Anciennement
connue comme «Dar El-Bey du Beylik du Titteri», devenue par la suite «Dar
El-Emir Abdelkader», cette construction mythique et historique, d'une
superficie de plus de 880 m2, située en plein cœur de la vieille ville de
Médéa, abrite aujourd'hui le «Musée public national des arts et des traditions
populaires».
Une construction
de deux étages pour dix-huit chambres auxquelles s'ajoutent de grandes salles,
des halls, un «hammam», une étable, une grande cour et un beau jardin, dont la
réalisation remonte à la période ottomane et qui a vu y défiler nombre de
«beys» dont le dernier en date fut le «Bey Mustapha BOUMEZRAG» qui y résida
entre 1819 et 1829. Située en face d'une place tout aussi mythique et
historique, la «Place d'Armes» durant la période coloniale française et que les
anciennes Médéennes et les anciens Médéens ont toujours appelée «Placet
El-Gininar», devenue la «Place des Martyrs» au lendemain de notre indépendance,
cette résidence de pur style ottoman musulman, à laquelle ont été rattachées
plusieurs infrastructures ottomanes mitoyennes comme notamment la «Mosquée
malékite» ou «Djamaa El-wastani», qui y était rattachée par une galerie
souterraine qu'empruntait le Bey Mustapha Boumerzrag pour y aller faire sa
prière, sera transformée, dès 1835, en quartier général politico-militaire de
l'Emir Abdelkader. Elle sera de ce fait le lieu de nombreuses réunions l'Emir
Abdelkader et les notables des villes de Blida, El-Affroun, Miliana, Laghouat
et, bien sur, Médéa, alors en guerre contre l'occupant colonial français. Un
quartier général politico-militaire qui symbolisait véritablement la résistance
à l'occupation coloniale française dans toute la région du Titteri qui allait
jusqu'à Bou-Saada en passant par M'sila, Djelfa, Sour El-Ghozlane, Bouira? A la
fin de la période de résistance de l'Emir Abdelkader, en 1840, cette résidence
sera transformée par l'armée française en centre administratif et militaire
comprenant des bureaux mais aussi et surtout en lieu d'habitations pour les
officiers. Une résidence historique qui connaitra malheureusement de nombreuses
transformations de type colonial. Au lendemain de l'indépendance de notre pays,
elle sera utilisée par de nombreuses associations locales, musicales et
artistiques, culturelles, littéraires et autres scouts musulmans algériens.
Comme elle sera même squattée par de nombreuses familles qui l'habiteront
pendant des années et ce malgré le fait qu'elle ait été classée, le 09.03.1993,
«site historique». Avec tous les inconvénients que cela entrainait comme
dégradations. Cet état de fait allait malheureusement durer jusqu'à l'année
2004 qui verra débuter une véritable opération de restauration dont les travaux
ne prendront fin qu'en 2007. Et, en 2008, ce qui était «Dar El-Emir Abdelkader»
deviendra le «Musée public national des arts et des traditions populaires» de
Médéa. Un musée qui verra effectivement toutes ses chambres et autres salles
transformées en lieux d'expositions mettant en relief les différentes richesses
, historiques, culturelles, artistiques, religieuses, vestimentaires,
artisanales? du patrimoine, berbère et arabe, de ce qu'était le «grand
département du Titteri», à travers les différentes périodes de son histoire
contemporaine. En effet, le visiteur a le loisir d'y découvrir plusieurs ailes
différentes de par ce qu'elles mettent en exergue : personnalités historiques,
religieuses, culturelles, artistiques? auxquelles s'ajoutent la vie bédouine
des «Ouled Djellal» de Djelfa, celle des berbères de Tablat, El-Aissaouia,
Bouira?, le travail artisanal? Un musée qui abrite aujourd'hui et en permanence
nombre de cérémonies, expositions, salons et autres activités comme la
célébration de «Yennayer», «Maidèt El-kharif» entres autres. Un musée qui
mérite véritablement d'être visité, ce que beaucoup de familles aussi bien
médéennes que celles de toute la wilaya ainsi que celles des villes voisines
comme Miliana, Blida, Cherchell, Tipaza voire Alger, voudraient faire mais? Ce
grand mais qui trouve certainement une réponse objective dans la mesure où
cette «Place des Martyrs» ou «Placet El-Djininar», qui fait face justement à ce
musée, ainsi que ses ruelles et celles y menant, sont devenues depuis des
années, et à longueur de journée, un véritable marché aux puces où tout se vend
et tout s'achète : friperie, pièces détachées pour tout, chaussures,
bicyclettes et mobylettes, articles de quincaillerie? avec tout ce que cela
laisse deviner et imaginer comme grande foule compacte et hétéroclite qui s'y
trouve en permanence durant la plus grande partie de la journée. Un état de
fait qui n'est pas pour encourager les familles à venir visiter cet imposant et
important musée, bien au contraire et malheureusement. Un problème auquel les
autorités locales sont appelées à trouver, dans les meilleurs délais possibles,
la solution adéquate afin de rentabiliser cette infrastructure culturelle pour
laquelle une enveloppe financière très conséquente a été dépensée aussi bien
pour sa restauration que pour son équipement.