« Oran, la
métropole méditerranéenne, la mégapole, la mégalopole? Nous nous ingénions dans
les sémantiques de la ville. Nous parlons avec excès, avec mythomanie parfois,
de processus de modernisation et de métropolisation, mais nous omettons les
actes les plus élémentaires de la gestion d'une ville, comme la capture des
chiens errants, qui se baladent en meutes dans nos cités».
C'est un extrait
de l'avant-propos du wali d'Oran, à l'ouverture du briefing, tenu avant-hier à
l'hémicycle, et qui avait pour ordre du jour: la préparation d'une grande
opération d'abattage de chiens errants. «Avant de m'installer à Oran, je
pensais que cette grande wilaya disposait logiquement de mécanismes développés
de lutte contre les animaux sauvages, tels que sangliers et chiens, en partant
du fait que des collectivités beaucoup moins importantes n'étaient pas mal
outillées et organisées en la matière. La situation est ce qu'elle est, nous
n'allons tout de même pas rester les bras croisés alors que le problème de
chiens errants se pose avec acuité dans notre territoire. C'est un sujet aussi
important que l'habitat ou l'emploi, et qui de surcroît touche à la santé
publique et à la sécurité des citoyens?», fera remarquer, en tapant du poing
sur la tribune, le dépositaire de l'autorité de l'Etat. Faute, donc, de
dispositifs ordinaires - et de volonté avant tout - au niveau des communes, en
matière de capture d'animaux dangereux et de prévention contre le risque
zoonotique - de manière générale - censés être en action à longueur d'année, il
n'y avait pas d'autre alternative pour les pouvoirs publics locaux que de
recourir à de telles opérations d'abattage massif de chiens errants, pour
réduire la population canine en milieu urbain à défaut de pouvoir l'éradiquer.
Ainsi, il a été programmé une campagne d'abattage s'étalant sur cinq jours, à
partir de mercredi, à l'échelle des 26 communes. La «chasse» aux chiens
divaguant se fera uniquement de nuit, à partir de 22h, pour minimiser les
désagréments et les risques d'accident sur les habitants. Après l'évocation du
volet «support juridique», question rondement réglée au moyen d'un arrêté du
wali qui devait être signé au plus tard hier mardi, l'organisation de l'opération
a été longuement discutée sur le plan technique. Toutes les difficultés et les
contraintes ont été mises à plat lors d'un débat «terre-à-terre» entre les
différents intervenants: la Conservation forestière, la Gendarmerie, la Police,
la Fédération des chasseurs, les chefs de daïras et les maires. C'est le
conservateur des forêts qui a été chargé par le wali coordinateur, y compris
dans la distribution des munitions et leur décompte en fin d'opération, entre
les différents maillons de la chaîne. Le wali a, par ailleurs, insisté sur la
sensibilisation et la communication des citoyens avant et en cours d'opération.
Lors d'une précédente réunion du même genre, tenue il y a presque une année, le
DSP de la wilaya avait dévoilé une moyenne annuelle de 3.000 morsures par
différentes espèces d'animaux sauvages, enregistrée à Oran. Selon le même bilan
des services sanitaires, les enfants sont les plus exposés à ces morsures,
surtout ceux résidant dans des zones éloignées des chefs-lieux, où l'on relève
une prolifération d'animaux errants. Outre l'insalubrité dans les cités, les
gardiens de parkings et autres chantiers sont désignés comme les sources
principales de la prolifération des chiens errants en ville.