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«Le Quotidien d'Oran», miroir de l'actualité, ouvert sur le futur

par Mourad Benachenhou

Au cours de ces vingt dernières années, la libéralisation de l'économie algérienne, qui a finalement rejoint le courant irrésistible de la mondialisation, a entrainé des bouleversements à la fois économiques, politiques, sociaux et culturels irréversibles. L'élévation du niveau culturel de la population algérienne, résultat d'une politique de scolarisation massive dont même les enfants des couches les plus défavorisées de la population ont bénéficié, a créé une nouvelle élite intellectuelle dont les ambitions et les exigences ont de plus en plus d'influence sur l'évolution de la société algérienne. Dans ces bouleversements, la presse, qu'elle soit de service public ou indépendance, a joué un rôle primordial que les spécialistes des mass- média ont tenté d'analyser.

Par définition, une publication quotidienne reflète l'actualité. Sa lecture ne permet pas de percevoir les changements graduels que la société vit, changements peu perceptibles à travers la diversité des évènements que le journal rapporte. Ce n'est qu'à travers une analyse approfondie des faits, commentaires, éditoriaux qui constituent la trame journalière de ce type de publication que l'on peut percevoir la pertinence des choix effectués par les responsables de la rédaction dans le choix des nouvelles et le contenu des analyses qui reçoivent l'imprimatur final. En fonction de leurs préoccupations actuelles et de leurs intérêts, la lectrice et le lecteur sont les juges de cette pertinence manifestée à travers leur fidélité au journal.

La réussite d'un journal, qui a accompagné ces vingt années de changements profonds, tient dans l'équilibre que sa rédaction maintient entre, d'un côté, la réponse à l'attente quotidienne de ses lecteurs et, de l'autre, la nécessité de percevoir les changements qui traversent la société, et qui doivent trouver leur place dans ce miroir de la société que cette publication représente.

Trop mettre l'accent sur l'actualité brulante transforme le journal en une simple chronique des temps présents ; et la dérive sensationnaliste lui fait perdre de sa légitimité sociale. Donner trop d'espace à l'analyse au-delà des rubriques de caractère spécifiquement éditorial où se reflètent en toute liberté les opinions de la rédaction sur des questions importantes peut lasser le lecteur.

?Le Quotidien d'Oran » a su éviter le double écueil d'un journaliste trop porté à narrer l'actualité, d'un côté, et d'une publication trop portée à l'analyse, de l'autre. Il s'est imposé, dans la multiplicité des quotidiens qui ont éclos avec la libéralisation de la presse, à la fois comme une référence indispensable pour suivre l'actualité à la fois régionale et nationale, et comme un organe ouvert à la réflexion sérieuse sur les questions de fonds qui interrogent l'avenir du pays ou qui dominent la scène internationale. Il faut beaucoup de talent et un professionnalisme sans concession pour réussir à publier, jour après jour, un journal à la fois informatif et instructif, poussant le lecteur à s'intéresser aux questions quotidiennes et à maintenir son esprit ouvert aux problèmes nationaux et internationaux qui dépassent son espace géographique et professionnel étroit.

L'âge de vingt ans est le début de la maturité pour la personne, l'étape des grandes ambitions affirmées ; mais pour « Le Quotidien d'Oran, » journal qui fait partie de l'Histoire de notre pays, et contribuera à éclairer les historiens futurs, cet âge est une preuve de réussite dans la mission à la fois complexe et noble qu'il s'est donné dés son lancement, et qui apparait à travers sa ligne éditoriale, à la fois claire et constante, que sa rédaction suit contre vents et marées, mission particulièrement difficile dans un contexte changeant rapidement. Une entreprise réussie est le fruit de la conjonction d'un leadership de qualité et d'une équipe hautement engagée. « Le Quotidien d'Oran » a la chance de jouir de cette conjonction gagnante. On ne peut que le féliciter d'avoir atteint, grâce à un professionnalisme sans faille et sans concessions, cet âge de vingt ans, âge vénérable pour une publication soumise chaque jour à l'épreuve du feu que constitue la soumission au jugement incisif d'un public attentif et éduqué, l'encourager à maintenir son orientation et à continuer de rendre ce triple service peu égalé d'informer, d'instruire et de distraire, cette vaste et diverse communauté de lecteurs, qui comptent tant des Algériennes et Algériens que des étrangers ayant un intérêt ou ressentant un attrait sympathique envers l'Algérie.