
Les
Algériens ont donc marché. Pour qui, contre qui et, surtout, pourquoi ?! Aussi
vrai que parler de corde dans la maison d'un pendu est comme crever un œil à un
borgne au pied bot, l'improbable histoire est celle du «marcheur» solitaire ; à
ne surtout pas ranger dans la rubrique des «chiens écrasés» ! Né à l'état
vigile par malformation (con) génitale, le «marcheur» solitaire voulut réussir
là où la gent des bipèdes a perdu toutes ses guiboles. Se rendant à
«l'immortelle» évidence que l'homme, dans sa petitesse « adamique», est la
meilleure créature jamais « pétrie » par l'homme, le «trottineur» solo décida
d'éprouver une théorie jamais gambergée de mémoire humaine. Sa néo-théorie
consistait à tester sa capacité à flirter avec le macadam, debout sur ses deux
pieds ; à battre le pavé pendant une semaine d'affilée. En observant le
comportement de son cerveau, puis la couleur de son visage, ensuite explorer
son estomac, et, en bout de course, regarder la forme de ses pieds. Dans une
officine pas comme les autres, fourrée huit mètres sous terre pour ne pas être
contaminée par la science infuse de la « race des bras cassés », «l'arpenteur»
solitaire commença par examiner son cerveau, à partir de ses pieds. Dans la partie
arrière de son ciboulot, il trouva une matière noirâtre, ressemblant un peu à
une matière pâteuse en forme de pain de campagne. Interrogé sous hypnose, le
«vadrouilleur» solitaire confesse, les pieds en charpie, que toute sa vie a été
de marcher, le ventre vide, avant de se cogner la tête contre un mur en
carton-pâte recyclé. Parce qu'il était né par un jour sans pain, le
«vagabondeur» solitaire chercha à expliquer à son ombre fuyante, l'importance
capitale d'utiliser ses guiboles, dans la conservation de la race des bipèdes,
voués à compter sur ses pieds, faute de savoir utiliser ses mains. Arrivé au
bout de la rue, le «marcheur» solitaire remarque que son peuple, encore à
attendre sur le carreau, a deux yeux plus gros que le pif, les oreilles et la bouche
ouverte aux quatre misères. Le peuple «assis» affichait? une mine si fripée que
le «clopineur» solitaire dut accélérer le pas pour faire revenir quelques
gouttes de sang frais à son regard de macchabée refroidi. Dans l'estomac du
peuple «assis», le «tourneur en rond» fera la découverte de sa vie : du papier
mâché, écrit dans une langue morte, assassinée par une longue sieste? de deux
mille ans. En déchiffrant à l'aide d'une loupe géante les hiéroglyphes
transcrits sur le papelard, le «traînard» solitaire perça le mystère de sa vie.
C'est qu'avant de clamser, le peuple des «assis» voulut léguer au «marcheur»
solitaire un testament, pas comme les autres. Il y était gribouillé à peu près
ceci : « Pour vous rappeler que la marche est née quarante jours avant
l'arrivée du premier homme sur terre; savez-vous ce que nous sommes devenus le
long des siècles ; à considérer ce que nous faisons de notre passage sur terre
à longueur d'ennui ? A-t-on le droit d'appeler les autres à nous suivre, à
marcher avec ou contre nous, ou, peut-être même, à nous ressembler ?! A la
«mort subite» du peuple «assis», le «marcheur» solitaire découvrit qu'il avait
les pieds trop plats. A force d'avoir trop maraudé sur les toits !!?