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La colère des gens
du sud du pays, plus spécialement les populations vivant dans les périmètres de
la future exploitation des champs de gaz et pétrole de schiste, a rappelé que
le débat n'a pas eu lieu.
Un débat national, sans passion ni forcing de l'Etat à travers ses canaux traditionnels, sur l'exploitation ou non, du potentiel des énergies non conventionnelles du sous-sol algérien. Entendre, donc, le pétrole et le gaz emprisonnés dans la roche, et non pas le solaire, l'éolien ou même l'énergie hydraulique. Youcef Yousfi, a indiqué, lors d'une rencontre, jeudi après-midi, à In-Salah, avec les représentants des protestataires contre l'exploitation du gaz de schiste, dans la région, que celle-ci ne comportait aucun danger. Le ministre a appelé les représentants des protestataires à faire preuve de sagesse et à s'assurer des résultats de l'exploitation du gaz de schiste, même s'il faut pour cela, a-t-il dit, dépêcher un groupe de protestataires, en compagnie d'experts, à l'étranger, pour en avoir le coeur net, et que dans le cas contraire, il sera procédé à l'arrêt de l'exploitation du gaz de schiste dans la région. Le ministre a souligné, lors de cette rencontre, tenue à l'hôtel ?Tidikelt', en présence de notables et d'élus de la région, que les nouvelles techniques utilisées permettent une extraction «sans dangers» de ce type de gaz et que «l'Algérie se devait de diversifier ses sources d'énergie». Le sud algérien renferme de «grandes quantités» de gaz de schiste qui de plus est «d'une des meilleures qualités», a affirmé le ministre ajoutant, toutefois, que les coûts de son extraction ne sont pas encore connus, car «nous sommes en phase d'évaluation». Dans le but d'assurer la formation des jeunes de la région, M. Youcef Yousfi a annoncé l'ouverture, prochaine, de 2 instituts de formation de techniciens supérieurs, à In-Salah et Tamanrasset, et 2stations de bonbonnes de gaz, dans ces mêmes villes, qui viendront s'ajouter aux 2 projets de centrales éolienne et solaire, à Ghardaïa et Hassi-Rmel, a-t-il ajouté. Le débat, sur le sujet, a été zappé par les tenants du tout énergétique, qui ont fait, en 2011 et 2012, un forcing «de tous les diables» pour faire voter la nouvelle loi sur les hydrocarbures, qui, elle, a donc intégré l'exploitation des énergies fossiles non conventionnelles. Le chef du gouvernement Abdelmalek Sellal, en dépit de ses assurances, a fini par plier et donner son feu vert pour ce type d'énergies. L'APN n'a fait, ensuite, que suivre la tendance et voter cette nouvelle loi sur les hydrocarbures. Et, sans transition, c'est-à-dire, sans débat sur «faut-il aller ou non» aux gaz de schiste, l'Algérie est entrée, fin décembre 2014, dans l'exploitation officielle des gaz et pétrole de schiste. C'est le 27 décembre dernier que le ministre de l'Energie Youcef Yousfi annonce la nouvelle à Ahnet, dans la daïra d'In Salah. Dans des déclarations à la presse qui l'accompagnait, ainsi que les ministres des Ressources en eau et de l'Environnement, il a déclaré que «nous assistons au succès de la première opération réelle de l'exploration de gaz de schiste dans le bassin d'Ahnet où nous avons réussi à produire du gaz, extrêmement, compact, situé dans des roches imperméables». Il poursuit: «ce puits nous laisse envisager la possibilité d'aller de l'avant dans l'exploitation, éventuelle, de ces ressources gazières non conventionnelles». Le potentiel récupérable du bassin d'Ahnet, selon les géologues de Sonatrach, est de 7.500 milliards de m³ de gaz schisteux, soit 2 fois la capacité du champ de Hassi R'mel. Plus globalement, les réserves techniquement récupérables de gaz de schiste de l'Algérie sont estimées, par le département américain à l'Energie, à 19.800 milliards de m³. Une révision à la hausse du potentiel récupérable de l'Algérie par le département américain de l'Energie, dans son rapport mondial par rapport au chiffre annoncé, en 2011, qui était de 6.440 milliards de m³ de gaz. Un potentiel récupérable qui place l'Algérie au 3ème rang mondial, par ses réserves de gaz de schiste, devancée par la Chine (31.220 milliards de m³) et l'Argentine (22.500 milliards de m³). Suffisant pour nourrir tous les espoirs, tous les appétits. Lors de la présentation du projet de texte sur les hydrocarbures, modifiant la loi 05/07 d'avril 2005, le gouvernement avait pris soin de préciser que l'exploitation des gaz de schiste ne se fera pas au détriment de l'environnement. Mais, la date butoir alors annoncée par M. Sellal de ne pas extraire les gaz de schiste avant 2040 semble aujourd'hui révolue. Car le forcing du ministère a été basé sur des chiffres inquiétants: le secteur de l'Energie doit répondre à une demande nationale en hausse croissante qui va passer de 46 millions de Tep (tonnes équivalent pétrole) actuellement à environ 100 millions de Tep à l'horizon 2030, tout en maintenant un niveau d'exportation compatible avec les besoins de financement de l'économie, avait argumenté, devant les députés, M. Yousfi. Il ajoute que «la priorité des priorités, dans le domaine des hydrocarbures, est l'élargissement de nos ressources. Cela passe par une intensification de l'exploration, dans toutes les régions du pays, pour tous type d'hydrocarbures, conventionnels ou non conventionnels». «Nous n'avons donc d'autres choix que de faire appel à un mix énergétique pour satisfaire nos besoins internes et exploiter l'ensemble de nos potentialités pour nous renforcer sur les marchés internationaux», ajoute encore le ministre de l'Energie. Les arguments du ministre de l'énergie trouvent aujourd'hui de l'aspérité par rapport à la nouvelle configuration, violente, sur le marché pétrolier. La baisse des cours du brut, qui ont franchi le seuil psychologique des 50 dollars/baril jeudi, a encore assombri les perspectives économiques et financières du pays, qui n'a pour le moment que des ressources d'hydrocarbures pour faire «carburer» l'économie nationale. Avec cette crise des prix pétroliers qui s'installe dans la durée, va-t-on donner raison aux tenants de l'exploitation à outrance des réserves énergétiques nationales? Déjà, ce tableau inquiète: le rythme de croissance démographique que connaît le pays (60 millions d'habitants à l'horizon 2040) et l'augmentation continue du volume des besoins en produits énergétiques entraîneraient une consommation de gaz, en 2040, de 200 milliards de GW/h, alors que la consommation de gaz passera de 30 à 100 milliards M3 par an, durant la même période. Dés lors, évoquer un débat sur le gaz de schiste prend une autre saveur, amère. |
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