« Le mix énergétique est une alternative incontournable en Algérie pour
augmenter l'offre en ressources, y compris schisteuses, et répondre à une
demande de plus en plus croissante » a indiqué, hier au micro de la Chaine III,
le président directeur général de Sonatrach, M. Saïd Sahnoune.
« Pas moins de 70 milliards de dollars vont être investis sur 20 ans par
l'Algérie pour développer l'exploration et l'exploitation de gaz de schiste à
raison du forage de 200 puits chaque année » a annoncé l'invité de la radio,
précisant « qu'il s'agit-là d'une décision incontournable » a-t-il souligné.
Insistant sur la nécessité des ressources non-conventionnelles en Algérie, le
P-dg de Sonatrach a expliqué que « cette décision est motivée par le souci
d'accroitre, de renforcer et de diversifier la base des réserves
d'hydrocarbures du pays, pour assurer l'approvisionnement du marché intérieur
sans éroder la valeur de nos exportations » a-t-il indiqué. Chiffres à l'appui,
Saïd Sahnoune a expliqué que pour la seule année 2015, « l'Algérie devrait
consommer quelque 35 milliards de M3 de gaz naturel », ajoutant qu'un pic
historique a été atteint le 1er janvier dernier, avec la consommation de 100
millions de mètres cubes en une seule journée. Démentant les rumeurs, faisant état
de l'amenuisement des réserves de gaz naturel de l'Algérie, l'invité de la
radio dira que « l'urgence aujourd'hui est de les renforcer ». À la question de
savoir si des précautions ont été prises pour éviter que les populations et
l'eau qu'ils utilisent ne soient contaminées lors des opérations d'extraction
du gaz de schiste, Saïd Sahnoune, se livrant à des détails très techniques sur
l'origine du gaz de schiste, comme le forage de puits horizontaux, a expliqué
que « toutes les précautions et mesures visant à prévenir ces situations ont
été prises en compte », admettant, au passage, que « Sonatrach n'a pas
suffisamment communiqué sur le sujet, et que les craintes vis-à-vis de la
fracturation hydraulique sont justifiées a-t-il reconnu. « Le risque est le même
pour l'exploitation des ressources énergétiques conventionnelles et
non-conventionnelles » a martelé le premier responsable du groupe pétrolier
Sonatrach, ajoutant que « la technologie d'extraction et de fracturation
hydraulique est parfaitement maitrisée à In Salah ». Pour le P-dg du groupe
pétrolier Sonatrach, outre la nécessité pour le groupe pétrolier national de se
mettre au diapason des technologies nouvelles, les retombées économiques
attendues de l'exploitation des gisements de gaz de schiste, dont le premier
forage a eu lieu en décembre dernier à In Salah, auront un effet d'entrainement
et des incidences économiques et sociales « très positives » a-t-il estimé.
D'un projet produisant 20 milliards de M3/an de gaz de schiste, Saïd Sahnoune a
assuré qu'il « générerait environ 50.000 emplois directs et indirects, même si
en Algérie, on en est encore au stade de la faisabilité opérationnelle et
économique concernant cette technologie » a-t-il tempéré. Le véritable défi
est, pour le P-dg de Sonatrach, « d'avoir une maitrise suffisante sur les coûts
que l'exploitation de cette ressource nécessite, et un environnement de prix
qui soit compatible avec cette activité » a-t-il indiqué. « Si nous arrivons à
forer un seul puits de gaz de schiste moyennant une facture de 18 millions de
dollars, pour le réaliser en 45 jours et assurer un niveau de production de
250.000 M3/jour pendant deux années, l'entreprise est économiquement rentable »
a, encore, expliqué Saïd Sahnoune, ajoutant que plus de 200 puits seront forés
pour le premier projet, contre un investissement de 70 milliards de dollars et
50.000 emplois qui seront créés. Une fois transformé, « le gaz de schiste a les
mêmes caractéristiques que le GNL que nous exportons actuellement » a, encore,
expliqué le patron de Sonatrach, confirmant, au passage, que l'Arabie Saoudite
s'est bel et bien engagée dans l'exploitation du gaz de schiste. Réfutant les
informations faisant état de la diminution des réserves d'hydrocarbures en
Algérie, Saïd Sahnoune a expliqué que près de 500 millions de tonnes équivalent
pétrole (TEP) ont été découvertes en 2014. De 1993 à 2013, « la base de réserve
de Sonatrach n'a pas décru d'un seul mètre cube », ajoutant que l'Algérie est
crédité de 20.000 milliards de M3 de réserves de gaz de schiste, «
techniquement récupérables ». Pour piloter ce projet d'envergure, Saïd Sahnoune
précise, par ailleurs, que Sonatrach va recruter 5.000 ingénieurs et 3.000
techniciens supérieurs, ajoutant que le premier forage en offshore sera réalisé
lors du quatrième trimestre de l'année en cours.