Des hectares du
domaine public et forestier, essaimés à travers le territoire de la daïra d'Aïn
El-Turck, ont été allègrement détournés de leur vocation initiale pour abriter
des bidonvilles de plus en plus nombreux et encore plus immenses. En effet,
cette région côtière, qui aspire, ironie du sort, à promouvoir le tourisme, son
principal poumon économique, est durement confrontée au phénomène des
constructions illicites et ce, au point d'être complètement défigurée. Cette
infraction n'a pas outre mesure épargné les kilomètres de plage de cette côte
où, au cours de la saison estivale notamment, l'informel, qui s'identifie à
travers les extensions illicites, s'installe en maître à la faveur de la
complaisance des uns et de l'indifférence des autres. Hormis les quelques
plages privées, la presque totalité des falaises longeant cette côte a été
criblée pour le besoin de construction, sans aucune autorisation, d'abris de
bateaux qui sont loués par la suite à des estivants, parfois des suspects
faisant l'objet de recherches. «Nous sommes souvent confrontés à des
difficultés pour localiser des malfaiteurs, qui ont élu domicile intentionnellement
dans ces garages à bateau», a fait remarquer au Quotidien d'Oran un enquêteur
de la police judiciaire de la sûreté de daïra d'Aïn El-Turck. Il importe en
effet de noter qu'un nombre indéterminé d'interventions des forces de police et
de la Gendarmerie nationale a été opéré dans des garages à bateau de cette
partie de la wilaya d'Oran pour débusquer de dangereux malfaiteurs armés
jusqu'aux dents et pour libérer des jeunes filles, qui y ont été séquestrées
pour être violentées. Le Quotidien d'Oran a rapporté plusieurs cas de ce genre
d'affaires de crime, qui ont suscité la consternation de la population. Ce
malheureux état de fait n'a hélas toujours pas contribué à actionner la
sonnette d'alarme à travers une véritable opération d'assainissement à même de
mettre un terme à cette situation de déliquescence, qui tend à prendre des
proportions démesurées. Toujours est-il qu'en ce qui concerne les constructions
illicites, que nul n'ignore en réalité que cette transgression à la loi a donné
naissance à de véritables réseaux, qui se sont spécialisés dans les
transactions de lopins de terre et/ou de masures au sein de ces bidonvilles.
Selon des sources concordantes, un lot de terrain est proposé à partir de 10
millions de centimes alors qu'une baraque est cédée à partir du double. En
effet, en dépit des efforts consentis par les autorités locales pour tenter
d'endiguer ce phénomène, de véritables îlots de masures continuent au fil des
jours à défigurer encore plus les paysages de cette région côtière. Une
certaine extension de ces groupements de baraques fait son apparition du jour
au lendemain dans les quatre communes côtières, relevant de ladite daïra. Ce
malheureux constat s'additionne malheureusement aussi aux bidonvilles
répertoriés à l'intérieur du tissu urbain de ces communes. L'infraction
relative au branchement illicite sur le réseau de l'électricité et celui de
l'AEP par les occupants de ces masures est devenue courante avec le temps et
ce, avec tous les désagréments et autres graves dangers encourus. Les décharges
sauvages, qui ont fait leur apparition autour de ces groupements de baraques,
résultant des amas d'ordures ménagères déposés par leurs occupants, ajoutent
encore une touche noire supplémentaire à ce triste tableau. En réalité également,
c'est un secret de Polichinelle pour tout un chacun, le fait que des familles
venues de différentes contrées du pays espèrent composter un ticket, qui leur
ouvre le supposé droit de figurer sur la liste des bénéficiaires de logements
sociaux et/ou de ceux de la résorption de l'habitat précaire. Selon les mêmes
sources, les membres des réseaux cités plus haut font miroiter, sournoisement,
ce prétendu avantage dans le but évident de convaincre leurs potentielles
victimes à acheter une baraque ou une parcelle de terre dans ces bidonvilles.
Ce trafic semble avoir encore de beaux jours en se référant à la prolifération
vertigineuse de ces groupements de constructions illicites.
Le constat est
visible dans les localités de St Roch, Paradis-Plage, Claire Fontaine et même
en plein cœur de la commune d'Aïn El-Turck, sur une superficie qui abritait les
ex-Galeries, mitoyenne à la cité des 350 logements sociaux ou encore dans le
village Filaoucène, communément appelé El Qaria, sur le territoire de la
commune de Bousfer, où une rivière (oued namousse) a été carrément obstruée par
des masures au détriment de la culture maraîchère ou encore dans le bourg
Ouadite, dans cette même municipalité, à El Ançor et à Mers El-Kébir. Il
importe de signaler aussi que même les biens communaux essaimés à travers cette
daïra n'ont pas été épargnés par ce phénomène. «Ces constructions illicites
sont devenues avec le temps une véritable monnaie d'échange pour un logement.
Certains bénéficiaires les cèdent aussitôt après en avoir acquis d'autres,
encore plus nombreux, les proposent pour une sous-location», a fait remarquer
un retraité de la commune d'Aïn El-Turck. Des déclarations encore plus lourdes
de sens ont été formulées par des personnes bien au fait de ce volet sensible.