Depuis une vingtaine
d'années, l'Algérie a fait de grands progrès dans la lutte contre le cancer » a
indiqué, hier au micro de la Chaîne 3 de la radio nationale, le professeur
Messaoud Zitouni, chargé par le président de la République de l'élaboration et
du suivi du Plan anti-cancer 2015-2019. « Du point de vue des atouts dont nous
disposons, c'est, surtout, cette volonté politique affirmée au plus haut niveau
de l'Etat, à commencer par le chef de l'Etat lui-même, qui a décrété le cancer
comme un problème majeur de santé publique » a expliqué l'invité de la radio,
ajoutant que « la lutte contre le cancer est, aujourd'hui, classée priorité
nationale ». Lors de l'élaboration de notre rapport remis au président
Bouteflika, « nous avons constaté une certaine insatisfaction de la part des
malades et de leurs familles, et même des professionnels de la santé » a encore
indiqué le Pf Messaoud Zitouni. Les maladies dites « non transmissibles », dont
le cancer et les maladies cardio-vasculaires, « sont en train de remplacer les
maladies transmissibles ou contagieuses que nous avons vaincu » a souligné le
Pr Messaoud Zitouni, ajoutant qu'il s'agit-là « de maladies chroniques qui
exigent de nous une réforme du système d'enseignement des sciences médicales
mais aussi une organisation du système de soins » a-t-il indiqué. L'incidence
du cancer en Algérie « est liée essentiellement au vieillissement de la
population, avec une espérance de vie de 77 ans, soit l'équivalent des pays
européens du sud de la Méditerranée » a-t-il expliqué. Les experts, rédacteurs
de la stratégie nationale de lutte contre le cancer, « placent la prévention et
le dépistage précoce de la maladie en tête des priorités, parce que la
prévention, est le seul investissement valable qui permet de réduire le nombre
des cancers mortels, alors que le dépistage précoce permet de traiter et de
guérir la maladie» a encore expliqué le Pr Messaoud Zitouni. Au titre des
autres priorités de la lutte contre le cancer, on trouve, également, le
traitement, l'accompagnement et l'orientation du malade, le suivi et le
financement considéré par le professeur Messaoud Zitouni comme le « nœud
gordien » de la lutte contre le cancer. Au sujet de la polémique sur le nombre
réel de cas de cancer, enregistrés chaque année.
Certaines
statistiques parlent de 45.000 à 50.000 nouveaux cas annuellement- Pr Messaoud
Zitouni mettra en exergue l'importance des registres des cancers, tenus
notamment au niveau d'Alger, Sétif et Oran, « qui sont très appréciés et
reconnus au plan international» a-t-il expliqué. Le cancer « devient une
maladie du vieillissement » a martelé l'invité de la radio, pointant du doigt
le tabagisme qui « doit être déclaré ennemi public numéro un, à l'origine de
plus 90% des cas du cancer du poumon et de 35% des autres maladies cancéreuses
» a-t-il alerté. Insistant sur l'utilisation des ressources financières,
dégagées pour la lutte contre le cancer, le Pr Messaoud Zitouni a déploré
l'absence de comptes nationaux de santé, qui « permettent de fixer les
priorités en matière de santé publique, et de la lutte contre les pathologies
lourdes » a-t-il indiqué. « Deux fonds d'affectations spéciales, inscrits à
l'indicatif du ministère de la Santé, seront mis en place prochainement, pour
permettre justement une utilisation rationnelle de l'argent dégagé pour la
lutte contre le cancer, soit plus de 200 milliards de dinars pour les cinq
prochaines années » a annoncé le Pr Messaoud Zitouni, se félicitant de la «
réduction significative » des délais de rendez-vous pour les malades dans le
besoin de radiothérapie, « grâce à l'ouverture de quatre autres centres
anti-cancer, dont deux privés à Constantine et Blida » a-t-il indiqué. « Le
cancer du poumon, chez l'homme essentiellement, le cancer du sein qui connait
une incidence inquiétante, le cancer de la prostate, et les cancers du tube
digestif, sont parmi les plus répandues en Algérie, soit plus de 60% du nombre
global de cas enregistrés chaque année » a, encore, souligné le Pr Messaoud
Zitouni, ajoutant que « l'objectif essentiel du plan anti-cancer demeure la
réduction du taux de mortalité et l'amélioration de la prévention contre les
facteurs de risque ».