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En faisant bombarder dimanche dernier par leur armée une
position dans le Golan sous contrôle syrien où se trouvaient des combattants du
Hezbollah libanais dont cinq ont été tués ainsi qu'un général iranien qui les
accompagnaient, les dirigeants politiques et militaires de l'Etat sioniste
étaient probablement convaincus que l'organisation de Hassan Nasrallah, dont
l'essentiel du potentiel militaire est occupé à combattre en Syrie et au Liban
même contre les ennemis qui lui sont communs avec le régime syrien, ne
s'aviserait pas de prendre le risque d'une nouvelle confrontation militaire
avec l'armée israélienne et se contenterait de formuler la promesse platonique
d'une réplique à l'attaque dont ses combattants ont été la cible. Ce que tous
les « experts » politiques et militaires, à qui les micros ont été
complaisamment tendus, ont développé en boucle en affirmant, d'un ton
péremptoire, que le Hezbollah serait dans une trop mauvaise passe sur les
fronts où il est engagé pour se lancer dans un « casus belli » avec Israël,
tout en faisant croire que c'est cet Etat qui a commencé l'escalade pouvant
déboucher sur la confrontation Hezbollah - Israël. Il ne fait aucun doute que
la réplique venue du Hezbollah en fin de semaine dernière, sous la forme d'une
embuscade tendue par ses combattants à un convoi militaire israélien à la frontière
libano - israélienne ayant coûté la vie à des soldats de l'armée sioniste, a
sidéré les autorités de Tel-Aviv par la promptitude mise par le Hezbollah à
l'organiser et le fracassant résultat de son action. Le branle-bas militaire
qui s'est fait entendre en Israël suite à cette réplique du Hezbollah a mal
caché que les stratèges du pays se sont rendus à l'évidence que leurs
renseignements et analyses sur les capacités réactives de l'organisation de
Hassan Nasrallah leur ont fait commettre une erreur qui est lourde de
conséquence pour le « prestige » militaire de leur Etat, qu'elle avait déjà
sérieusement terni en faisant échec de façon éclatante à son agression du Liban
en 2006. Ce sont désormais celles d'Israël à s'en prendre au Hezbollah dont il «
découvre qu'il n'a rien perdu de son tranchant dans la réplique qui est en
cause. Après s'être répandu en menace de représailles foudroyantes ou d'une
opération militaire vouée à briser cette organisation, les dirigeants
politiques et militaires israéliens observent une « retenue » dont ils ne sont
pas coutumiers.
Ce n'est pas l'envie de casser du Hezbollah qui leur fait défaut. Une confrontation avec lui a probablement fait partie du calcul électoral de Benyamin Netanyahu qui cherche à remporter les prochaines élections législatives et conserver le pouvoir en Israël. Sauf que les militaires, échaudés par leur précédente aventure contre cette organisation, l'en ont sûrement dissuadé, certains qu'elle reste un trop « gros morceau » pour l'armée israélienne car disposant de moyens de lui faire échec et d'infliger « d'inacceptables » pertes humaines et matérielles à l'Etat sioniste que sa population ne supporterait pas. C'est paradoxalement la pression des militaires qui a contraint Netanyahu à la « retenue » et c'est elle aussi qui a fait baisser le ton aux bellicistes qui ont dans un premier temps réclamé à cor et à cri l'engagement de l'armée contre le Hezbollah. A la confusion des « experts » évoqués plus haut, c'est bien Israël qui a reculé en ayant compris qu'avec le Hezbollah il est une frontière rouge qu'il ne peut plus franchir sans en payer un tribut trop lourd. Ce rétropédalage dans l'attitude israélienne ne sera pas sans conséquence, néfaste, pour Benyamin Netanyahu dans la compétition électorale en cours dans le pays. |
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