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Quelque 360
migrants débarqués hier samedi à Corigliano, en Calabre, dans le sud de
l'Italie, d'un cargo abandonné par son équipage, ont été transportés dans des
centres d'accueil où ils ont rejoint des centaines d'autres arrivés en moins de
deux semaines dans les mêmes conditions. La marine militaire italienne avait
d'abord fait état d'une estimation de 450 migrants à bord de ce cargo,
l'Ezadeem, livré à son sort par son équipage et privé d'électricité, avant
d'annoncer ce chiffre de 360: 232 hommes, 54 femmes et 74 mineurs, tous en
bonne santé. Pas moins de trois cargos, chargés au total de près de 2.000
personnes, hommes, femmes et enfants, en majorité originaires de Syrie, ont
débarqué sur les côtes italiennes depuis le 20 décembre. Le dernier en date,
l'Ezadeem, est arrivé vendredi soir en Calabre au terme d'un périple entamé à
Tartous en Syrie et qui devait en principe se terminer à Sète en France, selon
le site spécialisé de suivi du trafic maritime Marinetraffic. Long de 73 mètres
et destiné au transport des animaux, le cargo est entré dans ce port calabrais
vers 23H00. Le navire avait été repéré jeudi soir, apparemment en difficulté, à
quelque 80 milles (environ 150 km) au large de Crotone (Calabre). Les passagers
de ce nouveau cargo fantôme ont été disséminés dans différents centres
d'accueil en dehors de la Calabre, selon la préfecture de Cosenza. Près de 800
migrants avaient débarqué la nuit du Nouvel an à Gallipoli, dans les Pouilles,
non loin de la Calabre, après un autre périple à bord d'un cargo, le Blue Sky
M, parti de Turquie. Le 20 décembre, ils étaient également 800 à bord d'un
autre cargo parti lui aussi de Turquie.
«L'utilisation de navires marchands est une nouvelle tendance, mais rentre dans le cadre d'une situation qui n'a jamais cessé et qui ne peut plus être ignorée par les gouvernements européens», a déclaré Vincent Cochetel, directeur du bureau européenn de l'UNHCR, l'agence des Nations unies pour les réfugiés. La lutte contre les trafiquants utilisant de «nouveaux moyens» pour entrer dans l'UE sera l'une des «priorités» de l'Union européenne en 2015, a promis vendredi un porte-parole. Le mode opératoire semble à chaque fois identique. Un cargo est affrété par les trafiquants, chargé de centaines de migrants, essentiellement des Syriens fuyant la guerre dans leurs pays. Le navire est ensuite abandonné à son sort à l'approche des côtes grecques, dans le cas du Blue Sky M, ou italiennes pour l'Ezadeem. Et d'une façon ou d'une autre, les migrants ou les passeurs eux-mêmes, préviennent les autorités maritimes qui interviennent alors pour mener ces migrants à bon port. Avec un paiement de 1.000 à 2.000 dollars par personne, un voyage comme celui du Blue Sky M peut rapporter plus d'un million de dollars, soit largement assez pour financer l'affrètement d'un bâteau et de son équipage, explique ainsi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Et d'évoquer les »économies d'échelle» ainsi réalisées par les trafiquants qui s'assurent de gros revenus en un seul voyage. Les autorités italiennes s'inquiètent de cette tendance, qui si elle devait se confirmer, augmenterait significativement le nombre d'arrivées de migrants, déjà très important. Dès le 20 décembre, les garde-côtes italiens avaient tiré la sonnette d'alarme en dénonçant un «phénomène inquiétant» en augmentation. En Italie, le total des arrivées de migrants pour l'année 2014 a dépassé 160.000, soit une moyenne de plus de 400 personnes par jour, dont plus de la moitié sont Syriens ou Erythréens. La grande majorité arrive à bord de canots pneumatiques ou de vieux bateaux de pêche partis de Libye, où le chaos laisse le champ libre aux passeurs. L'hiver et le remplacement progressif de la vaste opération de secours «Mare Nostrum» par un dispositif plus limité de contrôle des frontières baptisé «Triton» n'ont pas mis fin à ce ballet incessant des embarcations de fortune en Méditerranée. |
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