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Enterré
jeudi à Constantine en présence des officiels, le défunt wali d'Annaba, Mohamed
Mounib Sendid, a été qualifié de «martyr de la lutte contre la mafia du
foncier» par Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs.
Hanoune qui a une histoire particulière avec Annaba ne fait que prendre en
charge un sentiment répandu dans cette ville que la santé du défunt wali a pâti
de manière fatale des pressions qui se sont exercées sur lui en matière de
foncier. Louisa Hanoune s'en est fait l'écho en rendant hommage à un
«résistant» de la défense du bien public et en dénonçant la «mafia du foncier»
et «des enfants de responsables».
Louisa Hanoune a demandé la mise en place d'une commission d'enquête pour comprendre ce qui s'est passé avant le décès. Sa lecture n'en est pas moins claire et correspond à une analyse qu'elle ne cesse de rappeler : l'argent sale, les notabilités et les «ouledflène» minent l'Etat. Elle désigne dans ce qui se passe à Annaba autour du foncier et des pressions qui auraient été exercées sur le défunt wali un cas exemplaire de cette situation qu'elle ne cesse de dénoncer. Ceux qui connaissent cette ville disent que rien, absolument rien, n'y reste caché. L'information, même dans les grands moments figés du parti unique, circule, se transmet et se commente. Ce trait particulier d'Annaba et des Annabis, certains responsables ont tendance à le détester. Cette ville qui «jase» n'a en réalité fait qu'inventer une sorte de contre-pouvoir informel du pauvre. Il n'existait pas de contre-pouvoir formel sous le parti unique et il n'existe toujours pas. Il n'y a que cette parole, qui peut être vindicative ou médisante, qui s'exprime pour rappeler aux responsables que rien de ce qu'ils font ne restera secret. Ce contre-pouvoir informel est en général suspicieux à l'égard de ceux qui détiennent le pouvoir. La réputation de « résistant» aux appétits de la «mafia du foncier» qu'a eue Mohamed Sendid à Annaba est donc assez exceptionnelle pour ne pas être soulignée. Les causes cliniques du décès du wali d'Annaba ont été établies mais des déclarations comme celle de Hanoune ou les échos qui proviennent de cette ville qui ne se tait jamais dressent une image sinistre de l'environnement dans lequel il exerçait sa mission de commis de l'Etat. Le poids des puissances informelles s'impose lourdement aux institutions qui restent. Et il n'est pas besoin d'être de gauche pour s'en inquiéter. L'Etat algérien est en panne de réforme, il n'a plus depuis longtemps une capacité d'impulsion vertueuse. Il dispose par contre, toujours, de biens publics et d'un domaine foncier qui suscitent des appétits. Cette montée en puissance des forces de l'argent n'a rien d'une invention, elle est visible et elle s'affiche. Et elle entend transformer un sérieux besoin de réforme de l'Etat en une entreprise de liquidation et de partage des «dépouilles». Le pouvoir refuse de parler de transition ou de refondation de l'Etat alors que ces nouvelles puissances sont déjà en action et cherchent déjà à imposer leur logique. Il faudra quand même rappeler que ce n'est pas seulement Annaba qui a tendance à «jaser». Toute l'Algérie jase et surveille une transition que l'on refuse formellement mais qui se mène néanmoins dans l'opacité. Ce pays a besoin d'une réforme mais des appétits voraces risquent de fabriquer des révoltes. Voire plus? |
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