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Boko Haram est-il si éloigné de l'Algérie qu'il n'y parait
? L'interrogation est d'autant plus légitime que l'internationalisation du
terrorisme ne laisse plus de doute sur les intentions des groupes armés disséminés
un peu partout aux quatre coins du globe mais convergeant pour des
considérations idéologiques. L'Algérie qui s'est inscrite, dès les premières
heures, dans une lutte contre le terrorisme international, elle qui a souffert
presque en quarantaine d'une décennie noire inqualifiable, a constamment
affiché ses positions et prôné une approche globale du phénomène. La volonté de
l'Afrique d'armer une force de 7500 hommes pour combattre l'organisation
d'Abubakar Shekau témoigne de l'ampleur du danger que représente la secte
religieuse qui déborde sur le Cameroun, menaçant le Tchad et le Niger.
Une force africaine saluée par Ban Ki-moon mais qui risque de connaître le même sort qu'une précédente initiative lancée par les pays membres de la Commission du bassin du lac Tchad (Cameroun, Niger, Nigeria et Tchad). Un contingent militaire qui a ainsi été décidé, fin 2014, composé de quelque 700 hommes de chaque pays et du Bénin, avait peiné à se matérialiser du fait de dissensions entre Lagos et ses voisins. Des divergences que l'on pourrait encore rencontrer si un minimum syndical n'est pas trouvé entre les capitales africaines. Et c'est l'enjeu défendu en particulier par Alger qui souhaite impérativement que les conflits continentaux soient solutionnés par les Etats africains eux-mêmes. L'Algérie qui a participé à la 24ème session ordinaire de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) en Ethiopie, a insisté sur une riposte «collective» et «coordonnée» à la menace terroriste et la criminalité transfrontalière qui constituent, selon elle, «une menace réelle avérée sur la paix du continent». Il n'est un secret pour personne que l'Algérie milite pour trouver des solutions continentales aux problèmes sécuritaires de la région mais se heurte souvent sur des rapports de force en perpétuel déséquilibre sous l'influence de puissances étrangères. L'Algérie sait plus que quiconque qu'une situation d'instabilité dans un pays d'Afrique, même loin de ses frontières géographiques, peut avoir l'effet désastreux d'un tomber de dominos et avec la porosité des frontières communes, le spectre de Boko Haram peut se conjuguer à celui d'Aqmi. Et là encore, le rôle de la France est appréhendé. En mai 2014, Paris avait accueilli cinq chefs d'Etat africains pour un sommet international consacré à la sécurité au Nigeria après le rapt de 200 lycéennes. S'il n'est pas encore question d'une intervention militaire occidentale contre Boko Haram, avait affirmé l'Elysée, la France propose et impose sa présence logistique et son capital expérience, d'autant plus qu'elle dispose de troupes au Mali et en Centrafrique, mais aussi au Tchad et au Niger. Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense évoquera, lui, «une conception régionale du contre-terrorisme». Paris attend en contrepartie que les pays concernés élaborent un plan avec des mesures communes, comme le partage de renseignements et un soutien des partenaires occidentaux à ce plan. Même si le Nigeria reste loin des préoccupations régionales de l'Algérie, la France met en avant la porosité des frontières terrestres africaines et craint une interconnexion entre Boko Haram et les autres groupes djihadistes dans le Sahel à travers ses frontières avec le Niger ou encore le Tchad. |
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