L'Europe redécouvre ses têtes de Turc, au propre comme au
figuré, et dé clare la guerre sainte contre l'Islam, la France en tête de pont.
Portée par la plus haute autorité en France, l'islamophobie connaît ses plus
belles années depuis l'avènement de Saint François à la chapelle de l'Elysée.
Les avertissements, à peine murmurés, par l'establishment français, quand il
n'est pas toléré, voire encouragé, d'éviter l'amalgame entre actes terroristes
islamistes et musulmans locaux a de quoi faire sourire si la situation n'est
pas à l'urgence. Presque une cinquantaine d'actes islamophobes, en à peine cinq
jours, passée sous un silence institutionnel complice because la mobilisation,
voulue internationale par Paris, contre les attaques des trois jours qui ont
ébranlé la République. Face à cette levée de boucliers, devant ces millions de
condamnations, les sorts d'une mosquée brûlée, taguée et de musulmans
banlieusards insultés et menacés ne pèsent pas très lourds dans la balance des
droits de l'homme européenne ni ne cadre avec les conventions sur mesure. Le
Vieux continent reprend ses anciennes habitudes en stigmatisant une religion
rendue responsable de tous ses maux. Et quoi de mieux que l'Islam, lâché par
ses fidèles et détourné par ses fanatiques, pour servir de bouc-émissaire. Le
christianisme étant la religion de l'Europe, le judaïsme, un tabou historique,
il ne reste que l'Islam à cibler. L'Allemagne a créé ses nouvelles chemises
brunes avec Pegida qui manifeste sa haine de la religion de Mohamed et appelle
à chasser tous les musulmans de ses terres. La France, avec l'extrême droite,
la droite, la gauche. La Suisse, l'Autriche, la Suède, la Norvège, la Belgique,
la haine du musulman fait tache d'huile et s'étend à toute l'Europe. Si Merkel
a clarifié merveilleusement sa situation, les autres, Hollande en chef de file,
ont préféré tourner la tête vers la douleur d'une seule communauté. Le Crif a
ordonné, l'Elysée a exécuté et l'armée campe désormais aux portes des synagogues
et des écoles juives. Les mosquées continuent de brûler même si Cazeneuve, de
l'Intérieur, a promis quelques épouvantails pour faire peur aux corbeaux de
devant les fenêtres des salles de prière. Pendant ce temps, le monde arabe et
musulman se tait tout comme ses prétendus intellectuels vendus à une cause et
les défenseurs d'une liberté d'expression à deux vitesses. Dieudonné qui est
placé en garde à vue pour un simple jeu de mot douteux et Charlie Hebdo qui
tire à 5 millions d'exemplaires, avec l'aide de l'Etat français, avec encore
une fois, à sa Une, des caricatures nauséabondes censées être la panacée de la
liberté d'expression. Devant tant de provocations gratuites, les musulmans de
France ne devraient pas avoir honte de brandir une pancarte où il est écrit
avec le sang de tous les musulmans et arabes tués par les bombes occidentales
ou avec leurs armes vendues aux groupes terroristes : «Je ne suis pas Charlie».