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Equipe nationale : Se projeter sereinement sur l'avenir

par Adjal Lahouari



C'est Hervé Renard, l'entraîneur de la Côte d'Ivoire, qui a résumé le sentiment général au terme de ce match remporté par les siens: «On a battu la meilleure équipe du tournoi ». Même son de cloche du côté de Gourcuff: «Ce n'est pas la meilleure équipe qui a gagné ! » De telles situations, le football en a regorgé et nous en fournira d'autres à l'avenir, alimentant l'éternelle polémique entre les partisans du beau jeu et les accrocs du résultat. Il est évident que l'élimination des Verts laisse beaucoup de regrets, tant il est vrai que dans ce tournoi de niveau moyen par rapport à ceux qui l'ont précédé, l'équipe nationale avait les passibilités d'aller jusqu'au bout, car elle avait les «bases», à savoir la technique et l'habilité manœuvrière, même s'il y a eu des hauts et des bas. Où se sont situées les faiblesses du onze national lors de cette édition ?

On citera, en premier lieu, l'inexpérience d'une partie de joueurs et de son entraîneur, qui ont découvert la compétition africaine et ses exigences, comme la température, l'humidité, l'environnement et l'arbitrage. Le second paramètre à prendre en considération est lié à la liste des convoqués, car Gourcuff s'est entêté à écarter certains joueurs au profit d'autres qui n'ont pas joué une minute dans cette CAN 2015. En ce sens, le breton justifie son caractère et, pour se dédouaner, il a prétendu « ne pas accepter la présence des perturbateurs» Ghilas fait partie de s cette catégorie. Et pourtant, sa présence aurait été la bienvenue dans les rencontres de cette édition, lui qui continue à justifier sa réputation de buteur en Liga avec Cordoue . On l'a dit et on le répétera encore une fois, Gourcuff est du genre de technicien perfectionniste toujours à la recherche du meilleur jeu collectif. C'est une attitude certes honorable, mais là où le bât blesse, c'est lorsqu'il se refuse à appliquer ce qui la force de certains de ses confrères, à savoir le coaching à temps. Le plus grave, en effet, c'est le retard dans ses décisions, lesquelles se sont rarement avérées positives et qui suscitent le courroux de plusieurs capés, aussi bien ceux qui sont sortis que ceux confinés sur le banc. A ce sujet, les exemples foisonnent, n'en déplaise à ceux qui veulent cacher le soleil avec un tamis. On passe à présent aux défaillances individuelles. Il est certain que la paire centrale Bougherra - Medjani est responsable en grande partie de cette douloureuse défaite. Leur manque de réaction sur les deux buts de Bony a sauté aux yeux, ce qui explique la liberté d'action face à M'Bolhi. En second lieu, tout le monde est d'accord pour dire que Feghouli a été transpirent dans ce tournoi, et on s'interroge forcément sur ses titularisations par Gourcuff. Est-ce que le joueur de Valence bénéficie d'un statut spécial ? Sur le plan tactique, Feghouli amorce certes des actions prometteuses mais ne les termine jamais, ou alors mal en raison de ses mauvais choix. C'est un joueur de couloir qui n'est pas à l'aise dans la surface de vérité. Son coéquipier Mahrez et en dépit de quelques « éclairs », est à classer dans la même catégorie, outre le fait qu'il ne possède pas les moyens physiques pour contrer des adversaires mieux nantis dans ce domaine. Lundi soir, après cette cruelle défaite, un observateur s'est écrié : »Nous sommes éliminés, mais nous avons gagné une équipe ». Un jugement fondé, dan la mesure où la marge de progression des nouveaux cadres comme Bentaleb, Taïder, Belfodil, Ghoulam et Brahimi est des plus intéressante. A tête reposée, il faudra faire le point sur l'ensemble de l'effectif en prenant en considération tous les paramètres, comme l'âge, les prédispositions pour le système de l'entraîneur ainsi que le mental. Il existe des joueurs à l'étranger et en Algérie qui méritent d'avoir leur chance. C'est ce à quoi Gourcuff va s'attacher si l'on prend au pied de la lettre sa déclaration en conférence de presse: «Des joueurs ont pris de l'âge, place aux modifications !» Et, inévitablement, on pense à Fekir dont l'apport pourrait être considérable sur le plan offensif de l'EN. Il en existe d'autres certainement, qui attendent d'être sollicités. Dans ce domaine, le président Raouraoua possède une expérience avérée. Mais, il n'y a plus de temps à perdre, car l'édition 2017, c'est pour bientôt et, peut être, elle risque de se disputer en Algérie.