La prestigieuse place Maître Thuveny, située juste en face du palais de
justice d'Oran, qui faisait jadis la fierté des Oranais, s'est malheureusement
transformée en parking sauvage de véhicules au même titre qu'une grande partie
du début de la rue Mohamed Boudiaf (ex-rue de Mostaganem). Les raisons de cette
triste déchéance sont directement liées à l'itinéraire du tramway, qui, comble
de l'ironie, n'emprunte même pas encore cette zone. Du coup, la place Maître
Thuveny a considérablement perdu de son attrait au même titre que sa ceinture
d'espaces de gazonnés. «Un véritable point de repère et tout un pan de
l'histoire contemporaine sont en passe de disparaître sans que personne crie au
scandale. Il n'y a aucune excuse à ce massacre. Il est encore temps de tenter
de redorer son blason», se sont insurgés des riverains du quartier Plateau St
Michel, mitoyen à cette esplanade, qui figure parmi les magnifiques joyaux dont
jouit la cité éponyme de Sidi El Houari. «Heureusement que notre lieu de
résidence a été épargné par le tracé du tramway. Nous compatissons avec les
habitants et les commerçants, qui se sont retrouvés, malgré eux, du jour au
lendemain sur son itinéraire», ont encore ajouté nos interlocuteurs.
D'autres places et d'autres boulevards ainsi que des rues, aussi
illustres les unes que les autres, ont subi le même triste sort pour des
raisons similaires. A titre d'exemple, citons le boulevard Maâta Mohamed El
Habib (ex- maréchal Joffre), lieu où s'épanouissait la badauderie dans un passé
encore vivace, qui a subitement perdu de son aura au grand dam des riverains et
notamment des commerçants. Cette artère, qui constitue la limite de la rue de
Tlemcen et celle de Mascara pour aboutir à la dénaturée place du 1er Novembre
1954 (ex-place d'Armes), a finalement perdu son charme original, qui
s'identifiait à travers ses cafétérias et ses magasins achalandés, versés dans
un éventail varié d'activités commerciales, dont la grande majorité a disparu
tandis que le reste broie du noir.