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L'Europe, la
France en tête, est en train de passer à la vitesse supérieure en termes de
mesures concrètes pour lutter contre le terrorisme. Selon le Premier ministre
français, Manuel Valls, une série de mesure seront prises qui coûteront à
l'Etat 425 millions d'euros étalés sur trois ans. La priorité est donnée à
l'aspect sécuritaire avec la surveillance de «près de 3000 personnes» en France
en raison de leurs liens supposés avec les mouvances djihadistes, mais aussi le
quadrillage de «la sphère cyber-djihadiste francophone», avec la création, sur
la même période, de 2680 emplois supplémentaires dédiés à la lutte
anti-terroriste. Matignon devra donc annoncer un renforcement, en hommes et en
moyens, de la police, de l'armée, des services antiterroristes et du
renseignement, accusé de «failles» après l'attaque du 7 janvier dans la
surveillance des djihadistes. Un grief retenu contre les services de
renseignement après chaque attentat terroriste comme ce fut le cas dans le
dossier Merah. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait évoqué, dès
ce lundi, cet aspect en annonçant «des moyens supplémentaires, en effectifs et
en budget» sur demande précisément du chef de l'Etat, François Hollande, qui
avait demandé à son gouvernement des propositions pour muscler les services de
sécurité. Sa première mesure a été de mettre un frein à la réduction des
effectifs de l'armée, censée perdre plus de 22.000 postes d'ici fin 2017. Dans
cette logique du tout sécuritaire, Manuel Valls, a annoncé la création d'un
fichier spécifique pour les personnes condamnées pour terrorisme ou membres
«d'un groupe de combat terroriste», et l'isolement carcéral d'ici fin 2015 des
détenus islamistes radicaux, une démarche voulue et demandée par le Crif. En
parallèle, 60 aumôniers supplémentaires seront recrutés pour les prisons,
s'ajoutant aux 182 existants pour prévenir toute radicalisation de derrière les
barreaux. Le gouvernement pourrait même se rallier à une proposition de
l'opposition de droite, soutenue par la majorité socialiste à l'Assemblée
nationale, d'une «peine d'indignité nationale» privant de leurs droits
civiques, civils et politiques, les condamnés pour des faits de terrorisme.
Sécuritaire, mais pas que, le gouvernement français compte également prendre
des mesures en amont en annonçant principalement des projets en direction du
secteur de l'Education. Le but étant de renforcer dans la société française le
respect de la laïcité et mieux former les jeunes à la diversité et à l'esprit
civique, chanter la Marseillaise le matin devant être obligatoire. Au milieu de
ces mesures, Matignon s'est attiré les foudres de la droite et de l'extrême
droite lorsque Valls a dénoncé un «apartheid territorial, social, ethnique»
rongeant la France, dans une évocation des émeutes qui avaient secoué les
banlieues à forte population étrangère du pays en 2005. L'Europe, elle aussi,
n'est pas en reste de ces décisions puisque plusieurs pays de l'UE ont annoncé
des mesures dans leur lutte contre le terrorisme.
A CHACUN SES METHODES La Belgique, qui compterait 170 ressortissants en Syrie et en Irak, a notamment adopté une mesure concernant les écoutes téléphoniques rendant le cadre légal plus flexible pour qu'une surveillance puisse être mise en place plus rapidement. Une autre série de mesures considérée comprendrait le gel des avoirs des combattants étrangers et la possibilité de déchoir les terroristes de leur nationalité belge. Le gouvernement allemand compte confisquer les cartes d'identité des extrémistes potentiellement violents. Si la période de confiscation devait initialement durer 18 mois, elle sera à présent étendue à 3 ans. Les citoyens touchés par cette mesure recevraient une carte d'identité de remplacement qui ne leur permettrait pas de quitter le territoire. La Justice allemande souhaite aussi rendre punissable la préparation d'un voyage vers un camp terroriste et criminaliser le financement du terrorisme. En Angleterre, le renforcement du dispositif anti-terroriste reste tributaire, selon le Premier ministre David Cameron, des élections de mai. Si le Parti conservateur remporterait le scrutin, les services de renseignement disposeront de plus de pouvoirs en ce qui concerne la surveillance d'Internet et des données téléphoniques. En Italie, le ministre de l'Intérieur a annoncé que la surveillance des activités suspectes et la protection de cibles vulnérables (comme les bâtiments institutionnels et les lieux de culte, mais aussi les rédactions des journaux et des chaînes de TV) allaient être renforcées. Une attention toute particulière sera accordée au Vatican et au Pape. En ce qui concerne les combattants étrangers, le gouvernement italien a préparé une réglementation pour l'application de «mesures de prévention personnelles» que la police utilisera contre les personnes suspectées de faire partie d'un réseau de crime organisé. Cette réglementation aidera également la police italienne à renforcer la surveillance d'Internet. L'Espagne, quant à elle, a proposé la possibilité d'un changement des accords de Schengen afin de rétablir certaines vérifications aux frontières «pour les personnes constituant un risque évident ou étant réellement soupçonnées de terrorisme». En Slovaquie, le ministre de l'Intérieur, tout en saluant le travail des services de renseignement de son pays, a rappelé qu'il n'y avait aucune menace immédiate en termes de sécurité et pas de signe d'un risque accru d'attaques terroristes sur les terres slovaques. La Bulgarie a déclaré pour sa part que la législation anti-terroriste du pays serait révisée, elle qui a exprimé son inquiétude de voir des terroristes entrer en tant que demandeurs d'asile. Quant à la Turquie, montrée du doigt par le reste de l'Europe, Ankara a prévenu qu'elle ne tolérerait pas le passage de combattants étrangers sur son territoire et regrette que les pays européens soient réticents à partager les renseignements avec les autorités turques, malgré les menaces. |
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