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Intervenant hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège du pôle
du changement à Ben Aknoun, Alger, Ali Benflis a réitéré sa conviction que le
changement ne peut se faire sans qu'il y ait au préalable des élus à tous les
niveaux qui soient choisis démocratiquement par les électeurs.
Le conférencier dit espérer que le pouvoir revienne à la raison pour anticiper sur la situation politique actuelle marquée par un blocage dangereux. Pour l'ancien chef du gouvernement, il s'agit pour le pouvoir en place de faire des ouvertures politiques et de retourner à la légitimité des urnes. Il y a lieu, selon l'orateur, d'abord, de constituer une commission composée du pouvoir et de l'opposition et élaborer une démarche en fonction d'un calendrier pour aller à des élections qui toucheront toutes les institutions éligibles. Il ne précise pas toutefois par quelle institution il faut commencer, disant que «l'essentiel est que le régime accepte d'aller vers un changement et ensuite il y aura un calendrier qui viendra organiser ces élections». Benflis estime que le révision constitutionnelle prônée par le pouvoir «n'est pas prioritaire» et explique que cela fait déjà plusieurs années (4 années) qu'on en parle, mais sans qu'on arrive à le faire. Pour Benflis, cette énième échappatoire qui consiste en la révision constitutionnelle ne peut «apporter les changements tant attendus par le peuple». Pour lui, le régime veut faire diversion en voulant une révision de la Constitution. Benflis répond que ce n'est pas la Constitution qui est au cœur de la crise, mais c'est le fait d'un pouvoir personnel et que cette révision doit intervenir dans le contexte d'un règlement de la crise et de l'organisation d'une transition. Ali Benflis qui qualifie la situation actuelle de dangereuse pour le pays l'impute à la vacance du pouvoir et regrette dans ce sillage que la dernière élection d'avril 2014 n'a pas élu un chef d'Etat, mais a « reconduit cette vacance». «C'est cela qui aggrave encore cette situation» et chaque jour, indique l'orateur, «des incohérences, des contradictions et inopportunités sont prises par les gouvernants» et l'on constate des manquements aux règles élémentaires de bonne gouvernance. «Le gouvernement ne se réunit quasiment plus et ne fait que gérer les affaires courantes alors que le pays est sans guide», dira-t-il. Benflis ajoute que cette vacance qui est au sommet de l'Etat s'est traduite par une défaillance du gouvernement sur tous les plans à un moment où le pays connaît des foyers de tension et crises dans de nombreuses régions du territoire à Ghardaïa, Touggourt et autres. Questionné sur les récentes marches de citoyens qui se sont opposés à l'exploitation du gaz de schiste dans la région de In-Salah, Benflis indiquera que cela devrait être précédé par un débat à l'échelle nationale engageant tout le peuple algérien et ce n'est pas uniquement les citoyens de cette région qui sont concernés. Il ajoutera que l'exploitation du gaz du schiste n'est pas salvatrice actuellement au regard du prix pratiqué sur le marché international. Benflis, lors de son intervention, s'est d'ailleurs longuement étalé sur le dossier de la chute du prix du pétrole. Il considère que le pouvoir n'a pas eu le courage nécessaire pour dire la vérité au peuple sur cette chute qui va amputer nos caisses de la moitié des recettes. Pour lui, le diagnostique devait être fait pour identifier quels sont les moyens pouvant nous permettre de compenser ces pertes. Et dire également à la population quels sont les secteurs qui seront les plus touchés. Pour Benflis, «nos gouvernants n'ont pour seul plan que celui qui consiste à vider les caisses des réserves de change et du fonds de régulation des recettes». |
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