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La protestation
contre l'exploitation du gaz de schiste ne baisse pas. Depuis l'annonce par le
Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de l'intention du gouvernement de tirer
profit de cette énergie sujette à controverse, les populations de plusieurs
régions du sud du pays expriment régulièrement leurs inquiétudes à travers
notamment l'organisation de marches et de rassemblements.
Les employés de la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) et de la direction des Ressources en eau ont organisé, hier, un sit-in pacifique devant le siège de la wilaya, tandis que le personnel de la commune de Tamanrasset s'est rassemblé devant le siège de l'APC, en signe de protestation contre «l'exploitation du gaz de schiste dans la région», rapporte l'APS. Une marche pacifique regroupant des étudiants et des lycéens a également été organisée à travers les artères principales de la ville de Tamanrasset, avant d'aboutir devant le siège de la wilaya où un sit-in pacifique s'est tenu, indique la même source qui précise que l'activité commerciale est paralysée au centre-ville, suite à la fermeture des marchés et des locaux commerciaux. Le mouvement de protestation contre l'exploitation du gaz de schiste se poursuit également à In-Salah où un sit-in pacifique est toujours maintenu devant le siège de la daïra. En dépit des «assurances» du ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, les habitants des régions du Sud campent sur leurs positions, exigeant notamment l'arrêt immédiat des travaux de forage lancés par Sonatrach pour extraire ce gaz mais aussi du pétrole. Le ministre de l'Energie, pour rappel, s'était rendu jeudi dernier dans la daïra d'In-Salah pour rencontrer les représentants des protestataires et les notables de la région et les avait assurés que «l'exploitation de cette énergie ne comportait aucun danger», appelant les protestataires, par le biais de leurs représentants, à «faire preuve de sagesse et à s'assurer des conséquences de l'exploitation du gaz de schiste». En fait, le gouvernement algérien est devant un vrai dilemme. La non-exploitation du gaz et du pétrole de schiste sera préjudiciable à plus d'un titre, sachant que l'essentiel des revenus de l'Etat viennent justement des hydrocarbures. Partant du constat que les principaux gisements de pétrole et de gaz conventionnels connaissent un déclin pour cause de leur surexploitation depuis une quinzaine d'années - on est passé, selon les experts, de 700.000 barils/jour en 1999 à 1,7 million barils/jour en 2013 -, le calcul est simple et les inquiétudes du gouvernement sont aussi claires. L'exploitation du gaz de schiste, en dépit de toutes les menaces que cela représente sur la nappe phréatique et l'environnement, est la seule carte dont disposent nos gouvernants pour faire fonctionner un pays qui n'arrive pas à diversifier son économie malgré les centaines de milliards de dollars injectés dans les circuits depuis l'avènement de Bouteflika au pouvoir. L'argument avancé par le gouvernement et qui consiste à faire valoir que l'Algérie n'a pas d'autre choix que d'exploiter les énergies non conventionnelles pour assurer l'avenir des futures générations ne semble pas convaincre les habitants du Sud qui ont été oubliés durant des décennies et qui n'ont pas réellement profité de tous les plans de développement initiés depuis l'indépendance du pays, et ce pour cause de mauvaise ou, disons-le franchement, absence de gouvernance dans une région qui recèle pourtant l'essentiel de nos richesses. En tous les cas, une chose est certaine, la mobilisation contre l'exploitation du gaz de schiste semble aller crescendo, pas seulement au Sud mais également au Nord ou de plus en plus de voix s'élèvent contre la démarche du gouvernement qui veut battre en brèche ce que tous les experts en la matière présentent comme étant un danger environnemental irréversible. |
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