morts. En dix mois de conflit, 5.300 personnes ont été tuées, selon l'ONU. La rencontre de MM. Poutine, Hollande et Mme Merkel a permis d'avancer vers la rédaction d'un document visant à mettre fin au conflit. Les trois dirigeants doivent faire le point dimanche avec M. Porochenko, dans un entretien téléphonique. Alors que le ballet diplomatique autour de l'Ukraine se déplaçait à Munich, les bombardements se sont poursuivis dans l'Est, tuant au moins cinq civils et cinq soldats en 24 heures, selon le gouvernement et les séparatistes. Les tirs au lance-roquettes multiples Grad ont notamment repris de plus belle autour de Debaltseve, noeud stratégique âprement disputé, après une courte trêve qui a permis d'évacuer 753 civils dont 81 enfants vendredi. |
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